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Présidentielle : l’UNEP mise sur la complémentarité entre professionnels du paysage et du bâtiment

Publié le 25 février 2022

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Si le verdissement du bâtiment et des espaces urbains s’affirme peu à peu dans la législation et les politiques publiques, quelle place occupe la végétalisation dans tout ça ? Voilà une question à laquelle l’UNEP, représentant des métiers du paysage, tend à répondre en soumettant trois propositions aux candidats à l'élection présidentielle. Précisions avec Laurent Bizot, président de l’UNEP, qui croit en la complémentarité entre professionnels du bâtiment et paysagistes.
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Entre l’objectif zéro-artificialisation nette des sols et leur désimperméabilisation, l’enjeu de verdir la ville devient urgente en France. En témoigne par ailleurs une étude de l’Ifop, réalisée pour l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (UNEP), en décembre dernier.

Sur les 1 500 Français résidant dans des villes de plus de 2 000 habitants interrogés, 37 % souhaitent que leurs villes soient plus durables et vertes. Cela se traduit, pour 44 % des sondés, par l’amélioration de la qualité de vie en ville et l’aménagement d’espaces verts, le tout premier levier dépassant légèrement l’amélioration de la sécurité (42 %). 

Pour 56 % d’entre eux, l’étalement urbain doit reculer au profit d’espaces consacrés à la nature, tandis que plus de la moitié appelle les pouvoirs publics à mettre la nature au cœur du cadre de vie. Ainsi 54 % trouvent que les élus locaux sont mis de côté par la politique nationale dans le verdissement de l’espace urbain.

Voilà un véritable engouement ou plutôt un besoin de verdure, car plus d’un tiers des Français interrogés y ont difficilement accès (contre un quart y ayant accès facilement). Sentiment sans aucun doute renforcé par la crise sanitaire et les multiples confinements, incitant le particulier à améliorer son cadre de vie. 

C’est à partir de ces constats, qu’à l’approche de l'élection présidentielle, l’UNEP dévoilait trois propositions le 10 février dernier. Ces propositions visent à affirmer la place du végétal et du paysagiste dans le verdissement de la ville, en complémentarité avec les acteurs de la construction.
 

Pousser les collectivités à végétaliser leurs infrastructures

 

Première proposition de l’UNEP : que l’État lance et pilote « une politique nationale ambitieuse de végétalisation des territoires urbains ». Concrètement, cela peut se manifester par un levier financier, avec le lancement d’un programme à l’image d’Action Cœur de Ville. Ce plan soutiendrait ainsi les territoires dans la renaturation des sols « fondement de tout projet pérenne de végétalisation, via des mécanismes fiscaux incitatifs ou facilitateurs (dispositifs de prêts à taux zéro par la Banque des Territoires ou exonération fiscale) », détaille l’UNEP.

Et les espaces urbains propices à la végétalisation sont nombreux : entrées de ville,« dents creuses », parkings, pistes cyclables… En plus de combler la carence en verdure et d’inciter vers une commande publique plus responsable, cette proposition tend à répondre à la lutte contre l’artificialisation des sols.

« Depuis la promulgation de la loi Climat et Résilience, les sols végétalisés sont considérés comme non artificialisés, ce qui n’était pas le cas avant. Toutes les réalisations vertes (parcs, jardins, squares) et plantations d’alignement servent l’objectif de eéro artificialisation des sols en favorisant l’émergence d’une densification douce », soutient le président de l’UNEP, Laurent Bizot.

« Au cœur de cette évolution de l’espace urbain, les entreprises du paysage participent à la création et l’entretien d’espaces verts. Elles interviennent également en génie écologique et en génie végétal, pour la restauration et la protection des milieux naturels et forestiers », abonde-t-il.
 

Intégrer la biodiversité dans le verdissement du bâti

 

Afin que verdissement de l’espace urbain se fasse, il convient également selon l’UNEP que les réglementations environnementales du bâtiment intègrent la biodiversité. Une approche qui compléterait celle du carbone comme appliquée par la nouvelle RE2020, et donnerait ainsi naissance à une gestion plus globale du verdissement du bâtiment. C’est d’ailleurs ce que recommandait le CESE en 2018, dans un rapport sur la nature en ville. 

« Malgré l’engagement et les actions de l’UNEP et de ses partenaires pour qu’il y ait une inflexion dans la réglementation, nous constatons que ce volet n’a pas été concrétisé et nous le déplorons. La RE2020 des bâtiments neufs limite l’approche environnementale au seul prisme énergie-carbone », commente Laurent Bizot. 

« L’intégration de la biodiversité dans le bâtiment demeure une thématique émergente. De nombreuses certifications se sont développées mais relèvent du droit « mou » (non contraignant) et représentent un coût financier non-négligeable pour les acteurs », poursuit-il.

Les souhaits de l’UNEP peuvent cependant être exaucés, car la RE2020 sera prochainement prolongée par un label RE2020, pour ajouter à l’approche bas carbone plusieurs problématiques, dont la biodiversité.

 

Le conducteur de travaux et le jardinier paysagiste main dans la main ?
 

« De plus, la présence de professionnels du paysage en amont des projets et dans leur développement doit être plus systématique. Les entreprises du paysage ne doivent pas venir uniquement finaliser un projet mais doivent travailler main dans la main avec les professionnels du bâtiment », ajoute le président de l’UNEP. Aux yeux de l’Union, le savoir-faire des paysagistes est crucial pour « anticiper les coûts et les conditions d’entretien, les effets des saisons, l’évolution des végétaux, leurs externalités… ».

Ce qui nous amène à la valorisation de la profession, troisième proposition de l’UNEP aux candidats à l'élection présidentielle. Enjeu qui répondrait à la fois à demande croissante de ressources humaines face à la transition écologique, mais aussi à la pénurie de main d’œuvre qui semble toucher le secteur, tout comme celui du bâtiment. 

Deux axes sont envisagés par l’UNEP. D’un côté l’éducation à la biodiversité et sa protection dès le plus jeune âge, via un « dispositif pédagogique extérieur » dans les écoles. De l’autre, on mise sur le développement des métiers verts, pour lequel l’UNEP préconise un renforcement du plan de valorisation de l’enseignement agricole pour les métiers du paysage, porté par le ministère de l’Agriculture.

Il faut dire que le secteur du paysage peut intervenir dans divers domaines, dont le bâtiment. Ainsi, le jardinier paysagiste, par sa capacité à aménager des jardins privés et d’entreprises, des parcs et des espaces végétalisés publics, présente une expertise précieuse avec le conducteur de travaux, chargé de piloter plusieurs chantiers d’aménagement ou d’entretien d’espaces paysagers.

« Les entreprises du bâtiment et du paysage apportent une approche complémentaire pour promouvoir le bâtiment durable à biodiversité positive. Le végétal doit faire partie intégrante de chacun des projets de construction ou de rénovation. Il nécessite un savoir-faire et des techniques appropriés », appuie Laurent Bizot.


Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock
 

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