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Le numérique pour plus de « proximité, de mixité et de durabilité »

Publié le 29 octobre 2020

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Lors d’un échange organisé par l’association Équilibre des Énergies, Emmanuel François, Président de la Smart Buildings Alliance, a partagé sa vision de la ville de demain. Il a appelé à repenser les bâtiments, les quartiers et la ville en s’appuyant sur les nouvelles technologies et notamment sur le numérique qui doit être au cœur de toutes les transitions.
Le numérique pour plus de « proximité, de mixité et de durabilité » - Batiweb

Le 20 octobre dernier, lors d’une matinée d’échanges organisée par l’association Équilibre des énergies, c’est avec passion qu’Emmanuel François a parlé Smart Building et Smart City. 

Évoquant tout d’abord les objectifs de rénovation thermique du bâtiment, il a indiqué préférer parler « de transition numérique et de transition énergétique du bâtiment et de la ville, l’objectif étant d’apporter dans le bâtiment, dans la ville, les infrastructures nécessaires aux transitions, en s’appuyant sur des solutions de pilotage énergétique, en mutualisant cette infrastructure à la fois à des fins d’efficacité énergétique » mais aussi en faveur « de la santé, de l’assistance aux personnes, de la mobilité, de l’enseignement, de la culture, etc. », a-t-il déclaré en guise d’introduction. 

Cette approche transversale est encore trop peu observée sur le terrain, et pourtant, elle aiderait à relever les défis en cours, au nombre de six, selon le président de la SBA : démographique, économique, générationnelle, sanitaire, identitaire et éthique. 

« Le monde est en pleine mutation ». Une mutation qui s’est amorcée avec l’arrivée d’internet en 1994. « Ce qui était fait localement, peut-être fait à distance. Il faut comprendre que les activités ont changé. Et forcément, ça impacte le bâtiment, la ville ». 

Il a également souligné le fait que les villes représentent près de 70% des émissions de gaz à effet de serre. « Ce n’est pas durable. C’est le résultat d’une révolution urbaine qui est issue de la révolution industrielle ». Le modèle avant, c’était New-York, mais aujourd’hui « ce n’est pas enviable. Pourtant, on continue à vouloir faire des villes comme New-York. Certains diront qu’en 2050, 80% des populations seront dans les grandes villes. Et bien moi, je dis non, je m’oppose, car l’Homme n’est pas fait pour vivre dans des métropoles, il est fait pour vivre en tribu, en société à taille humaine. Il est fait pour se retrouver. Aujourd’hui, on vit en mode virtuel, il faut recréer des conditions de vie en mode social, physique, et ça veut dire plus de proximité, plus de mixité et plus de durabilité ». 

 

Repenser les bâtiments

 

Emmanuel François estime qu’il faut agir au plus vite pour relever chacun des défis. Et pour ce faire, il est indispensable de repenser la vie en société, « peut-être à partir d’une feuille blanche qu’on essaye d’adapter à l’existant ». Comment fait-on ? Il faut « s’appuyer sur les outils actuels et notamment les nouvelles technologies et le numérique. Je dirais même que le numérique est une opportunité, un cadeau pour l’humanité pour autant qu’on sache bien l’utiliser. Il doit être au cœur de TOUTES les transitions », insiste-t-il, regrettant ne pas l’entendre « systématiquement dans la bouche de nos politiques ». 

Un numérique « durable et responsable » est bien sûr nécessaire. « On voit que du côté de la Chine, du côté des GAFA, on est sur une gouvernance jacobine de la donnée, c’est-à-dire qui vient du haut, qui est là pour superviser les Hommes, pour s’approprier les données, les contrôler ». Une vision à laquelle s’oppose Emmanuel François qui rappelle que la SBA a été créée pour fédérer les acteurs et les encourager à aller « vers une gouvernance girondine de la donnée. Une donnée disponible, locale, qui ne va pas dans le cloud d’un acteur pour ensuite nous dicter sa voie ». Mais une donnée « au service de l’humain » et que « chacun contrôle ». « La donnée est un enjeu à notre échelle en tant que citoyen, mais aussi à l’échelle des communes, des collectivités, de l’État, de l’Europe ».  Il est nécessaire de mettre « la bonne technologie, les bons remparts. C’est une question de gouvernance de la donnée ». 

