La filière éolienne en attente d’une feuille de route « ambitieuse »
La filière éolienne « est prête à assumer son rôle moteur dans la transition énergétique du pays ». Dans un communiqué, les professionnels du secteur révèlent que les capacités de production permettent aujourd’hui à l’énergie éolienne de couvrir 6% de la consommation d’électricité française. « La filière a atteint les objectifs qui lui étaient assignés », affirme Olivier Perot, président de France Énergie Éolienne.
Dans son dernier baromètre, l’organisme précise qu’en 2018, 1 552 MW d’énergie éolienne ont été raccordés, portant à 15 309 MW la puissance totale raccordée au 31/12/2018. Une croissance « continue » qui se doit « aux efforts menés sur une échelle de temps longue, inhérente aux modalités d’implantation de parcs », poursuit M. Perot.
A ce jour, la France compte 1 380 parcs, soit 7 950 éoliennes réparties sur le territoire.
Accélérer le développement de la filière
Si les résultats sont au rendez-vous, la filière regrette que son développement ne soit pas aussi rapide qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni, « dont les politiques volontaristes en matière d’éolien en mer se concrétisent avec d’ambitieux projets ».
Olivier Perot analyse ainsi : « Seule une vraie stabilité législative et des engagements publics forts permettront d’accélérer la transition énergétique de notre pays ».
L’enjeu, pour l’éolien, est de passer à 2 GW terrestres supplémentaires par an, pour atteindre l’objectif de 34 GW cumulés fixé pour 2028 par la PPE. Alors que le Gouvernement a promis une hausse du rythme des appels d’offres pour l’éolien en mer d’1 GW « d’ici à 2024 », Pauline Le Bertre, déléguée générale de France Énergie Éolienne, attend que le calendrier se précise.
Les professionnels réclament aussi un raccourcissement des délais d'instruction et espèrent avancer dans les discussions avec l'aviation civile et l'armée sur la question des éoliennes de grande hauteur. L’harmonisation territoriale du déploiement et l’avenir des réseaux de raccordement font également partie des chantiers à traiter.
« L'éolien est de plus en plus compétitif, les premiers projets marins avancent... La filière a répondu présent », dit Pauline Le Bertre. « Pour l'éolien terrestre, on est sur un bon chemin, mais pour l'offshore, on est très en retard », précise-t-elle.
L’éolien, une énergie « pertinente »
France Énergie Éolienne souligne que « jamais la demande en énergie verte n’a été aussi forte ». La filière se présente comme une des énergies les plus compétitives avec des tarifs proposés inférieurs à 50 €/MWh pour l’éolien offshore et 63 €/MWh pour l’éolien terrestre ; des tarifs qui démontrent aussi « la maturité et la pertinence » de l’éolien.
Du côté de l’emploi, la filière est le 1er employeur ENR : en 2018, l’ensemble de la chaine de valeur éolienne en France employait 18 200 personnes, soit + 6,4% par rapport à 2017 et + 16% comparé à 2016. On estime que pour chaque nouveau MW d’énergie raccordée, la filière créé 1,2 emploi au cœur des territoires.
« La filière éolienne est en capacité de créer encore plus d’emplois et de valeur, de participer à l’amélioration des formations, d’accompagner le développement de nouvelles technologies. Surtout, nos métiers attirent de nombreux jeunes talents en quête de sens et d’engagement ; nous en sommes très fiers », souligne Olivier Perot.
Pour accélérer les recrutements, les entreprises ont besoin « de visibilité et d’une feuille de route plus claire », estime-t-il. « Gageons que la PPE permette cette lisibilité et donne le coup d’accélérateur que nous attendons tous ».
Outre les emplois, les installations éoliennes sont « une source pérenne et nouvelle de retombées financières pour les collectivités ». Les différents revenues fiscaux représenteraient en moyenne 15 000 euros par MW installé et par an. « Un parc éolien moyen créé ainsi chaque année un million de retombées fiscales, reversé aux différentes collectivités locales de sa zone d’implantation », avance enfin France Énergie Éolienne.
R.C
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