Pompe à Chaleur : comment installer durablement la filière dans le paysage énergétique ?
Au carrefour des économies d’énergie et des énergies renouvelables, la Pompe à Chaleur a tout pour s’affirmer sur le marché énergétique. Pour faire un état des lieux de la filière avant d’envisager son avenir, les acteurs majeurs de la Pompe à Chaleur se sont réunis pour faire un point d’étape face à la perspective des objectifs du Grenelle pour 2020. L’un des consensus qui a émergé de ces premières rencontres est que l’avenir de la filière passe par la qualité des matériels et de leur mise en œuvre. « Il me parait indispensable de s’orienter sur le terrain difficile mais nécessaire de la garantie de l’efficacité », a souligné Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Grenelle.
Pas de perspective d’avenir sans qualité
Depuis 2007, la filière s’est engagée dans une démarche Qualité qui concerne aussi bien les machines [marque NF PAC (63 marques, 1.611 modèles), Eurovent (55 marques)] que les installateurs (Appellation QualiPAC). Pour rassurer le marché, valoriser le travail des industriels, convaincre les pouvoirs publics de la pertinence des aides publiques, faire face à la concurrence européenne et venir à bout des « éco délinquants », elle va devoir aller plus loin dans la certification de ses installateurs, de ses performances thermiques et acoustiques (dont les nouveaux seuils entreront en vigueur au 1er janvier 2012). Pour la filière, le souhait des pouvoirs publics d’étudier progressivement une conditionnalité des aides liée au respect de critères de qualité est donc accueilli comme une bonne nouvelle. La valorisation de la filière passera aussi par une meilleure instrumentation des performances. Dans ce sens, l’ADEME prévoit de diffuser ses résultats sur une dizaine de sites équipés de PAC à très haute température double service et en cours d’instrumentation d’ici la fin 2012.
En matière de formation, la filière se structure et les demandes de certification des centres de formation augmentent aussi. 25 centres devraient être agréés d’ici à la fin de l’année, rejoints sous peu par les Centres de formation de 5 ou 6 industriels engagés dans la démarche EfiquaPAC. Parce que la filière estime être sur la bonne voie et qu’elle souhaite être jugée par une tierce partie, l’AFPAC a sollicité les pouvoirs publics pour mettre en place une vaste campagne d’instrumentation de PAC sur site. Dans cette optique, la pré-instrumentation des machines fait partie des perspectives de développement des produits.
Les clés du développement de la PAC
Au-delà de l’amélioration des performances tant thermiques qu’acoustiques, la R&D s’oriente sur plusieurs pistes comme l’élargissement des domaines d’application, le couplage avec d’autres énergies et l’adaptation aux réseaux électriques intelligents. En termes d’application, les solutions du futur viseront à couvrir les besoins de chauffage, d’ECS, de rafraîchissement et de ventilation de manière couplée. Elles seront différenciées selon le type de bâtiments (individuels ou collectifs, résidentiels ou tertiaires, neuf ou existants), afin de répondre à l’ensemble des besoins en énergie. L’avenir de la PAC passera également par le couplage avec d’autres énergies, fossiles mais aussi EnR, comme le solaire thermique ou le photovoltaïque avec les systèmes triénergie. Enfin, les PAC offriront la possibilité d’optimiser la consommation d’électricité avec leur couplage à des compteurs intelligents.
« Développer les solutions du futur de façon individuelle ne sera pas simple. Il faut se coordonner, mettre en commun notre savoir-faire au service de la filière, car c’est à cette condition que nous pourrons faire face à la concurrence européenne et donner une impulsion forte au développement de ce marché », déclare Frédéric Bruyère, Président du CETIAT. C’est de cette volonté qu’est né l’INPAC (Institut National de la PAC). Il associe les industriels à travers le CETIAT, le CEA, le CSTB, le COSTIC, EDF, GDF Suez et Mines ParisTech dans le 1er réseau de recherche français dédié à la PAC. Une conviction partagée par le Président du Plan Bâtiment Grenelle, pour qui « le moment est venu de chercher à construire un protocole d’accord de développement entre l’État et votre filière. Une collégialité qui s’inscrirait autour de la contractualisation des efforts en termes de formation, autour de la R&D et de la certification conditionnera le développement du secteur ».
Simplifier la réglementation
Pierre-Louis François, Président d’UNICLIMA, a lancé un appel aux représentants des pouvoirs publics présents. « Bien sûr, le PTZ et les crédits d'impôt ont des défauts, mais n'y touchez plus. L'industrie ne peut pas travailler si son cadre évolue en permanence à court terme », a-t-il déclaré. Alors que la baisse du marché est plus forte en France que chez ses voisins européens, malgré un prix de l’électricité moins cher, les industriels invoquent l’instabilité des réglementations et des aides publiques comme facteur aggravant de la crise économique. Ils estiment que la suppression du crédit d’impôt sur la PAC air/air en 2009 a semé le doute sur la technologie globale auprès du consommateur. Les industriels comptent sur la stabilité et la clarté des réglementations pour soutenir le marché.
Un appel entendu par Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Grenelle, tout en rappelant son rôle de trait d’union entre l’appareil d’État et les acteurs de la filière. « J’ai bien compris que la filière avait besoin d’un environnement apaisé pour aller de l’avant, et en particulier de permanence des règles. Ce besoin sera relayé dans la discussion que nous avons avec la DHUP et la DGEC concernant le maintien du couple éco prêt à taux et crédit d’impôt dans la loi de finances 2012. Vous devez pouvoir bénéficier de stabilité et être informés le plus rapidement possible de la mise en chantier de la RT 2020 afin de construire vos modèles de développement » a conclu Philippe Pelletier.
Bruno Poulard