Sombre avenir pour le diagnostic immobilier
De plus, les prix des diagnostiqueurs immobiliers n’ont cessé de diminuer depuis quelques années. L’offre surabondante, les comparateurs de prix sur internet ou encore l’affichage obligatoire du DPE dans les petites annonces de vente et de location ont exercé une pression à la baisse sur les tarifs. Les diagnostiqueurs peinent à valoriser leur offre, qui s’est banalisée et est peu différenciante.
Autre raison de cette baisse d'activité : l’image et la fiabilité écornées de la profession. Plusieurs médias ont mis en évidence le manque de fiabilité des diagnostics de performance énergétique à l’automne 2012. C’est un coup dur pour l’image des professionnels du diagnostic, alors qu’un nouveau DPE, plus fiable, va entrer en vigueur début janvier 2013. Les pouvoirs publics, confortés dans leur volonté de durcir les conditions d’accès ou de maintien à la profession, imposent une recertification des compétences depuis 2012. Une mesure contre laquelle les opérateurs protestent car elle pénalise l’activité des indépendants, des TPE et des PME.
Un manque de sérieux de certains acteurs
"Ce sont des choses que l'on entendait déjà il y a trois ou quatre ans", nous a confié un diagnostiqueur immobilier à la retraite depuis un an et demi. "La fiabilité du DPE n'a que peu d'importance pour les particuliers. Ce qui les intéresse c'est le prix de celui-ci. On remarque aussi que davantage de pré-requis sont demandés aux nouveaux certifiés: ils doivent avoir fait une formation du BTP. Enfin, le nouveau DPE est un peu plus complexe. C'est l'occasion pour les gens peu sérieux de profiter un peu plus du système. J'en ai vu faire en trois quarts d'heure ce que je faisais en trois heures".
Bien que les freins à l’activité soient nombreux, les diagnostiqueurs immobiliers disposent de relais de croissance. Il s’agit de s’affranchir de leur dépendance au marché immobilier en diversifiant leur activité au-delà du simple diagnostic DPE dans la vente ou la location de logements.
Les opportunités sont nombreuses dans le bâtiment collectif et non résidentiel. En effet, la règlementation oblige par exemple la réalisation d’un DPE dans les centres commerciaux depuis juillet 2012 pour la vente ou la location et les copropriétés de moins de 50 lots doivent effectuer un DPE collectif d’ici 2017. C’est également l’occasion d’élargir leur offre de diagnostics vers le tertiaire pour les opérations avant travaux ou démolition, avec les diagnostics déchets, repérage amiante ou plomb, etc…
Les opérateurs peuvent aussi bénéficier de l’entrée en vigueur de la RT 2012 en se lançant dans l’attestation finale de prise en compte ou dans les tests d’infiltrométrie. Ces derniers peuvent leur ouvrir les portes du marché de la rénovation énergétique, qui ne représente jusque-là que 2% de leur chiffre d’affaires.
Vers une consolidation de la profession ?
Diversifier ses revenus suppose des investissements conséquents de la part des opérateurs, en plus de la connaissance du bâtiment et de l’expérience des relations BtoB. Dans ces conditions, les professionnels les moins expérimentés auront du mal à se maintenir sur le marché. D’autant plus que le processus de recertification est déjà un frein à l’activité de beaucoup de petits diagnostiqueurs. C’est pourquoi bon nombre d’acteurs de petite taille risquent de sortir du marché à court terme, réduisant ainsi l’atomisation du secteur et renforçant de facto la place des leaders du secteur comme Allodiagnostic, Agenda ou Diamgamter, selon Xerfi..
Les diagnostiqueurs immobiliers sont à un tournant de leur histoire. Alors que la performance énergétique est au centre des préoccupations, plusieurs dangers menacent leur activité des diagnostiqueurs : remise en cause de leur légitimité, durcissement des conditions d’exercice… Les perspectives du marché ne sont pas réjouissantes.
Laurent Perrin