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Les protections solaires, grandes oubliées des aides à la rénovation ?

Publié le 17 octobre 2024

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Le groupement Actibaie a profité du Mondial du Bâtiment pour donner une conférence sur le confort thermique et l’adaptabilité des bâtiments face au réchauffement climatique. Les équipements de la baie sont largement délaissés pour une telle entreprise. Hervé Lamy, délégué général du groupement Actibaie, appelle à un changement majeur dans les mentalités.
Les protections solaires, grandes oubliées des aides à la rénovation ? - Batiweb

Aujourd’hui, quand on parle de confort thermique, il n’est plus uniquement question de chauffage. Désormais, l’enjeu est également d’adapter les bâtiments au réchauffement climatique. Le groupement Actibaie a profité du Mondial du Bâtiment pour donner une conférence sur le sujet, et fournir quelques pistes de réflexion pour améliorer le confort thermique d’un logement en équipant ce dernier de stores et de volets.

Hervé Lamy, délégué général du groupement Actibaie, a dans un premier temps dressé un rapide portrait de la situation climatique à l’échelle mondiale, avant de faire le point sur le parc immobilier français, et sa capacité de résilience face aux fortes chaleurs.

Notre maison brûle et nous regardons ailleurs

 

Depuis 2014, année à laquelle ont été fait les premiers relevés de température moyenne dans le monde, le mercure ne fait que grimper au fil des ans. Une projection du GIEC et de Météo France prévoit pour l’Hexagone, d’ici la fin du siècle, une France à +4°C par rapport au référentiel. Les vagues de chaleur sont amenées à être de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses.

Les effets se font d’ores et déjà sentir, puisque d’après un sondage Ipsos, 69 % des Français âgés de 18 ans et plus déclarent déjà souffrir de températures trop élevées dans leur logement. Par ailleurs, 3 Français sur 10 déclarent qu’ils en souffrent de plus en plus souvent.

La Fondation Abbé Pierre parle même de bouilloire thermique. On parle ici de précarité du logement sous l’angle de la chaleur, et non plus sous l’angle des problèmes de chauffage. Autre constat alarmant de la part de la Cour des comptes, 80 % du parc immobilier est inadapté aux risques liés à l’augmentation de la fréquence d’intensité des pics de chaleur. Par ailleurs, 21 millions de logements seront exposés à au moins 20 jours de vagues de chaleur dès 2030 dans l’Hexagone.

Face au réchauffement climatique, l’intérêt majeur des protections solaires

 

Quelles solutions se présentent ? La facilité serait d’installer un système de climatisation dans le logement. Les chiffres de l’Ademe indiquent qu’en France, on est passé d’un taux d’équipement de 14 à 25 %. À l’échelle mondiale, il se vend 10 appareils de climatisation par seconde.

Un rythme qui peut être problématique, puisque se posera la question de savoir : comment subvenir à ses besoins énergétiques ? Comment arriver à concevoir des bâtiments qui soient à la fois confortables sur le plan thermique et sobre sur le plan énergétique ?

Des solutions moins consommatrices d’énergie existent déjà, et ce sont ces dernières dont il a été question lors de la conférence du groupement Actibaie. Hervé Lamy a notamment démontré que le fait d’installer une protection solaire dans un logement collectif, par rapport à un même logement non équipé de protection solaire, permet une amélioration de 56 à 67 % du confort thermique.

Pour ce même type de logement, privilégier les volets motorisés plutôt que les manuels tend également à améliorer le critère de confort thermique entre 6 et 12 %. Quant au volet automatique, il donne l'occasion d'accroître le confort thermique entre 32 et 40 %.

La perméabilité du produit est également à prendre en compte. Un volet perméable va permettre d’améliorer le confort thermique entre 11 et 24 %, par rapport à un volet peu perméable.

Tous ces critères sont sensiblement les mêmes pour les maisons individuelles. Que ce soit pour les logements collectifs ou individuels, l’installation de tels équipements réduit de facto la consommation des systèmes de climatisation.

Attention toutefois, « il n’est pas question de dire que l’on va se passer de climatisation partout. On aura besoin de systèmes de climatisation dans certaines zones géographiques, pour certaines populations, en fonction de certains critères liés au bâtiment. Nous ne sommes pas du tout anti-climatisation », insiste Hervé Lamy.

Le confort d’été bien trop délaissé par les pouvoirs publics

 

Si l’installation de protections solaires est si efficace pour l’amélioration du confort thermique, pourquoi ces équipements sont-ils encore trop peu présents dans les logements français ?

Depuis 2021 et la mise en place de la RE2020 dans les logements, cette dernière intègre un critère de confort thermique. Seulement, « jusqu’au 1er janvier 2024, il n’y avait strictement rien dans les mesures d’incitation à la rénovation énergétique, et notamment dans MaPrimeRénov’, pour inciter les propriétaires à envisager des travaux qui leur permettraient d’améliorer leur confort thermique sans avoir recours à un système actif de production de froid », relève le délégué général du groupement Actibaie.

Les choses ont légèrement changé depuis, puisqu’une petite mesure est venue s’intégrer dans MaPrimeRénov’. Celle-ci intègre la possibilité de couvrir les travaux liés au confort thermique des logements, à savoir l’installation de protection solaire et de brasseur d’air, uniquement pour des rénovations d’ampleur.

« Les pouvoirs publics ont enfin pris en compte cette condition et ce critère de confort thermique, mais à notre sens, de manière insuffisante, puisqu’il faut faire une rénovation d’ampleur pour y avoir droit », réagit Hervé Lamy.

Les chiffres semblent donner raison au délégué général du groupement Actibaie. Depuis début 2024, 38 opérations d’installation de protection solaire sur 20 463 rénovations d’ampleur ont été dénombrées. Une goutte d’eau dans l’océan. Ces équipements pâtissent sans nul doute d’un manque d’incitation à intégrer cette notion de confort thermique dans la rénovation des logements.

Les préconisations du groupement Actibaie

 

Pour accélérer le déploiement de ce type d’équipement, plusieurs actions sont préconisées par le groupement Actibaie. Dans un premier temps, un travail de sensibilisation auprès des ménages est nécessaire.

Il est également primordial d’intégrer la protection solaire dans le dispositif MaPrimeRénov’ par geste. Malheureusement, « les discussions budgétaires actuelles n’incitent pas à l’optimisme », regrette M. Lamy. Il paraît cependant primordial que cette question de confort thermique soit traitée au même niveau que les économies de chauffage dans les logements.

Le groupement Actibaie plaide également pour que soit fiabilisé la méthode du DPE, et pour l’intégration du confort d’été dans la définition de la rénovation performante. « On ne doit plus traiter uniquement des consommations de chauffage, on doit également intégrer cette notion dans la définition d’une rénovation performante », souligne Hervé Lamy.

Enfin, le groupement Actibaie souhaite qu’une fiche certificats d’économie d’énergie (CEE) soit créée sur le sujet.

 

Jérémy Leduc

Photo de Une : AdobeStock

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