RE 2020 : l’inquiétude des professionnels du gaz
La RE 2020 vise principalement à diminuer l’impact carbone du bâtiment et l’énergie consommée, et à offrir un meilleur confort d’été.
Afin de déterminer les critères et seuils principaux de cette nouvelle réglementation, le Gouvernement lance le début des simulations. Elles s’appuieront sur les retours d’expérience de la démarche E+C- et sur les travaux menés en copilotage avec le Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Énergétique (CSCEE), et les ministères de la Transition écologique et du Logement.
Cette première étape sera suivie d’une phase d’étude qui analysera les effets de la RE 2020 sur les matériaux, les modes constructifs et les filières du bâtiment. Parmi les paramètres retenus par le Gouvernement, la baisse du coefficient d’énergie primaire de l’électricité. « Un coefficient de conversion entre énergie primaire et énergie finale de l’électricité de 2,3 sera utilisé » contre 2,58 actuellement, indiquent les ministères.
C’est là l’une des mesures critiquées par les professionnels du gaz. « Les choix qui viennent d’être pris ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux », estime Bernard Aulagne, président de l’association Coénove. Il poursuit : « Les professionnels sont consultés depuis des mois – les bureaux d’études notamment – démontrent par a + b que l’on ne peut tordre la réalité physique, sauf à prendre des artifices pour arriver in fine au résultat escompté. En voilà encore un exemple flagrant ».
Pour Coénove, la décision du Gouvernement ne fait que favoriser l’électricité « et sous-tend au final un faible développement dans les années à venir des énergies renouvelables dont le PEF est de 1 ».
L’association Energies et Avenir n’en pense pas moins. Dans un communiqué, elle déclare : « Une telle diminution est artificielle et constitue sans le dire un blanc-seing pour le chauffage direct à effet un joule », un système peu performant.
La mesure aurait des conséquences sur la construction neuve et l’existant. Concernant les bâtiments neufs, l’association cite l’exemple suivant : « En cas de révision du coefficient d’énergie primaire, (un bâtiment neuf) consommera 50/2,3 = 21,7 kWhEF/m2.an alors qu’avant la révision, il n’en aurait consommé que 50/2,58 = 19,4 kWhEF.m2.an ». Les bâtiments neufs chauffés à l’électricité pourraient ainsi consommer davantage d’énergie (+ 12%) et faire augmenter les factures.
Dans l’existant, les bâtiments se verraient attribuer une meilleure étiquette d’énergie « sans pour autant avoir fait le moindre effort, ni sur les performances de leurs systèmes de chauffage, ni sur la qualité de leurs bâtis ».
L’électricité favorisée ?
Autre élément d’inquiétude, le facteur d’émission de carbone de l’électricité utilisée pour le chauffage dont la valeur est actualisée à 79 g/kWh, « afin d’être plus conforme à la réalité constatée ». Pour Coénove, la méthode « conduit à minimiser le contenu carbone de l’électricité » et à ignorer « les efforts engagés par la filière pour décarboner le gaz ».
De son côté, Energies et Avenir s’interroge : « Comment expliquer une telle diminution alors que rien sur le fond n’a été modifié concernant la production d’électricité ? ».
Pour l’Association Française pour les Pompes à Chaleur (AFPAC), les annonces sont plutôt positives. Néanmoins, elle demande « que l’amélioration de la performance énergétique, la baisse des consommations et l’encouragement à la consommation d’énergie décarbonée dans les bâtiments neufs, soient accompagnés d’une obligation de consommer de la chaleur renouvelable. En particulier, les nouvelles exigences devront permettre le développement des solutions thermodynamiques dans le logement collectif neuf ».
R.C
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