« Il faut pousser l'innovation dans le bâtiment » (E.Wargon)
Consacrée au thème « Rénover, réhabiliter, transformer : de la qualité de vie à la protection de la planète », la table ronde du 13 septembre présentait les nombreuses réflexions en cours. Ainsi, les experts présents ont pu échanger sur des thèmes variés tels que la rénovation de l’habitat, ou la transformation de bureaux en logements.
Aller vers des rénovations plus ambitieuses
Poussées par la stratégie bas-carbone de la France, les dernières réglementations misent sur des constructions plus écologiques. Seulement, pour sauver la planète du réchauffement climatique, il faut également rénover le stock de bâtiments existants. « On doit arriver à anticiper une rénovation globale des bâtiments », estime ainsi Samuel Minot, président de la FFB Rhône Métropole. Mais comment passer à l’acte ? C’est la question à laquelle les experts ont essayé de répondre durant les deux heures qui ont suivi.
Pour Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable, il y a deux sujets prospectifs à mobiliser en priorité : le bien-être à domicile, et grossir la maille d’intervention en appréhendant à plus large échelle cette rénovation.« Il faut passer à l’action ! », a-t-il insisté.
La rénovation énergétique doit être un point de départ pour la rénovation globale, mais la filière a besoin de moyens pour accompagner ce défi. Bien que MaPrimeRénov' connaisse un véritable succès, Emmanuelle Wargon annonce vouloir continuer à développer l’offre d’accompagnement en 2022, évoquant ainsi la possibilité que le « Prêt Avance Rénovation » voit le jour.
Miser sur la tranformation des bureaux en logements
La transformation de l'usage de bâtiments existants représente une opportunité pour construire des logements garantissant un bonne qualité de vie à ses habitants. Avec plus de 350 000 m2 de bureaux autorisés à être transformés en Île-de-France, ce phénomène commence à être pris au sérieux par l’ensemble du secteur.
« La profession est en train d’ouvrir la voix de cette transformation », indique Philippe Pelletier, en précisant que cette dernière doit être « générale » pour ne pas que ça devienne « trop exigeant ». Pour le président du Plan Bâtiment Durable, l'obsolescence des bureaux existants va « s’accélérer », tandis que la capacité à démolir va quant à elle ralentir en raison de son poids carbone trop important. Joachim Azan, président de Novaxia, indique quant à lui qu’il faut« faire un travail pédagogique auprès des promoteurs ». En effet, ces derniers reconnaissent que la transformation de bureaux en logements est utile, mais beaucoup ont encore du mal à y voir une solution durable.
Même si le gouvernement semble pousser en faveur de cette solution, la transformation reste complexe et coûteuse. Elle demande une véritable volonté des politiques et de l’ingénierie, mais aussi des aides financières. Sur ce point là, les experts sont tous d’accord : il faut aider sur les performances de l'enveloppe. A la question des barrières réglementaires, la ministre du Logement a annoncé son intention de créer « une revue en bonne et due forme » et pourquoi pas « la fusion d'un seul outil à l'image de MaPrimeRénov' ».
Si la plupart des faisceaux de cette démarche sont inédits, le secteur et le gouvernement doivent se donner des objectifs. « Il faut pousser l’innovation dans le bâtiment au sens plus large », a souligné Emmanuelle Wargon. « Nous avons pas mal de prises de travail pour améliorer l’habitat. La filière bâtiment doit devenir une filière d’excellence et pour cela, il faut mettre en évidence cette transformation », a-t-elle conclu.
Marie Gérald
Photo de une : Marie Gérald