 

Associer numérique et énergie

 

La SBA est là pour accompagner la transition numérique combinée à la transition énergétique, dit-il. « Un défi environnemental, ça passe par l’énergie, et le numérique est le principal outil pour une gestion maitrisée de l’énergie. Combiner ces deux transitions a du sens ». 

Du côté de l’énergie, il prône aussi un changement. Si l’idée est utopique pour certains, il est pour l’introduction du « courant continu ». « C’est pour moi la 3e révolution urbaine. Ça va tirer les énergies renouvelables, la production et le stockage d’énergie sur des bâtiments, sur des quartiers, et ça va permettre d’avoir des équipements plus durables », en évitant « la conversion ou la double conversion d’énergie qui est consommatrice d’énergie ».  

 

Créer de la confiance

 

Pour que le numérique gagne du terrain, il faut faire du bâtiment, une plateforme de services. C’est tout l’intérêt du référentiel Ready2Services. L’action ne serait pas coûteuse, entre 100 et 500 € par logement, selon Emmanuel François. « Il est semblable que ça puisse être 100 € dans un certain nombre de cas, et combiné avec des solutions d’efficacité énergétique, on a tout de suite un ROI. C’est facile à installer, car si je parle des logements, c’est utiliser le réseau coaxial qui existe déjà, c’est mettre des passerelles qui permettent de récupérer les données et d’instrumentaliser le bâtiment ». Il défend aussi l’idée d’API « ouvertes, accessibles » qui permettent « à une multitude d’acteurs de se connecter, et de se raccorder. C’est ça aussi la vision girondine de la donnée ». 

Le déploiement du numérique dépend aussi de la confiance des utilisateurs en ces technologies. Au niveau de la gestion de la donnée, Emmanuel François se réfère à la création de nouveaux métiers. Le tiers de confiance tout d’abord qui va gérer à l’échelle du bâtiment ou du quartier, les données. C’est lui qui va « contractualiser avec un ou des opérateurs de services pour qu’ils opèrent des services autour de l’énergie, de l’eau, de la mobilité, de la santé, du partage d’espace… ». Ces deux métiers sont « fondamentaux » pour un management responsable de la donnée qui reste au niveau local. 

Le président de la SBA appelle bien sûr les politiques à soutenir la dynamique, et les promoteurs immobiliers, les bailleurs, les foncières et le monde de la banque, de la finance, les assureurs, à s’impliquer dans cette transition. « S’ils n’accompagnent pas le changement de l’immobilier, quelque part les bâtiments sur lesquels ils sont assis n’auront plus la même valeur qu’hier. Cette dépréciation leur sera fatale ». 

 

Un accès au numérique pour tous

 

Emmanuel François évoque enfin la crise sanitaire et un possible reconfinement. Si la France tarde à amener cette infrastructure numérique dans le bâtiment, « on va encore condamner des enfants à ne pas avoir de cours, ou des personnes à ne pas travailler. A l’heure du numérique, du 21e siècle, c’est inacceptable ».  

Un bâtiment connecté et communiquant, c’est aussi permettre aux usagers de suivre leurs consommations en temps réel, ce qui va les pousser à économiser. C’est donc « incitatif ». « Ce que je souhaite c’est d’aller vers cet humain augmenté dans un bâtiment augmenté ». 

En outre, le numérique va permettre de revitaliser des centres-villes, de redensifier des territoires, en amenant des services. 

 

Rose Colombel
Photo de une : ©Adobe Stock

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