Risques de chutes : le logement intelligent au secours des séniors
Alors qu’un tiers des Français aura plus de 60 ans en 2035, la question de l’adaptation des logements se pose aujourd’hui de manière accrue. 85 % des Français souhaitent pouvoir vieillir chez eux, mais à ce jour, seuls 6 % des logements seraient adaptés.
Si le lancement de MaPrimeAdapt’ début 2024 devrait permettre d’accélérer l’adaptation des logements, certains bailleurs sociaux comme Plurial Novilia (groupe Action Logement) ont déjà pris la problématique à bras le corps depuis plusieurs années.
Dès 2019, le bailleur social lançait sa gamme « Sénior+ », regroupant des produits et services à destination des séniors et personnes en situation de handicap.
Sabrina Abbadati, responsable « séniors et habitat spécifique » chez Plurial Novilia, constate une forte hausse des demandes d’adaptation depuis 2020, avec environ 500 demandes par an, notamment pour l’installation de WC surélevés, de barres d’accès, et la motorisation des volets roulants.
« Pour les personnes de plus de 70 ans, on accepte automatiquement la demande, sous couvert bien sûr de la faisabilité technique. La totalité des travaux est prise en charge par Plurial Novilia. Cela représente 4 millions d’euros de travaux pour l’année 2023 », précise la responsable « séniors et habitat spécifique ».
Chutes de personnes âgées : 130 000 hospitalisations et 10 000 décès par an
Sabrina Abbadati souligne que chez Plurial Novilia, 65 % des locataires de plus de 75 ans vivent seuls. Or, c’est en moyenne à cet âge qu’apparaissent les premiers problèmes de mobilité et d’autonomie, entraînant un risque de chutes.
Ces chutes ne sont pas anodines, puisqu’elles entraînent chaque année en moyenne 130 000 hospitalisations et 10 000 décès parmi les séniors en France.
C’est dans ce contexte que Mme Abbadati rappelle l’importance de la prévention, avec le passage d’ergothérapeutes qui peuvent sensibiliser aux risques existants, notamment lors de la présence de tapis, mais aussi conseiller sur la disposition des meubles pour éviter les obstacles, et parvenir à un meilleur éclairage.
Interrogée sur le lancement de MaPrimeAdapt’ début 2024, la responsable « séniors et habitat spécifique » salue cette initiative : « MaPrimeAdapt’ atteste d'une vraie volonté du gouvernement de mieux prendre en compte le vieillissement dans notre société, et de répondre aux besoins de la perte de mobilité. Le gouvernement annonce quand même un fonds d'aide de 250 millions d’euros pour 2024, avec une ambition affichée de 700 000 logements adaptés dans les 10 prochaines années ».
À son échelle, Plurial Novilia vise depuis cette année l’adaptation de 30 % de ses logements (contre 15 % auparavant). Côté construction, le bailleur social est aujourd’hui à 40 % de logements adaptés.
« On est à 40 %, mais comme nous dessinons nos logements 3 ans avant la sortie de terre, il va y en avoir de plus en plus, puisque quand on valide les plans aujourd’hui, on essaie d’en mettre un maximum », précise Sabrina Abbadati.
L’apport des nouvelles technologies pour prévenir les chutes
Depuis 2019, le bailleur social mise également sur l’apport des nouvelles technologies pour permettre le maintien à domicile de ses locataires, à travers un partenariat avec Solinnov (groupe Urmet). L’objectif : équiper les logements de détecteurs de présence et de chutes, ou encore installer un éclairage spécifique avec des chemins lumineux pour éviter que la personne âgée ne tombe lorsqu’elle se lève la nuit.
« Le logement intelligent permet de prévenir les chutes, mais aussi de prévenir les secours ou la famille en cas de chute. On sait que l’apport des nouvelles technologies est considérable. C’est cette rapidité à pouvoir détecter une personne au sol qui est importante, puisque l’on sait que la réduction du délai d’intervention des secours sauve des vies», souligne Sabrina Abbadati.
Mais cette dernière précise que la mise en place de ce type d’équipements peut parfois être difficile, en cas de réticence de l’occupant ou de sa famille. Il convient alors de rappeler qu’il s’agit d’une surveillance bienveillante et non pas intrusive.
Outre ces installations domotiques, Sabrina Abbadati rappelle également l’intérêt de la téléassistance, avec un bracelet ou un collier permettant au sénior de signaler lorsqu’il est en danger. Le bailleur social a d’ailleurs développé un partenariat avec « Présence verte » pour ses locataires âgés.
« En ce moment, nous poussons l’expérience un peu plus loin parce que, parfois, la chute a lieu sans que le sénior n’ait le badge sur lui. Si la personne est au sol et si elle toujours consciente, elle ne peut pas accéder à son bracelet ou à son collier. Donc l’idée c’est de venir ajouter des détecteurs de présence dans le logement, pour qu’ils puissent détecter si la personne est au sol », explique la responsable « séniors et habitat spécifique ».
Habitat intergénérationnel, habitat partagé, habitat inclusif… de nouvelles façons d’habiter
Enfin, pour rompre l’isolement des personnes âgées, le bailleur social développe également de nouveaux types d’habitats tels que l’habitat intergénérationnel, l’habitat partagé, et l’habitat inclusif.
L’habitat intergénérationnel consiste à favoriser la mixité des publics et l’entraide entre séniors, étudiants, jeunes actifs, et familles. Plurial Novilia compte à ce jour 9 résidences intergénérationnelles, dont une récemment livrée à Mourmelon-le-Grand (51).
L’habitat partagé consiste quant à lui à offrir des espaces de vie communs et partagés (salon, cuisine, buanderie, extérieur…), en plus d’une partie privée avec chambre, salle de bains, salon et cuisine. Le bailleur social dispose aujourd’hui de six habitats partagés composés chacun de trois logements.
Enfin, l’habitat inclusif s’adresse plus spécifiquement aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap, avec le passage d’animateurs proposant des activités pour maintenir le lien social et lutter contre l’isolement. Trois résidences de ce type ont été mises en place par Plurial Novilia en 2023.
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Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock