« La façon dont on va concevoir le cadre de vie va impacter la santé » (Bouygues Construction)
Ce jeudi 19 novembre, la Direction prospective et le directeur du pôle Santé de Bouygues Construction organisaient leur premier UrbanLab, consacré au lien entre urbanisme et santé. La question centrale étant : « Comment concevoir des cadres de vie bons pour la santé ? »
Partant du postulat que la santé dépend beaucoup de l'environnement (nature, bruits, qualité de l'air, pollution...), la Direction prospective de Bouygues Construction a dans un premier temps reconnu que le groupe, et plus largement tous les constructeurs et aménageurs, avaient une « responsabilité dans l'intégration de ces enjeux de santé, et dans les dynamiques urbaines et territoriales ».
Une démarche nécessairement collaborative
Favorable à une démarche collaborative, le groupe a d'ailleurs mené un projet sur plusieurs mois, incluant urbanistes, architectes, paysagistes, sociologues et professionnels de santé, pour repenser la façon d'aménager en décloisonnant les expertises, avec l'objectif de concevoir des villes et des bâtiments plus respectueux de l'humain et de sa santé.
Elsa Favreau, cheffe de projet au sein de la Direction prospective, rappelle tout d'abord que de nombreuses villes ont été construites ou reconstruites pour éviter la propagation des maladies. C'est notamment le cas du Paris haussmannien du XIXème siècle, qui répond aux demandes des hygiénistes, avec de grandes avenues aérées et des réseaux d'eau et d'égouts plus modernes pour éviter les épidémies de choléra.
L'intervenante, reprenant la définition de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), souligne que la santé ne se limite toutefois pas à l'absence de maladie, mais consiste aussi et surtout en un « état de complet bien-être », à la fois physique, mental et social.
Or, dans le contexte anxiogène de crise sanitaire on observe une prise de conscience de l'importance de l'environnement et du cadre de vie dans ce bien-être.
Des cadres de vie respectueux de l'humain passent notamment par la prise en compte des 5 sens dans la conception des bâtiments et le vécu quotidien. On peut notamment penser à la vue et l'esthétique, aux bruits perçus par l'ouïe, à l'odorat qui ressent la pollution et les odeurs émanant de l'environnement, et aux sensations (chaud, froid, humidité... ou au contraire confort thermique).
« La façon dont on va concevoir le cadre de vie va impacter la santé », résume Elsa Favreau.
Mettre la santé au cœur des projets
Parallèlement, l'offre de santé impacte aussi la qualité de vie, comme l'ont expliqué Claude Rolland, directeur du pôle Santé de Bouygues Construction, et Séverine de Joannes-Garaud, directrice régionale du développement de LinkCity. Ils rappellent notamment l'importance de mettre la santé au cœur des projets, et de développer des maisons de santé qui regroupent les différents corps médicaux (médecins généralistes, oncologues, kinésithérapeutes, dentistes...)
Alors que la population vieillit, que les maladies chroniques augmentent, que l'hôpital public est en crise, et que l'on recense de nombreux déserts médicaux (5,7 millions de Français vivraient dans une sous-dense en médecins généralistes), une réorganisation territoriale de l'offre de santé, et le développement de la télémédecine et autres outils numériques de santé deviennent en effet indispensables.
En France, 14 % des utilisateurs digitaux ont d'ailleurs déjà expérimenté la téléconsultation médicale, soit 8 points supplémentaires par rapport à 2018. Un pourcentage qui ne pas encore en compte l'impact de la crise du Covid-19, qui a dû faire augmenter les statistiques en 2020, avec des personnes souvent inquiètes à l'idée de se déplacer en cabinet médical, parfois perçu comme un lieu à risques de contamination.
Séverine de Joannes-Garaud, directrice régionale du développement de LinkCity, souligne l'importance du déploiement d'« hôtels hospitaliers », permettant aux familles de malades de longue durée de pouvoir se loger à proximité des hôpitaux, mais aussi aux patients en ambulatoire de se reposer hors de l'hôpital après une intervention, notamment lorsqu'ils n'ont personne pour les aider lors du retour à domicile.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock