Tarifier les émissions de carbone pour promouvoir les technologies vertes
Dans un communiqué publié vendredi 15 avril, l’organisme réaffirme ainsi sa volonté de promouvoir la tarification du carbone à l’échelle mondiale.
Pour rappel, la CPLC est une initiative volontaire officiellement lancée lors de la COP21 à Paris qui réunit plusieurs dizaines de dirigeants venus de la sphère publique, des entreprises et de la société civile pour soutenir l’expansion de la tarification du carbone, partager leurs expériences et faire mieux comprendre les meilleures pratiques.
Donner un prix à la pollution
Coprésidée par Ségolène Royal, ministre de l’environnement, en charge des relations internationales sur le climat, et présidente de la COP 21, et Feike Sijbesma, président-directeur général de la société Royal DSM, la CPLC estime que donner un prix à la pollution contribuerait au plus fort développement des énergies vertes.Le président du groupe de la Banque mondial, Jim Yong Kim, déclare ainsi que « le moyen le plus direct et le plus sûr de réduire les émissions de carbone est de leur donner un prix, de manière à faire de la pollution qu’elles engendrent un coût d’exploitation et à créer des incitations à promouvoir des technologies et des options vertes ».
De son côté, Ségolène Royal précise que « ce grand mouvement » en faveur de la tarification carbone « doit s’organiser autour de trois principes : un prix suffisamment élevé pour changer les comportements, un prix stable et prévisible pour donner de la visibilité aux acteurs économiques et financiers, (et enfin) un prix coordonné pour en faire un instrument de cohésion et non de concurrence ».
A l’heure actuelle, une quarantaine de pays et 23 villes, Etats et provinces tarifient le carbone, précise le ministère de l’Environnement dans un communiqué. « Ils couvrent conjointement l’équivalent d’environ 7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, soit trois fois plus qu’au cours de la précédente décennie ».
La CLPC vise aujourd’hui à encourager la réalisation de progrès à l’échelle mondiale « en concevant et en utilisant des systèmes de tarification du carbone et en rendant régulièrement compte des avancées dans ce domaine ». Elle a appelé les entreprises à accélérer leur appui aux politiques de tarification, notamment en appliquant des prix internes du carbone, afin de mieux se préparer aux impacts du changement climatique.
Fixer un prix carbone : quelles conséquences sur le mix électrique ?Pour mieux comprendre l’impact d’un signal prix du CO2 sur le mix électrique français, le Réseau de l’intelligence électrique (RTE) a réalisé une étude avec la participation de l’Ademe.RTE note que depuis quelques années, « le contexte économique et les faibles prix du CO2 sur le marché, rendent les centrales de production d’électricité à base de charbon plus compétitives que celles au gaz, alors que ces dernières sont fortement moins émettrices de dioxyde de carbone ». Ainsi, l’organisme en est convaincu : « La hausse du prix du CO2 assurerait la rentabilité des centrales au gaz et permettrait d’augmenter leur part dans la production thermique classique, privilégiant ainsi un moyen fortement moins émetteur de CO2 que le charbon ». Par ailleurs, il accroîtrait « la compétitivité relative des énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles » et améliorerait leur intégration au marché, en diminuant leur besoin de subvention. Des simulations réalisées à partir du parc de production actuel, montrent qu’un prix autour de 30 €/tonne de CO2 permettrait de diminuer les émissions du secteur électrique européen de façon significative de l’ordre de 15 % (100 millions de tonnes par an) et un prix de 100 €/tonne de 33%. « Ce prix de 100 €/tonne permettrait également aux installations de production d’électricité renouvelable d’afficher un coût de production compétitif par rapport aux installations thermiques et faciliterait ainsi leur intégration au marché. La part des centrales au gaz dans la production fossile atteindrait un niveau de 85 % », conclut le communiqué de RTE. |
R.C
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