Aides à la rénovation énergétique : l’avis du Mur Manteau
En plus de présenter ce mercredi 29 novembre ses modules vidéo de pose d’isolation thermique par l’extérieur (ITE), le groupement du Mur Manteau, a fait le point sur les dernières évolutions concernant les aides à la rénovation énergétique
« La doctrine gouvernementale a changé. Nous allons avoir au 1er janvier 2024, une nouvelle organisation des aides sur la rénovation énergétique des bâtiments », déclare Philippe Boussemart, président du Mur Manteau.
En témoigne la réforme des aides MaPrimeRénov’ qui vise 200 000 rénovations globales par an. Elle exclut également les rénovations « par geste » pour les passoires énergétique.
Inclure les logements E dans la rénovation d’ampleur
« Il va y avoir à partir du 1er janvier 2024, deux piliers pour les aides à la rénovation énergétique. Le premier, c’est celui qu’on appelle le pilier efficacité, qui va avoir pour ambition de décarboner les bâtiments. Cela va être essentiellement dirigé vers le chauffage », détaille Philippe Boussemart.
Le président du Mur Manteau abonde : « Le deuxième pilier, cela va être les rénovations que nous appelions avant les rénovations performantes et globales. Maintenant, ça s'appelle les rénovations d'ampleur. Ces rénovations d'ampleur vont principalement viser les passoires thermiques».
Si le groupement se réjouit des mesures d’éviction des passoires énergétiques, il garde quelques réserves. Car certes, le pilier efficacité inclut les logements E, mais ce n’est pas le cas du pilier rénovation d’ampleur. « Ça veut dire que vous ayez un logement qui consomme 110 kilowatts par heure et par m2 ou un qui consomme 320, le gouvernement considère que ce sont les mêmes logements. Et on va faire qu’une chose : décarboner le chauffage », décrypte M. Boussermart.
D’autant que les gestes d’isolation « seuls » ne seront plus finançés par l’aide MaPrimeRénov’, ce dont s’insurgent les membres industriels du Mur Manteau. « Oui, il y a eu de la fraude sur l'isolation des combles, sur le calorifugeage etc. Il y a pu en avoir également sur je dirais l'isolation thermique par l'extérieur. Mais ça reste mineur par rapport à tout ce qui a pu se passer. Et nous considérons aujourd'hui que l'efficacité décarbonée peut aussi passer par l'isolation thermique par l'extérieur des bâtiments », soutient Philippe Boussemart.
Mettre des PAC, oui. Mais sans isolation, non !
Autre axe important de la réforme : le déploiement de la pompe à chaleur (PAC), mode de chauffage on ne peut plus plébiscité par les pouvoirs publics. Mais pour le Mur Manteau, encore une fois, une telle installation seule n’a pas de sens dans un logement F ou G. « On va y mettre une pompe à chaleur, qui peut être un équipement performant. Mais est-ce que ça va enlever la sensation du mur froid ? Non. Est ce que ça va enlever l'effet venturi ? Non », interpelle Philippe Boussemart.
Et de défendre l’intérêt économique de l’ITE: « Aujourd'hui, l'isolation thermique par l'extérieur, c'est ce qu'on appelle du low-tech. Ce sont des travaux qui vont durer 30, 40, 50 ans, sur lesquels vous n'avez pas de contrat de maintenance. Vous aurez pas de changement à faire, si ce n'est à remettre peut être un coup d'esthétique et un coup de peinture au bout de 15 ou 20 ans. Mais vous n'allez pas changer votre équipement. Donc en termes de pouvoir d'achat, c’est quand même beaucoup plus performant ».
Assez de MAR pour 2024 ?
Tout n’est pas à jeter cependant pour les membres du Mur Manteau.
« Le taux de contrôle de 100 % sur les fiches standardisées d’économie d’énergie est une très bonne chose, ceci permettant de prioriser les travaux de qualité et de diminuer les fraudes. D’ailleurs, la mise en place des 2 nouvelles fiches standardisées pour les maisons et appartements au 1er janvier 2024 en remplacement de la BAR TH 164 va dans le bon sens. Les bonifications assureront un meilleur soutien aux travaux », développe notamment le président du groupement dans un communiqué.
Il reste un dernier sujet de doute : le recrutement des accompagnateurs rénovation, dispositif pour lequel 300 millions d’euros seront alloués. « L’enjeu des 200 000 rénovations profondes est un vrai challenge alors qu’on en comptera seulement 45 à 60 000 pour 2023. Cela fonctionnera si le parcours utilisateur est simplifié, fluide, et si les MAR (Mon Accompagnement Renov’) sont suffisamment nombreux », appuie Philippe Boussemart.
Sceptique, le président du Mur Manteau a relancé Sandie Michelis, conseillère technique logement (pôle écologie, agriculture, énergie, logement et transport) au cabinet de la Première ministre Elisabeth Borne, sur le sujet. L’intéressée lui a assuré qu’il y aura 3000 accompagnateurs en 2024 et 5000 en 2025.
Virginie Kroun
Photo de Une : V.K