Logement : 5 questions aux candidats à la présidentielle
Redéfinir les zonages et les besoins
Il manque en France entre 500.000 et 1,2 million de logements, estime-t-on, entre les ménages susceptibles de faire appel au Dalo et le nombre de demandes non satisfaites d'accès à un logement social. Une crise quantitative remontant à l'après-Trente Glorieuses où une cassure entre 1975 et 1985 a créé un stock de demandes non satisfaites, jamais résorbé depuis. Autres défaillances que pointe l'USH : les disparités géographiques (la France a l'une des plus faibles densités d'Europe), la précarité énergétique et l'obsolescence croissante d'une partie du parc existant (écart croissant avec le neuf). Mais aussi la « galère jeune », étudiants ou en apprentissage, stagiaires endurcis ou employés en CDD, ou tout simplement au chômage : nombreux sont ceux en difficulté. En définitive, « on ne construit pas assez et trop cher, et on ne construit pas là où il y en a le plus besoin » constate Thierry Repentin, qui plaide pour que soient redéfinis les zonages et besoins.
Une offre de crédit sécurisée ?
En matière de financement, « les établissements [bancaires] ont durci leurs conditions d'octroi de crédit et sensiblement réduit les durées des prêts, ce qui pèse lourdement sur la solvabilité des ménages, en particulier les primo-accédants », rappelle l'UMF. Mais malgré les critiques, « l'offre de crédit apparaît fortement sécurisée », estime Christian Louis-Victor. Et si les prix des logements augmentent, c'est comme le rappelle la FFB, que les coûts de la construction ont eux aussi grimpé. La faute à « l'évolution du temps de travail, les difficultés d'organisation de la filière suite aux fréquentes variations de politiques publiques, de la hausse du coût des matières premières, et de l'impact des nouvelles réglementations »,thermique notamment, juge Didier Ridoret.
Fiscalité du foncier : repartir à zéro
Enfin, on le sait, le foncier pose lui aussi problème. Alors que la France est un pays qui ne manque pas d'espace, note le SNAL, on a organisé la rareté du foncier et donc la cherté des terrains à bâtir. « S'il faut naturellement préserver l'espace, il faut aussi loger nos concitoyens. On accuse le logement de consommer du terrain (mais) chaque année environ 215.000 hectares de terrains sont consommés pour l'activité tertiaire contre 55.000 à 70.000 pour le logement », assure Pacale Poirot. Sur ce sujet, la FFB juge que « la révision de la fiscalité des plus-values foncières a été une erreur magistrale » et qu'il faut « revoir de fond en comble la fiscalité du foncier » et « repartir de la feuille blanche ».
Laurent Perrin
Les 5 questions aux candidats à la présidentielle 1. Quel est votre diagnostic sur la crise, ses causes, manifestations et impact sur l'attractivité du territoire ? 2. A partir de ce diagnostic, quels axes prioritaires de la politique engagerez-vous au cours du quinquennat ? 3. Quels financements et réglementations pour restaurer la solvabilité des ménages et comment lutter contre la précarité ? 4. Quel est le bon niveau de l'autorité régulatrice des marchés fonciers et quelle évolution de la réglementation faut-il promouvoir ? 5. Seriez-vous prêt à organiser des Assises du Logement pour trouver les réponses aux problèmes du logement ? Les organisations et leurs représentants : Didier Ridoret, FFB Pascale Poirot, SNAL Marc Pigeon, FPI France Christian-Louis Victor, UMF Thierry Repentin, USH Marie-Françoise Manière, UNSFA Jean-Pierre Guillon, UESL-ACTION LOGEMENT Patrick Doutreligne, FONDATION ABBE PIERRE |