Ce n'est pas jojo avant les JO, mais la Chine se réveille ...
Une économie en berne
Ces intempéries hivernales auraient coûté à l'économie chinoise environ 15 milliards de dollars. La piteuse gestion de cette catastrophe par les autorités, leur impréparation notoire et la non prévision du désastre par les faiseurs de pluies officiels ont laissé un goût amer dans l'esprit de la population chinoise. Et plus encore auprès des centaines de milliers de travailleurs qui n'ont pas pu se rendre dans leurs familles alors que le Nouvel An est la seule opportunité de voir les leurs.
En plus des caprices du climat, la machine d'État chinoise doit faire face à une série conjuguée de menaces susceptibles de compromettre son autorité suprême si la situation venait à dégénérer. Si la Chine est perçue à juste titre par l'extérieur comme un géant économique, à l'intérieur du pays, le poids de l'inflation commence à méchamment peser sur le niveau de vie des populations les plus pauvres oubliées de la croissance qui, selon les statistiques officielles, devrait atteindre 10,7 % en 2008. L'indice des prix à la consommation a en effet été multiplié par 8,7 % au mois de février 2008 et le coût des denrées de première nécessité a lui aussi fortement augmenté.
Climat tendu en Chine
Résultat : un mécontentement larvé gronde dans les rangs de la majorité dite « significative ». Soit au bas mot, un milliard de Chinois, incluant les paysans et les travailleurs migrants. Les populations urbaines souffrent également de la cherté de la vie et tremblent à l'idée de devoir utiliser leur épargne dédiée à l'éducation de leur unique enfant. Si cette crise inflationniste se poursuit, les leaders maximo du Bureau Politique se préparent à de longues soirées migraineuses. Et oui... Déjà, les signes de mécontentement se multiplient comme en témoignent les statistiques du ministère de la Sécurité Publique, le Gonganbu puisque 100 000 manifestations ou « désordres » ont eu lieu en 2007 (contre 80 000 en 2005). Récemment, dans un square du sud de Pékin, un graffiti gribouillé à la craie représentait même les caractères stylisés de « totalitarisme, corruption et gouvernement »...
« Terroristes, séparatistes, extrémistes... »
Pour ne rien arranger, exacerbée par l'approche de l'ouverture des jeux Olympiques, une « trinité maléfique », désireuse de renforcer le chaos existant au pays de l' « harmonie sociale », a refait surface dans le paysage médiatique, les rues des villes de l'ouest et sur les lèvres des officiels chinois. « Trois forces du Mal » se sont liguées contre le pouvoir central et le Parti communiste chinois afin de les anéantir et de « saboter » les jeux Olympiques, déclare à mots couverts Wang Lequan, chef du Parti communiste de la province occidentale du Xinjiang.
Parmi ces « forces » figurent les « terroristes » intérieurs et extérieurs, les « séparatistes » limitrophes et les « extrémistes » (comprenez dissidents) de tout poil. Ces contre-pouvoirs réels ou fantasmés par Pékin ont ainsi connu un vif regain d'intérêt de la part des autorités centrales qui se divisent sur la marche à suivre comme l'explique le journaliste et écrivain Roger Faligot [1] dans son ouvrage sur les services secrets chinois. Deux lobbies, deux visions de la sécurité s'opposent en haut lieu, « l'un (...) voit des commandos d'Al Qaïda partout, des terroristes parmi lesquels il veut classer aussi bien Ouïgours que Tibétains ; et l'autre (...) s'attend à des mouvements de masse qui dégénéreraient, ou à une résurgence de Falungong... ».
Face à ces menaces « intérieures » diverses et variées, le climat international voulant que la Chine soit scrutée par des médias étrangers obsédés par la problématique des droits de l'homme ne fait que renforcer la pression sur les autorités déjà passablement excitées.
En Asie, 2008 est l'année du Rat, synonyme d'année du changement dans l'astrologie chinoise. Faut-il y voir une prémonition ?
En savoir plus