REP : le syndicat Inoha interpelle le gouvernement
Dans une lettre adressée au Premier ministre Gabriel Attal, Jean Luc Guéry, le président de l'Association professionnelle des Industriels du Nouvel Habitat (Inoha), lui demande du pragmatisme et une replanification des objectifs du gouvernement concernant les filières de recyclage, qui selon lui, ont « un besoin pressant ».
Des objectifs inatteignables
Depuis janvier 2023, les entreprises commercialisant des produits et des matériaux de construction doivent contribuer financièrement à leur gestion de fin de vie, via la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) des produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB). Cette démarche, présente depuis plusieurs années dans d'autres secteurs tels que l'ameublement et l'électroménager, sensibilise chaque consommateur au coût du recyclage.
Cependant, en raison de son coût, estimé à 2 milliards d'euros pour 42 millions de tonnes collectées annuellement, la filière fait partie des plus importantes. Malgré cela, les objectifs réglementaires fixés par l'État semblent « inatteignables », selon le syndicat. En effet, « imposer une trajectoire règlementaire visant un objectif de collecte de 53 % des volumes en un an est irréaliste », étant donné les défis logistiques et financiers que cela représente, relève-t-il.
D'après le syndicat, « il n'est pas pragmatique que les dispositions réglementaires prennent en compte la nécessité d'une montée en charge progressive, notamment en tenant compte des coûts de gestion transférés aux entreprises ». Contrairement aux filières de l'électroménager et de l'ameublement, la filière du bâtiment subit « une pression réglementaire sur les objectifs des volumes mis sur le marché », insiste-t-il.
Permettre à la filière de s'organiser
Dans cette optique, le syndicat estime qu'il faut instaurer de la progressivité dans les objectifs de collecte, pour permettre à la filière de s'organiser efficacement tout en optimisant les coûts de reprise et de traitement. Toujours selon lui, il est nécessaire de traiter de manière globale les questions soulevées par l'évolution de cette filière, comme le souligne l'arrêté concernant le matériau bois mis en consultation par le gouvernement.
Dans une politique économique axée sur l'offre, il est ainsi contre-productif de mettre « des cailloux dans les chaussures des entreprises industrielles françaises ». Au contraire, il est essentiel de les « accompagner pour qu'elles marchent au même rythme que leurs concurrentes européennes et mondiales ».
Il ne s'agit pas de remettre en cause l'ambition de la filière de collecte des déchets, mais plutôt de « transférer ces charges aux entreprises dans un délai aussi court et dans un contexte économique à la fois inflationniste et en forte décroissance ». Les pouvoirs publics ont un rôle crucial à jouer dans cette transition, en menant une pédagogie efficace auprès des consommateurs et en collaborant avec tous les acteurs de la filière pour assurer une transition efficace.
Marie Gérald
Photo de Une : Jean-Luc Guéry