« Crise sévère » du logement neuf : le Pôle Habitat FFB réclame un « bouclier logement »
Le Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) dressait ce jeudi le bilan du logement neuf en 2022. Grégory Monod, son président, n’a pas hésité à évoquer une « crise sévère (…) pas vue depuis celle des subprimes en 2008 ».
Une perte de 70 000 logements neufs en 1 an
En 2022, la chute des ventes a été particulièrement marquée pour les maisons individuelles en secteur diffus, avec -31,3 %, après +22,1 % en 2021. 11 des 13 régions métropolitaines enregistrent des baisses supérieures à -25 %. Le Pôle Habitat FFB enregistre ainsi moins de 100 000 ventes sur l’année, faisant de 2022 « la pire année depuis 16 ans ».
Le bilan n’est guère plus positif pour l’individuel groupé et le collectif, dont les ventes baissent respectivement de -22,2 % et -14 %, après +10,5 % et +17,8 % en 2021.
Résultat : la fédération fait état d’une chute de 70 000 logements neufs en un an, tous segments confondus.
Une explosion des refus de crédits immobiliers
Cette situation peut notamment s’expliquer par les difficultés rencontrées par les acquéreurs pour accéder au crédit immobilier, avec une hausse des taux d’intérêt, qui a été 5 fois plus rapide en un an que la baisse sur les 14 dernières années. Les adhérents du Pôle Habitat FFB constatent ainsi une explosion des dossiers refusés, et une chute de 44,6 % des crédits immobiliers accordés ces trois derniers mois.
Côté mises en chantier, le Pôle Habitat FFB enregistre une baisse de -3 % en 2022, pour un total de 376 000 logements mis en chantier, contre 437 000 en 2017.
La fédération n’est pas plus optimiste pour 2023, prévoyant une chute de 21 % des permis de construire, et de 9 % des mises en chantier, si aucune mesure n’est prise.
Vers un ralentissement des hausses de prix ?
Par ailleurs, dans un contexte de hausse des prix des matériaux, le prix moyen des maisons a continué d’augmenter, avec +18 % pour les maisons groupées, +14 % pour les maisons individuelles, et +8 % pour les appartements. Concernant ces derniers, Grégory Monod explique cette hausse plus modérée par le fait que les appartements ne sont pas encore impactés par les surcoûts liés à la RE2020.
Toutefois, si les hausses de prix se sont poursuivies, la fédération estime qu’elles sont aujourd’hui « moins vertigineuses », avec même des baisses sur certains matériaux comme le bois. Le Pôle Habitat FFB appelle toutefois à encore plus de transparence sur les prix, et regrette une révision de l’index BT encore « imparfaite », ne tenant pas suffisamment compte des hausses de salaires.
Pour faire face à cette crise du logement neuf, le Pôle Habitat FFB appelle le gouvernement à mettre en place un « bouclier logement », sur le modèle du « bouclier tarifaire », et reposant sur plusieurs mesures : la prolongation du prêt à taux zéro (PTZ) jusqu’à fin 2024, son rétablissement à 40 % sans discrimination territoriale, la création d’un crédit d’impôt RE2020 de 15 % sur les 5 premières annuités d’emprunt pour les résidences principales, ou encore le retour à l’ancienne version du Pinel. En effet, l’instauration de nouveaux critères de qualité d’usage avec le Pinel+ aurait accentué la hausse des prix, et fait baisser l’intérêt des investisseurs privés.
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Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock