Le vieillissement de la population s’accélère en France, avec un nombre de plus de 85 ans qui va quasiment doubler en 20 ans. Pour y répondre, le Haut-commissariat au Plan préconise, par le biais d'un rapport publié le 9 février, de développer les résidences séniors, avec la création de 200 000 à 300 000 places d’habitat alternatif d’ici 2050.

Du côté des Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), en plus des quelques 610 000 places déjà existantes, il faudrait créer 60 000 places supplémentaires, affirme ce rapport corédigé avec le cercle de réflexion Matières grises.

La génération des baby-boomers en approche

Pour les auteurs, l’arrivée de la génération des baby-boomers dans la tranche d’âge des 75-84 ans requiert la nécessité de développer des résidences séniors, plutôt destinées à des personnes « fragiles », mais pas encore indépendantes.

« Cette nouvelle génération de personnes âgées est précisément celle qui a eu 20 ans en Mai 68. Comment imaginer que cette génération puisse se résigner à vivre sa vieillesse à l’identique des générations qui l’ont précédée ? », se demandent-ils.

Pour adapter l’habitat au vieillissement, trois axes ont été identifiés par le rapport : le logement classique pour les personnes autonomes, l’habitat alternatif pour les fragiles, et les Ehpad quand la dépendance s’installe.

Le premier volet suppose d’adapter les logements, avec notamment la massification du dispositif MaPrimeAdapt’, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024. Il va également être nécessaire d’adapter l’urbanisme, afin de faciliter les déplacements des séniors qui n’ont pas de voiture.

Pour les séniors dits « fragiles », le rapport préconise le développement « d’habitat alternatif », regroupant résidences services séniors, résidences autonomie, ou habitat intergénérationnel, notamment pour les territoires à faible niveau de vie ou peu peuplés. Les auteurs notent qu’actuellement, faute d’alternatives, des personnes âgées sont placées en Ehpad alors qu’elles n’en ont pas besoin. Un déploiement massif de l’offre d’aide à domicile est également préconisé.

Pour les séniors sévèrement dépendants, la création de places en Ehpad deviendra urgente à partir de 2030. Ces établissements doivent, selon le rapport, s’ouvrir davantage sur leur territoire, avec par exemple l’ouverture de leur cantine, ou en proposant des consultations gériatriques aux non résidents, et en déployant leurs services à domicile.

Le regard sur la vieillesse doit changer

Un autre rapport également publié jeudi 9 février par le Haut-commissariat au Plan et Matières grises préconise d’autres pistes de réformes. Il est primordial selon ses auteurs de « changer le regard sur la vieillesse ».

Pour cela, il faut par exemple permettre aux séniors qui le souhaitent de se maintenir en emploi, en baissant les cotisations des salariés les plus âgés, ou encore en rendant plus attractif le cumul emploi-retraites.

Anticiper le vieillissement démographique suppose aussi d’améliorer l’offre de soins et de mettre l’accent sur la prévention des maladies. La création d’un interlocuteur unique chargé de coordonner les dispositifs à destination des séniors est également préconisé. En outre, au niveau local, il faudrait établir des plans « d’aménagements et de mobilité » pour que les seniors puissent être autonomes dans leurs déplacements le plus longtemps possible.