Le principe d'éco-conditionnalité reste une contrainte pour les artisans
Cette opinion progresse de façon spectaculaire entre octobre 2013 et janvier 2015 (+25 points), alors que le sentiment qu’il ne s’agissait ni d’une contrainte, ni d’une opportunité prévalait encore en 2013 (49%). La contrainte est particulièrement mise en avant par les entreprises du secteur second œuvre technique (57%), les structures de trois à cinq salariés (50%) ainsi que celles qui ont vu leur activité diminuer en 2014 (49%), détaille le baromètre, pour qui la mise en place du RGE en 2014 explique sans doute cette évolution.
Certains professionnels du bâtiment semblent avoir le sentiment que l’écoconstruction leur est imposée « par le haut », sans correspondre à une réelle attente du marché, bien au contraire. Les artisans considèrent que les demandes de leurs clients dans ce domaine sont stables ces deux dernières années (55%, -1) voire même en baisse pour une minorité croissante d’entre eux (20%, +10 par rapport à 2013). A l’opposé, seulement 18% des professionnels interrogés ont le sentiment que la demande a augmenté. Pour la profession, la faible demande de la part des acheteurs constitue encore aujourd’hui le premier obstacle au développement de l’écoconstruction (53%, en hausse de 3 points).
Devenir éco-responsable implique un investissement élevé
A ce jour, 35% des artisans du bâtiment (stable) réalisent déjà des chantiers « écoconstruction » et RGE et 23% d’entre eux pensent s’y mettre d’ici un ou deux ans (+2). Les entreprises de trois à cinq salariés sont les plus nombreuses à avoir franchi le cap : 55% ont déjà réalisé ce type de chantier. « Remettre au lendemain » est une attitude toujours présente, mais moins fréquence chez les professionnels. 32% (-5) continuent d’attendre le plus longtemps possible avant d’effectuer ce type de chantier.
Deuxième élément qui explique le changement d’attitude des artisans selon le baromètre : la prise de conscience du fait que le respect des règles de l’éco-conditionnalité nécessite de leur part d’importants investissements. De plus en plus d’artisans (43%, +10) estiment que l’entrée en vigueur du dispositif implique des coûts élevés en matière de formation, de qualification et d’équipements. C’est tout particulièrement le cas pour les entreprises du second œuvre technique (57%) et les structures de trois à cinq salariés (48%). Cette progression s’accompagne d’un renforcement de l’idée selon laquelle il est difficile d’obtenir des aides financières suffisantes pour développer l’écoconstruction (32% de citations +7 points, au deuxième rang des principaux freins au développement de l’écoconstruction).
Enfin, l’impact de l’éco-conditionnalité sur l’emploi dans le secteur est peu souligné par les artisans du bâtiment. Pour une très large majorité d’entre eux (75%), la mise en place du dispositif ne se traduira pas par de nouvelles embauches.
Photo de une : © auremar