Les entreprises du BTP doivent veiller à ne pas négliger la culture sécurité
Travailler dans le secteur du BTP n’est pas sans risque. Chaque collaborateur est exposé à divers dangers, qui diffèrent en fonction de la nature du métier. Certaines professions sont particulièrement dangereuses, notamment celles où on est amené à travailler en hauteur. On parle ici des cordistes, des couvreurs ou encore des peintres.
Les risques de chutes de hauteur, principale cause de mortalité dans le secteur du BTP, planent davantage sur ces corps de métiers que sur d’autres. C’est pourquoi, pour s’assurer que les bons gestes et les bons réflexes soient assimilés, des formations sont proposées et assurées par l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP), pour toutes les entreprises qui en feront la demande.
Développer la culture sécurité au sein des entreprises
« La formation est un sujet important pour faire progresser la prévention au sein des entreprises, les faire monter en compétences et développer la culture sécurité. Voilà pourquoi la formation est l’une des offres importantes que l’on met en avant », explique Gwenaëlle Keraval, chargée du développement Formation Professionnelle Continue au sein de l’OPPBTP.
Si auparavant les entreprises envoyaient des demandes de formation à l’organisme de prévention, celui-ci adopte depuis peu un comportement légèrement plus proactif. Aujourd’hui, l’OPPBTP promeut davantage les actions de formation. L’objectif étant de sensibiliser un maximum d’entreprises, notamment celles qui sont le plus exposées à des risques. Étrangement, « les entreprises qui font appel à nous ne sont pas forcément les plus mal loties en matière de compétences », souligne Mme Keraval.
Pour inciter les sociétés à formuler une demande de formation, l’OPPBTP a dorénavant recours aux campagnes de communication. L’objectif est d’aller toucher les entreprises qui ne sont pas forcément conscientes que leur niveau de compétences n’est peut-être pas à la hauteur. Il est ensuite question de leur présenter et de développer une offre de formation spécifique.
Axer les formations sur la notion de perception du risque
« Aujourd’hui, dans nos formations, il y a un gros travail sur la notion de perception du risque. La première remarque d’un couvreur sera de dire “ça fait partie de mon métier, le risque fait partie de mon activité” », note Gwenaëlle Keraval. Autrement dit, de mauvaises habitudes sont prises par les collaborateurs, qui relâchent peu à peu leur vigilance. « Les couvreurs trouvent des parades pour ne pas tomber, sauf qu’à un moment, celles-ci ne fonctionnent plus et ils finissent par chuter », regrette la chargée du développement Formation Professionnelle Continue.
C’est pour faire face à ces manquements que l’OPPBTP a conçu une nouvelle offre de formation, pour sensibiliser les entreprises non pas sur leur façon de travailler, mais plutôt sur le fait de savoir si oui ou non elles prennent suffisamment en compte cette notion de risque.
L’objectif de l’organisme est de faire en sorte que les entreprises se posent de nouveau des questions sur leurs pratiques. Certaines d’entre elles ont recours à des méthodes de sécurité approximatives, mais étant donné qu’elles n’ont pas fait face à de graves accidents, elles les conservent. S’ensuit alors logiquement une déliquescence de la notion de perception du risque. Voilà pourquoi, selon l’OPPBTP, il est primordial de remettre en question les pratiques.
En plus des formations ancrées sur la notion de perception du risque, il en existe certaines qui sont davantage axées sur la méthode, les outils, la pratique. Selon l’activité pratiquée, la question est de savoir pour quel mode opératoire opter, ou encore, quelles sont les protections collectives ou individuelles les plus pertinentes ? Ces formations sont très ciblées sur le métier, « c’est pourquoi il est plus intéressant de les organiser en intra, de façon à pouvoir nous adapter aux situations de travail de l’entreprise », explique Gwenaëlle Keraval.
Par ailleurs, ces formations sont souvent organisées par des conseillers très au fait des nouveautés, des nouveaux fonctionnements ou encore des nouveaux modes opératoires. Au-delà de la nécessaire prise de recul, ils peuvent apporter des billes très concrètes quant à la meilleure façon de procéder pour assurer la sécurité sur un chantier, ou encore sur le type de matériel à privilégier.
Le terrain comme principal laboratoire
Au fil des années, la notion de sécurité sur les chantiers est de plus en plus prise au sérieux. Les collaborateurs sont de mieux en mieux accompagnés, que ce soit avec de nouvelles technologies ou avec l'émergence de nouvelles méthodes de travail. Ces changements conduisent à la nécessité de mettre à jour les différentes formations.
Celles-ci font l’objet d’une mise à jour au moins une fois par an. Elles sont alimentées d’une part par la direction technique de l’OPPBTP, mais également par les remontées du terrain. Sur un chantier, des conseillers peuvent être témoins d’une bonne pratique pour ensuite la faire remonter.
« À l’OPPBTP, il y a un regard au niveau de la direction technique après une remontée du terrain, afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de conséquences négatives. Souvent, sur des actions ou des outils de prévention, ceux-ci peuvent s’avérer positifs pour un sujet, tout en en pénalisant un autre », explique Mme Keraval. Elle prend pour cela l’exemple de l’exosquelette, qui peut se révéler très utile lors de l’utilisation d’un marteau-piqueur, mais qui peut aussi devenir encombrant lorsque l’on effectue une autre tâche.
Des certifications pour les travailleurs sur cordes
Outre les formations, il existe aussi des certifications, comme celles proposées par France Travaux sur Cordes, le syndicat professionnel et patronal des travailleurs sur cordes. « L’idée est de regrouper le plus d’acteurs possibles des travaux sur cordes, à savoir les entreprises et les centres de formation, au sein de ce syndicat, pour assurer la promotion, le développement, le lobbying et les formations qui gravitent autour des accès sur cordes », explique Luc Boisnard, vice-président de France Travaux sur Cordes.
Ces certifications, qui sont au nombre de 4, s’obtiennent en suivant un cursus spécifique. La première certification est destinée aux débutants, et s’appelle le CQP « Travailler sur cordes niveau initial ». Après avoir passé plus de 1 000 heures sur le chantier, le détenteur de cette certification pourra prétendre à passer son CQP « Travailler sur corde niveau confirmé ».
Le CQP « Superviser les travaux sur cordes » a récemment été créé, et précède l’OTC (« Organiser des travaux sur cordes »), la dernière certification proposée par France Travaux sur Cordes. « Celle-ci est détenue par un expert que chaque établissement se doit d’avoir chez lui », précise M. Boisnard. L’OTC va balayer l’environnement de chantier au sens large, que ce soit au niveau des risques extérieurs, des risques périphériques, importés ou exportés.
« Avec la direction générale du travail, nous sommes en train de travailler sur une certification d’entreprise dont l’objectif est de durcir les conditions d’accès à ce métier, parce qu’il y a beaucoup trop d’entreprises qui le pratiquent par-dessus la jambe. Cela crée un risque pour la profession, pour les vrais professionnels », explique Luc Boisnard.
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Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock