La construction d’habitats hors-site en pleine expansion
En France, la construction hors-site n’en est qu’à ses prémices. Comme son nom l’indique, ce mode constructif permet de fabriquer et de pré-assembler des composants de bâtiments, en usine, pour une installation sur l’emplacement final.
Une étude de BTP Consultants, bureau de contrôle technique - basé sur diverses sources (Insee, SMABTP, McKinsey...) - balaie les évolutions apportées par la construction hors-site dans le secteur.
Repenser les modes de construction du secteur
La construction d’habitats hors-site pourrait ainsi répondre à la nécessité de repenser les modes de construction dits « traditionnels ». En effet, la construction traditionnelle est sur le déclin depuis un bon nombre d’années, et elle présente de ce fait quelques inconvénients.
Tout d’abord en termes d’économie, puisque l’augmentation des coûts de construction entre 2019 et 2021 en France, est de 5,5 %, tandis que la productivité sur les chantiers a reculé de 19,3 % depuis 2001. Les retards de livraison, quant à eux, sont en moyenne de 5 mois sur près de 30 % des programmes immobiliers livrés.
En ce qui concerne l’écologie, la sinistralité des constructions traditionnelles a augmenté de 75 % en 10 ans et l’équivalent d’1,5 milliard d’euros de produits et matériaux non utilisés sur les chantiers sont jetés, ou à minima stockés chaque année sans être répertoriés par les 400 000 entrepreneurs français du BTP.
Un mode constructif en accord avec la RE2020
La construction d’habitats hors-site présente de nombreux avantages. Outre la réduction des délais, la réduction des coûts de 20 % ou encore celle des accidents de travail, elle s’avère être un atout majeur pour la mise en application de la RE2020.
Cette méthode constructive permet en effet de diminuer significativement l’empreinte carbone des ouvrages, tout d’abord parce que les coût des transports sont divisés par 5. Les matériaux de construction peuvent ainsi être stockés en usine, à l’inverse des chantiers sur lesquels ils sont livrés au compte-goutte et où ils peuvent se dégrader, et les ouvriers n’ont pas besoin de se déplacer sur chaque opération.
De plus, l’utilisation de matériaux renouvelables ou recyclables, tels que le bois ou d’autres matériaux biosourcés, est facilitée avec ce mode constructif. Les ressources sont également mieux gérées et triées, ce qui permet une réduction du gaspillage, et le recyclage des matériaux est mieux optimisé grâce à la démontabilité des éléments et modules ou leur réutilisation dans un autre lieu.
Le marché de la construction modulaire pourrait de ce fait atteindre les 130 milliards de dollars d'ici 2030 aux États-Unis et en Europe, ce qui permettrait des économies de coûts annuelles de 22 milliards de dollars.
Robin Schmidt
Photo de une : Adobe Stock