Réseaux de chaleur : bientôt un raccordement à 1 € ?
Le ministère de la Transition écologique a indiqué vendredi travailler sur la publication prochaine d’un texte visant à accélérer le raccordement des bâtiments aux réseaux de chaleur urbains.
Une aide pour booster les raccordements
L’idée : déployer le raccordement à 1 € par logement, « avec des aides bonifiées via les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) », a précisé Alexandre Dozières, sous-directeur de l’Efficacité énergétique et de la qualité de l’air au sein du ministère de la Transition écologique.
Il devrait s’agir d'« une prime forfaitaire, par bâtiment, avec peut-être une surprime en fonction du nombre de logements », aboutissant à un « raccordement gratuit ou presque, quelques euros ou quelques centaines d'euros », a-t-il ajouté.
Cette aide très attractive devrait booster la communication autour des réseaux de chaleur, alors que 3 000 bâtiments situés à moins de 50 mètres de ce type de système pourraient s’y raccorder, la plupart du temps sans le savoir. « L’idée est d’instaurer le réflexe je veux me chauffer, je réfléchis d’abord au réseau de chaleur », a poursuivi M. Dozières.
À compter de juillet 2023, les raccordements à des réseaux de chaleur décarbonés devraient même devenir obligatoires pour les bâtiments qui chercheraient à remplacer leur chauffage collectif – sauf pour ceux ayant trouvé une alternative encore plus vertueuse, telle que la géothermie ou le solaire thermique.
Aurélie Léhéricy, présidente du SNCU, a donc espéré que les copropriétés mettraient à l’ordre du jour ce raccordement lors de leurs assemblées générales.
Des réseaux de plus en plus décarbonés
Pour rappel, des associations et autorités publiques (Amorce, le SNCU, le Cerema, l’Ademe…) appellent régulièrement à développer les réseaux de chaleur et de froid.
Récemment encore, la Cour des Comptes demandait d’accélérer leur déploiement, le jugeant trop lent par rapport à la moyenne européenne, et pour atteindre les objectifs que la France s’est fixés à horizon 2030. La juridiction appelait également à une meilleure communication de la part des collectivités territoriales, et plus de transparence sur les prix de la part des exploitants de réseaux.
Pour encourager la création de nouveaux réseaux – notamment dans les petites villes de moins de 50 000 habitants – l’Ademe a d’ailleurs lancé un appel à projets « une ville, un réseau ».
Mais le raccordement à un réseau de chaleur ne suffit pas. Encore faut-il que ce dernier soit décarboné pour réduire la dépendance aux énergies fossiles – d’autant plus dans le contexte actuel avec la guerre en Ukraine.
Il y a encore quelques années, les réseaux de chaleur étaient majoritairement alimentés en gaz, fioul ou charbon. Aujourd’hui, les énergies renouvelables – notamment la biomasse, la géothermie et la récupération de chaleur issue de sites industriels ou de data centers – prennent le dessus, représentant 60 % de l’approvisionnement de ces réseaux de chaleur. En février, l’association Via Sèva mettait d’ailleurs à jour sa cartographie, précisant désormais le taux d’énergie renouvelable par réseau.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock