Clause Molière : une formation pour éviter l’obligation ?
« On demande simplement que ces travailleurs détachés, avant qu'ils ne viennent en France, aient quelques heures de formation en français, qu'ils comprennent les mots essentiels pour pouvoir eux-mêmes se protéger sur un chantier en France », a expliqué Jacques Chanut, qui s’était déjà exprimé pour mettre fin aux accusations de racisme ou de discrimination.
Avec le travail détaché, encore trop présent en France, le nombre de nationalités sur les chantiers est de plus en plus élevé. De quoi rendre la communication difficile entre ouvriers, ce qui est source de risques sur des chantiers, où les machines et manœuvres potentiellement dangereuses ne manquent pas. Car s’ils sont en baisse, les accidents restent nombreux dans le secteur du BTP, et causent autour de 150 morts par an en moyenne.
Réglementer pour sauver des vies
Et pour diminuer les accidents et les morts, le meilleur moyen est encore de comprendre les consignes et mesures de sécurité, ou ses collègues ouvriers.« Ce qui est important, c'est d'être certains qu'ils puissent travailler dans des conditions de règles d'hygiène et de sécurité normales (...) on estime que lorsqu'on ne comprend pas un mot de français, on se met soi-même en insécurité et les autres en insécurité sur un chantier », a dit M. Chanut. « S'il n'y a pas une obligation d'apprendre ces quelques mots pour être efficace et protégé sur un chantier ça ne se fera pas », a-t-il précisé.
Malheureusement pour les partisans de l’apprentissage du français aux ouvriers, le Code du travail « n'impose pas l'obligation de parler ou de comprendre le français » aux ressortissants de l'UE, aux étrangers qui ne s'installent pas durablement en France, ni aux salariés détachés, a rappelé l'instruction ministérielle datée du 27 avril. D’où le jugement de la clause comme « discriminatoire », donnant de ce débat l’image d’un serpent qui se mord la queue.
La clause Molière, qui vise à imposer le français sur les chantiers, a été introduite dans plusieurs régions gérées par la droite, comme en Ile-de-France, ou en Auvergne-Rhône-Alpes, où l'opposition a attaqué cette disposition devant le tribunal administratif de Lyon.
F.T
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