Energie hydrolienne : un immense potentiel pour l’industrie française
Le potentiel mondial des hydroliennes est compris entre 50 et 100 GW. En Europe (entre 15 et 35 TWh/an), le potentiel français est le second (20% de la ressource) après celui du Royaume-Uni. Les sites exploitables en France sont Barfleur dans le Cotentin, Bréhat dans les côtes d'Armor, la passe du Fromveur dans le Finistère, mais surtout le Raz-Blanchard près de Cherbourg.
DCNS a investi 140 M€ pour prendre le contrôle d’OpenHydro, une entreprise irlandaise qui développe la turbine la plus avancée du secteur, permettant de proposer une énergie à un prix compétitif. L’entreprise a établi des partenariats commerciaux avec des électriciens de premier plan afin de valoriser des sites à forts courants marins. Elle réalise des tests de turbines sur différentes zones en Europe et en Amérique du Nord et œuvre notamment au service d’EDF à Paimpol-Bréhat (Bretagne) et de SSE à Pentland Firth (Ecosse).
La prochaine étape est d’installer dans le raz-Blanchard une ferme pilote connectée au réseau électrique d’ici à 2016 qui devrait préfigurer la phase commerciale prévue pour 2018. Les caractéristiques des turbines hydroliennes imposent de les assembler et les entretenir au plus près des zones où elles sont exploitées. Des sites industriels seront donc créés dans les régions où OpenHydro sera maître d’œuvre de fermes d’hydroliennes. Ces développements seront créateurs de richesses et d’emplois pour les bassins d’activités concernés. Cherbourg pourrait bénéficier de la création de plusieurs centaines d’emplois en devenant le centre de gravité de l’industrie hydrolienne française.
Un tarif d’achat encore insuffisant
Le coût des turbines hydroliennes reste élevé car ces technologies n’ont pas achevé leur maturation technologique. Des progrès restent également à accomplir pour améliorer l’organisation industrielle de la filière et pour bénéficier à plein des économies d’échelle. Pour l’hydrolien comme pour l’éolien, le coût de production visé d’ici à 2020 est de l’ordre de 150 €/MWh, c’est-à-dire le coût de l’éolien offshore posé.
En France, l’arrêté tarifaire du 1er mars 2007, fixant les conditions d'achat de l'électricité produite par les installations utilisant l'énergie hydraulique des lacs, cours d'eau et mers, prévoit, pour les énergies marines renouvelables (systèmes houlomoteurs, marémoteurs ou hydroliens), un tarif d’achat de 163€/MWh pendant 20 ans.
A ce jour, ce tarif est insuffisant pour couvrir une partie raisonnable des frais occasionnés par l’installation d’une ferme-pilote, laquelle génère des frais fixes élevés, comme le raccordement au réseau électrique, une flotte de maintenance, des coûts de fabrication supérieurs à une fabrication en série, etc. C’est pourquoi les industriels ont proposé de définir une catégorie supplémentaire d’installations pouvant donner lieu à un tarif d’achat, les « fermes expérimentales » utilisant les énergies marines.
L.P