Passoires énergétiques : une répartition géographique révélatrice
Depuis la réforme du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), le nombre de passoires énergétiques (étiquettes F et G du DPE) explose. Pourtant, en février 2021, le gouvernement assurait que leur nombre, estimé à 4,8 millions de logements, ne devait pas bouger.
Alors que les logements classés G ne pourront plus être loués à partir du 1er janvier 2023 s’ils ne sont pas rénovés, de nombreux propriétaires prévoient de réaliser des travaux, ou se résignent à vendre.
Ce mercredi, SeLoger et MeilleursAgents ont publié les résultats d’une étude constatant en effet l’augmentation du nombre de passoires énergétiques mises en vente, passées de 10,5 % en 2019 à 12,9 % en 2021.
« La perspective de l’interdiction de location à laquelle devront se soumettre les propriétaires de logements gourmands en énergie semble, non seulement les avoir poussés à s’en débarrasser avant qu'ils ne deviennent des fardeaux, mais a ainsi conséquemment entraîné une concentration de passoires thermiques mises en vente sur le marché », notent les deux sites.
Un classement des départements
Mais l’étude menée visait avant tout à cartographier la répartition des passoires thermiques sur le territoire. D’après les deux sites spécialisés dans l’immobilier, il y aurait aujourd’hui entre 4,9 et 7 millions de logements classés F ou G en France métropolitaine, représentant entre 17 % et 24 % du parc immobilier français.
Dans le détail, on observe une concentration des passoires thermiques dans les zones montagneuses. À l’inverse, les départements côtiers, notamment du sud de la France, enregistrent le moins de passoires énergétiques. Selon le rapport, cette situation pourrait s’expliquer par un climat plus favorable et des consommations moindres en chauffage.
Les meilleurs élèves seraient ainsi les départements du Var, du Gard, l’Aude, et la Haute-Garonne, avec seulement 3 à 4 % de logements classés F ou G mis en vente en 2021. Inversement, les Hautes-Alpes, le Cantal, la Lozère, la Creuse, et les Alpes-de-Haute-Provence figureraient parmi les cancres, avec entre 30 et 38 % de passoires thermiques.
Outre le climat, les auteurs soulignent que d’autres facteurs entrent également en compte, comme la date de construction du logement, la superficie et l’étage du bien, ou encore le mode de chauffage.
La part de logements anciens expliquerait d’ailleurs le nombre important de passoires énergétiques à Paris. La ville dénombrerait ainsi 19,7 % de passoires thermiques, soit presque 7 % de plus que la moyenne nationale.
… et des villes
Après SeLoger et MeilleursAgents qui s’intéressaient aux départements, Bevouac diffusait ce jeudi les résultats d’une étude présentant le Top 10 des villes comptant le plus de passoires énergétiques. Dans cette dernière étude, Paris, Lyon et Marseille ne sont pas prises en compte dans le classement, car fractionnées en arrondissement.
En revanche, Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, y figure bien. Il s’agit même de la première ville de France dénombrant le plus de passoires thermiques, avec le triste record de 23,5 %. Annecy, Dijon, et Caen suivent, avec respectivement 21,8 %, 21,2 %, et 20,9 %.
Top 10 des villes mal classées. Source : Bevouac
« À partir de ces données, nous pouvons prévoir une baisse mécanique du prix des appartements classés F ou G dans ces communes (…) Ces biens vont assez rapidement représenter des opportunités importantes, malgré un certain coût de réhabilitation, avec certainement de bonnes affaires à dénicher à l’avenir », souligne Martin Menez, président de Bevouac.
Inversement, Perpignan, Bordeaux et Toulon arrivent dans le Top 3 des villes les mieux classées, avec seulement 2,9 %, 3,2 %, et 3,9 % de logements classés F ou G. Là encore, on note que ce sont des villes situées au sud de la Loire, et majoritairement proche du littoral méditerranéen ou atlantique.
Top 10 des villes les mieux classées. Source : Bevouac
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock