Le PDG de Jarnias devient vice-président de France Travaux sur Cordes
S’il y a un visage qui nous vient à l’esprit quand on pense au métier de cordiste, c’est bien Xavier Rodriguez.
Ce diplômé en affaires et relations internationales entre en 2008 chez Jarnias, en tant que technicien-cordiste et chef d’équipe. Il grimpe peu à peu les échelons au sein de l'entreprise spécialisée dans les travaux d’accès difficile et en hauteur, connue pour ses interventions sur des monuments historiques et des sites industriels, en passant par les montagnes.
Sur les dix années suivantes, il occupe tour à tour les postes de chargé d’affaires, directeur d’exploitation, de directeur associé pour la partie sud de l’activité, directeur commercial et technique du groupe, de directeur général, avant d’atteindre la fonction de président directeur général en 2020.
C’est donc une évidence pour France Travaux sur Cordes, syndicat français des professionnels des travaux sur cordes, de le désigner comme son nouveau vice-président.
Promouvoir les travaux de cordes et renforcer la sécurité des professionnels
Si le métier de cordiste se fait connaître grâce à des chantiers emblématiques tels que la reconstruction de Notre-Dame de Paris, il mérite encore de se structurer.
« C’est justement parce que l’on fait du hors normes qu’il faut des normes. Des standards et des réglementations pensées pour ces métiers. Pour les sécuriser, les monitorer et les accompagner dans leur développement. À nous de tracer le chemin : c’est ce que nous voulons faire pour ce métier et cette filière », défend notamment Xavier Rodriguez.
Une de ses principales missions du nouveau vice-président de France Travaux sur Cordes sera de promouvoir et représenter la profession auprès des pouvoirs publics, organismes de prévention, ainsi que des maîtres d'ouvrage. Autre rôle : l’amélioration des conditions de travail et de la sécurité sur de tels chantiers, à travers notamment l’élaboration des documents techniques et réglementaires de référence, mais aussi la communication et la collaboration avec les acteurs concernés (centres de formation, syndicats, entreprises, salariés...).
« La chance m’est donnée de contribuer à faire avancer la filière des cordistes qui a encore besoin de reconnaissance et de défendre sa singularité. Je ne prends aucun mandat à la légère et m’engage pleinement dans chacune de mes missions et fonctions, comme PDG ou élu syndical », se réjouit Xavier Rodriguez.
Le métier de cordiste, un métier aux conditions de travail et de sécurité instables ?
C’est ce que semble indiquer une enquête de Mediapart, publiée le 8 juillet dernier (article payant). Le journal indépendant y raconte notamment le licenciement d’un cordiste breton employé chez Jarnias, suite à un accident alors qu’il intervenait sur le toit d’une entreprise à Concarneau. Le professionnel s’était aventuré sur une partie du toit cachant de la tôle, bien plus plus fragile, et passe à travers, lui provoquant une fracture du bassin.
Or, selon Jarnias, ce dernier n'aurait pas respecté les règles de sécurité. « Nous ne transigeons jamais sur les questions liées à la sécurité sur les chantiers. Sommes-nous capables de dire au revoir à un collègue parce qu’il n’aurait pas respecté en toute conscience des règles de sécurité ? Oui. Parce que ce sujet est bien trop important pour souffrir la moindre légèreté », s’est défendu l’entreprise Jarnias auprès de Mediapart.
Sauf que des témoignages pointent du doigt de faibles mesures de sécurité lors des travaux en hauteur. Par exemple, le cordiste et son binôme intervenus à Concarneau sont détenteurs d’un certificat de qualification professionnelle de niveau (CQP1), qualification minimale dans le métier et donnée suite à cinq semaines de formation. Or, selon les règles entérinées par le ministère du travail et le syndicat patronal France Travaux sur Cordes, les compétences en la matière sont surtout prouvées par la certification CQP2 ou par la certification d’agent technique cordiste (CATC).
De quoi alarmer la profession, fortement exposée au danger du fait des travaux en hauteur. Le 23 juin dernier, un cordiste de 34 ans est mort d’une chute de falaise en Isère. Il travaillait pour la société Hydrokarst, dirigée par Jacques Bordignon, aussi président de France Travaux sur Cordes. D’autant que le 26 octobre dernier, un employé de l’entreprise est aussi décédé, suite à une opération sur une falaise de Savoie. Au total, l'ensemble des sociétés spécialisées, cinq cordistes sont morts sur les 12 derniers mois.
Sans compter l’exposition à l’amiante ou au plomb, face auxquelles Jarnias est notamment accusée d’avoir des pratiques floues. D'anciens employés reprochent également à l’étoile montante des travaux sur cordes de réprimer les actions syndicales et autre formes de contestation, ciblant tantôt le PDG, tantôt des équipes de direction comme les conducteurs de travaux.
« Il se passe chez Jarnias la même chose que dans les autres grandes boîtes de cordes, comme Ouest Acro, CAN, Hydrokarst… : une croissance financière rapide, dans un métier où les perspectives de développement sont énormes », constate auprès de Mediapart Éric Louis, co-fondateur de l’association Cordistes en colère. « Mais aujourd’hui, une bande de prolos demandent que leurs droits soient respectés, et ces entreprises ont du mal à le comprendre », poursuit-il.
Autant dire que les attentes vis-à-vis de Xavier Rodriguez, tant en qualité de PDG de Jarnias que vice-président du syndicat professionne, sont hautes en matière de conditions et de sécurité au travail des cordistes.
Virginie Kroun
Photo de Une : LinkedIn - Xavier Rodriguez