La crise énergétique préoccupe aussi le bâtiment non-résidentiel (Kingspan)
L’inflation du prix des énergies, constatée depuis quelques mois et aggravée par le conflit en Ukraine, n’est pas uniquement l’affaire des particuliers. Du côté des entreprises ou des ERP, la facture énergétique s’annonce également salée.
L’industrie, les commerces, les bureaux… Des secteurs particulièrement gourmands
Cependant, pour Cédric Bruge, président du groupe Kingspan Bacacier et Raoul Roth, président de Kingspan Light + Air, l’ampleur de cette inflation est difficile à jauger. L’addition dépend du type d’entreprise mais aussi de son contrat d’énergie.
Par exemple, « l’industriel a des contrats, que ce soit gaz et électricité, qui peuvent être bloqués, sur un an, deux ans, trois ans, ou qui sont directement impactés par l’inflation », développe Raoul Roth.
Une chose est sûre pour « ceux qui n’ont pas bloqué l’énergie, aujourd’hui, l’inflation est très largement supérieur à 30 % du prix de l’énergie », estime-t-il. Et Cédric Bruge de surenchérir, évoquant une augmentation par deux de la facture chez certains.
Tous deux s’accordent pour identifier trois grandes catégories particulièrement gourmandes en énergie : l’industrie, le commerce et les espaces bureaux. « Les bâtiments de commerce et de retail sont bien plus impactés, parce qu’aujourd’hui on reçoit du public. Et la température, dans un bâtiment logistique est de 12 ou 14° C. Vous allez pas faire rentrer des clients à 12 et 14°C (…), mais plutôt à 20 ou 22°C », détaille Cédric Bruge.
Un décalage thermique difficile à maintenir, comparé à l’industrie, où l’enjeu « est moindre, parce qu’on a des activités où il fait 15°C à 16°C, donc on peut travailler », oppose le président du groupe Kingspan Bacacier.
Et les bâtiments agricoles dans tout ça ? « C’est encore différent, puisque là c’est souvent pour du stockage de paille ou d’aliments pour les bestiaux. Aujourd’hui, dans les bâtiments agricoles, la grosse majorité sont construits avec du panneau solaire sur le dessus », nous répond Cédric Bruge.
Améliorer l’éclairage naturelle, l’autoconsommation et l’enveloppe du bâtiment
Devant réduire leur facture énergétique, tout en restant compétitives sur le marché, les entreprises ont encore plus de raisons que les particuliers de réduire la performance de leur bâtiment.
Entre la RE2020, la loi énergie et climat de 2019 ou le décret tertiaire : il y avait déjà « une certaine prise de conscience (…) La crise des énergies a donné la culbute finale à cette de prise conscience de nécessité de rénovation énergetique des bâtiments anciens », commente Cédric Bruge.
C’est dans ce sens que les représentants du groupe Kingspan ont identifié trois grands postes d’amélioration énergétique du bâtiment non-résidentiel, déclinables selon l’activité.
A commencer par l’enveloppe du bâtiment, nécessaire contre les déperditions thermiques, notamment dans les entrepôts logistiques, les bureaux ou les commerces. Telle est la démarche d’un site de stockage de Fidel à Louvres (95), équipé en panneaux sandwich isolants Kingspan en polyuréthane.
Autre type de travaux profitables aux bâtiments logistiques, ERP ou industriels : installer des puits de lumière pour réduire l’éclairage artificiel, parfois plus vorace en énergie que le chauffage et la climatisation. « Implanter des puits de lumière naturelle sur un bâtiment industriel (lanterneaux, dômes en toiture) c’est moins d’éclairage artificiel et moins de chauffage, permettant in fine de réduire de 30 à 50 % ses consommations », estime la marque, qui a justement équipé le magasin Carhartt à Hossegor (40) en verrière d’éclairage naturel.
Selon Kingspan, il convient aussi de favoriser l’autoconsommation des entreprises par le photovoltaïque, en particulier dans les bâtiments agricoles et logistiques. Un drive de Pornic (44) a ainsi fait appel aux fixations photovoltaïques de Kingspan. Il faut dire que la société de matériaux irlandaise développe son plan d’action climatique 2021-2030, élargissant son portefeuille de solutions durables.
En plus de ses panneaux d'isolation en plastique recyclé, ses panneaux photovoltaïques et ses vitrages, le marque caresse l’ambition de développer prochainement en France des systèmes de récupération d’eau de pluie. L’alimentation via les éoliennes est un autre projet mais pas dans l’immédiat.
Une attente due aux prises de positions étatiques actuelles. «Macron avait annoncé l’arrivée de cinq EPR dans les prochaines années. On va énormément pousser le photovoltaïque. Pour l’éolien, ce sera essentiellement de l’éolien offshore », nous rappelle Cédric Brudge. « L’éolien particulier, ne semble pas, à ce stade, être priorité », car présentant moins de rendements que le photovoltaïque, conclut Raoul Roth.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Kingspan