Mondial du Bâtiment : que retenir de la visite de Valérie Létard ?
C’est vêtue d’un manteau rouge que Valérie Létard est arrivée à Batimat. Un choix de couleur pour rendre hommage au logo du salon ? Peut-être. Une chose est sûre, la ministre du Logement et de la Rénovation urbaine a vadrouillé au Parc des Expositions.
« Aujourd'hui, Batimat est un incontournable de la filière du bâtiment, de la construction, de la rénovation thermique », a-t-elle déclaré lors d’un point presse. « Pour une ministre du Logement qui vient de prendre ses fonctions, la première chose à faire, c’est de venir à l'écoute, au contact de tous ceux qui font et qui construisent les solutions pour faire en sorte que, chacun et chacune de nos concitoyens et de nos concitoyennes, puissent être accompagnés dans le parcours résidentiel », poursuit-elle.
Élargir le PTZ, « un vrai signal » lancé par le gouvernement, selon Valérie Létard
Madame Létard en a profité notamment pour échanger avec des organisations du secteur : la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), la Fédération Française du Bâtiment (FFB), le syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques (Uniclima) ou l’Association des Industries de la salle de bains. Sans compter ses rencontres avec Saint-Gobain ou la Brique du Guyane, exposants à Batimat. La ministre a fait également un passage à Interclima au grand plaisir d’industriels, comme Aldes ou Poujoulat.
L’ensemble des acteurs n’ont pas hésité à exposer leurs préoccupations de longue date : la crise du logement neuf, le recul du marché de la rénovation, la baisse du pouvoir d’achat des Français mais aussi le potentiel ralentissement de la transition écologique et énergétique du pays…
Des sujets que Madame Létard semble entendre et sur lesquels elle s’était déjà s’exprimée lors du congrès HLM, tout comme le Premier ministre Michel Barnier dans son discours de politique générale. « La Premier ministre a rappelé hier que dans le pouvoir d'achat des ménages, le premier impact, c'est le logement », souligne la ministre. Matignon a également appelé les ministres concernés à plancher directement sur les dossiers du bâtiment. Mais lesquels ?
« Je ne vais pas rentrer maintenant dans le détail, parce qu'on va le construire et on va le construire avec le Parlement et tous les acteurs qui sont ici présents. Mais le prêt à taux zéro élargi sur tout le territoire pour les primo-accédants, c’est quand même quelque chose que tout le monde espérait, que personne n'attendait. Et il l'a dit dès la déclaration de politique générale, c'est un véritable signal », souligne Valérie Létard.
Certes, Michel Barnier « a centré sa prise de parole sur la construction neuve, signal positif qui doit être maintenant accompagné de véritables perspectives sur la manière d’être au rendez-vous du défi de la rénovation, notamment énergétique, des logements », a commenté la CAPEB suite à la visite de la ministre du Logement. La confédération demande à l’intéressée des « clarifications ».
Rénovation énergétique : « le stop and go, ça ne va pas »
Des clarifications, la ministre de plein exercice en a exposées de manière pondérée. En premier lieu sur le diagnostic de performance énergétique (DPE), qui devait être simplifié et le calendrier d’éradication des passoires thermiques adapté, à en croire les promesses de Michel Barnier.
Or, pour l’heure, pas plus de précisions de la part de Valérie Létard, si ce n’est qu’il ne s’agit pas de « révolutionner ou tout abandonner ».
« On sait bien que dans les copropriétés, faire en sorte que tous les propriétaires avancent de concert, c'est très difficile, ça prend beaucoup plus de temps. On ne peut pas être caricaturaux. On ne peut pas être dans la négation de la vraie vie, de la réalité », évoque-t-elle en exemple.
Car c’est le pragmatisme qui cimente les fondations du gouvernement Barnier. Et ce refrain a souvent été fredonné à Valérie Létard dans les couloirs du Mondial du Bâtiment. Y compris pour adresser la complexité des démarches liées aux aides à la rénovation énergétique, pour les ménages, comme les professionnels.
Concernant MaPrimeRénov’, la ministre du Logement a ainsi appelé à plus de stabilité, sous-entendant un maintien du modèle actuel de l’aide. Une réponse aux 29 fédérations qui l’ont encouragée, le 27 septembre.
« Si vous écoutez les professionnels ici présents, ce que j’ai entendu tout au long du chemin, c’est la stabilité. Les mono-gestes sont essentiels et ne s’opposent pas à la rénovation globale », se remémore-t-elle. D’où l’intérêt d’un parcours de rénovation, car « si on change tout, c’est là qu’on met en difficulté toute la filière. On a aussi des progrès à faire sur les outils financiers pour accompagner tout cela. Alors essayons d’être au rendez-vous de cet objectif. On ne change pas tout le temps la règle du jeu, le stop and go ça ne va pas », déclare Valérie Létard.
Des déclarations que Stanislas Lacroix, président d’Uniclima, applaudit : « C’est une demande que nous formulons depuis de longs mois déjà et nous nous réjouissons d’avoir été entendu. En effet, la stabilité des aides et un certain pragmatisme qui n’oppose pas la rénovation par geste à la rénovation globale permettront de contribuer à la relance de l’activité actuellement en difficulté ».
Virginie Kroun
Photo de une : ©Hugues Sanchez