Logement : les Français expriment leur avis sur les propositions des candidats (sondage)
Entre le 16 et le 18 mars, Particulier à Particulier (PAP) a interrogé plus de 18 000 Français - locataires, propriétaires, et investisseurs - autour d’une vingtaine de propositions portées par les candidats à l’élection présidentielle. PAP précise ne pas avoir mentionné l’auteur des propositions pour ne pas influencer les votants.
Des propositions qui font consensus
Il en ressort que les deux propositions ayant reçu le plus de suffrage sont le déploiement de l’accès à internet très haut débit via la fibre optique sur 100 % du territoire d’ici début 2024 (93 %), et créer une garantie immobilière solidaire pour annuler les surprimes d’assurance que subissent les personnes présentant des risques de santé quand elles veulent emprunter (91 %). Deux mesures soutenues par Valérie Pécresse.
Parmi les autres propositions faisant particulièrement l’unanimité : généraliser le prêt à taux zéro (PTZ) pour les primo-accédants sur tout le territoire et pas seulement les zones tendues, faciliter l’accueil des néo-ruraux avec la vente de logements à bas prix en échange d’une installation d’au moins 10 ans, ou encore subventionner le remplacement des chaudières au fioul. Ces deux dernières mesures étant portées par Marine Le Pen.
Pour augmenter l’offre en logements, Yannick Jadot propose de son côté d’accélérer la transformation de bureaux en logements. Cette mesure fait particulièrement consensus puisqu’elle obtient 88,1 % d’adhésion, tous profils confondus.
Concernant l’accession à la propriété, Éric Zemmour propose d’exonérer de frais de notaires tous les primo-accédants qui achètent un bien à moins de 250 000 €. Cette proposition suscite notamment l’adhésion de 89,7 % des locataires.
Côté rénovation énergétique, Anne Hidalgo entend mettre en œuvre un grand plan pluriannuel pour la rénovation énergétique des logements, repoussant le financement des travaux lors de la revente du bien ou de la succession. La proposition étant accueillie favorablement par 81,8 % des locataires et 69,7 % des propriétaires.
Jean-Luc Mélenchon propose pour sa part une mesure semblant s’inspirer de la loi Climat et Résilience, avec l’obligation de rénover les passoires énergétiques et l’instauration d’un « permis de louer ». Alors que la loi Climat et Résilience prévoit d’interdire les logements classés G à la location en 2025, puis ceux étiquetés F en 2028, le candidat de la France Insoumise appelle quant à lui de mettre en place cette obligation dès maintenant. À noter que cette proposition est étonnamment accueillie favorablement par les investisseurs, qui sont plus de la moitié (51,9 %) à l’approuver.
… et d’autres moins appréciées
Inversement, on retrouve parmi les propositions les plus rejetées par les Français : interdire les expulsions locatives même en cas d’impayés, alors que des situations de squats très médiatisées ont récemment ému la France. 83,8 % des Français sont ainsi contre cette mesure. Autres propositions peu populaires : rendre obligatoire l’intervention d’un professionnel de l’immobilier qui séquestrerait le dépôt de garantie, ou encore abroger la loi SRU, imposant un quota minimum de 25 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants.
Les mesures de Philippe Poutou font également polémique. Le candidat propose notamment d’interdire les locations de type AirBnb sauf pour les résidences secondaires, afin de lutter contre la pénurie de logements dans certaines zones (Paris, pays basque…). Or, plus de la moitié des propriétaires et des investisseurs seraient contre cette proposition. Les locataires seraient également 49 % à y être défavorables. Les dissensions sont encore plus flagrantes concernant la réquisition de tous les logements vacants. Si 77,2 % des locataires sont pour, le pourcentage baisse à 45 % chez les propriétaires, et à 29,2 % chez les investisseurs.
Autre mesure suscitant la polémique : l’encadrement des loyers. Si 90,3 % des locataires sont favorables à la mesure d’Anne Hidalgo, proposant de limiter cet encadrement aux zones tendues, plus de 61 % des investisseurs la rejettent. Ce pourcentage augmente même à plus de 73 % concernant la proposition plus drastique de Jean-Luc Mélenchon, consistant à appliquer la mesure sur tout le territoire.
Enfin, une autre proposition portée à la fois par Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Yannick Jadot consisterait à supprimer les cautions lors d’un contrat de location pour les remplacer par une garantie publique, financée à part égale par les propriétaires et l’État, à travers une cotisation de 1 à 2 % du montant du loyer. Cette mesure faisant sans surprise l’unanimité parmi les locataires (77 %), contre 71,5 % d’investisseurs défavorables.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock