Zéro rejet et économie circulaire sur les chantiers du Grand Paris
Un chantier gigantesque n’est jamais comparable à une paisible prairie, mais on y a aujourd’hui des attentes pas si éloignées que cela en matière de respect de l’environnement. Pour qui a déjà visité une centrale à béton, on a en mémoire un espace grisâtre et sale, avec de nombreux écoulements peu ragoutants.
Depuis la vague verte est passée par là aussi et les industriels sont gagnés par le respect (progressif) de l’environnement et font de plus en plus d’efforts. Les chantiers du Grand Paris arrivent au bon moment pour vérifier sur le terrain la réalité de ces efforts. Unibéton a convié des journalistes à visiter deux centrales à béton « nouvelle génération ».
Derrière l’institut Gustave Roussy, à Villejuif, s’ouvre le trou gigantesque de la future gare du T3C qui va voir se croiser les lignes 14 et 15 du nouveau métro. C’est le lieu stratégique choisi pour implanter une centrale mobile, qui restera là pendant toute la durée du chantier.
Une parcelle de 1500m2pour produire 400 m3/jour
Sur une implantation relativement petite, de 1 500 m2 au sol, l’industriel a réussi à faire tenir une grande capacité de production de béton, puisque ce sont en moyenne 400 m3 qui sortent chaque jour de la centrale.
Pour cela il faut une capacité de stockage importante et ses 8 cases accueillant chacune 150 tonnes de granulats. Les 4 silos à ciment sont d’une capacité respective de 250 tonnes pour les deux premiers et de 100 tonnes pour les deux autres. Le malaxeur, élément central de la mini-usine,a une capacité de 2,7 M3 ce qui lui permet de tenir la cadence moyenne de 90 m3 à l’heure.
Grâce à ses capacités de stockage, la centrale peut produire de nombreuses formulations de bétons techniques. Jean-Paul Lucas, directeur région Unibéton Île-de-France, précise « Une quinzaine de formulations de bétons de génie civil a été élaborée, avec notamment pour les parois moulées, des bétons affichant une rhéologie de 8 heures. Le cahier des charges requérait que les caractéristiques du béton à l'état frais ne devaient pas être altérées pendant 8 heures, laps de temps correspondant au coulage du premier et dernier béton sur une même partie d'ouvrage, tous deux devant conserver le même comportement au durcissement. Autre formulation créée : un béton autoplaçant destiné à constituer la coque de la station Villejuif IGR. »
Une conception « Zéro déchet »
Au-delà de cette partie technique, qui est la raison d’être de la centrale, sa conception « zéro rejet » est intéressante. Le site a été conçu de telle façon que les eaux chargées ne puissent pas s’écouler à l’extérieur. Que ce soit l’eau des retours béton, les résidus de lavage des toupies ou des essieux des camions au moment où ils quittent le site, toutes les eaux polluées sont récupérées, retraitées et réemployées sur place.
Jean-Paul Lucas détaille le dispositif « Une vis à recycler et une laveuse ont été spécialement intégrées à l'installation de façon à traiter les eaux de lavage de la centrale et des camions ainsi que les retours béton : les granulats sont lavés dans des bacs puis réemployés en tant que graves sur le chantier ou réintroduits dans le process de fabrication.
Les eaux chargées sont dirigées vers des bassins aériens agités et réutilisées pour le lavage des camions et pour la production avec un contrôle des MES (matières en suspension).
Les eaux de ruissellement intègrent également ces bassins agités. »
Dernière précision, la centrale, développée avec SKAKO, peut être approvisionnée 24 heures sur 24, grâce à une gestion automatique des arrivées de ciment et de granulat. Cela permet aux camions de s’extraire du trafic francilien très important dans cette zone pendant la journée. Et incidemment, cela réduit les nuisances pour les riverains des voies d’accès. Le site n’étant pas directement entouré de lieux d’habitation ce trafic nocturne semble être la meilleure solution.
Régis Bourdot
Images© Régis Bourdot et Unibéton
Un nouveau malaxeur à deux arbres de 4,5 m3 pour les bétons prêts à l'emploi du Grand Paris Express
Précisons que les quais sont rendus aux promeneurs le week-end, comme le négoce Point P que nous avons visité récemment. |