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Crise énergétique : échange entre Macron et Scholz

Publié le 06 septembre 2022

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Ce lundi 5 septembre, Emmanuel Macron, président de la République française et Olaf Scholz, chancelier de la République fédérale d’Allemagne se rencontraient par visioconférence. Le sujet de cet entretien ? La crise énergétique, mais également les leviers envisagés par les deux pays pour stocker l’énergie nécessaire pour l’hiver et contrôler la flambée des prix. Plus tard dans l’après-midi, le chef de l’Etat a exposé les grandes lignes de cette discussion lors d’un point presse.
Crise énergétique : échange entre Macron et Scholz - Batiweb

Après le conseil de défense dédié à la crise énergétique, Emmanuel Macron s’entretenait ce lundi 5 septembre avec Olaf Scholz sur la question. 

A rappeler que les hausses de prix de l’énergie, sur fond de reprise post-Covid et de guerre en Ukraine, continuent d’inquiéter l’Europe. En découlent à la fois des leviers activés par l’Union européenne mais aussi des initiatives propres à chaque Etat-membre pour s’émanciper du gaz russe

« Nous avons un objectif qui est de sécuriser les fournitures de gaz et le plus vite possible d'accélérer notre transition pour pouvoir nous en passer. Et évidemment, dans ce contexte, dans cet entre-temps, de maîtriser les prix et l’inflation qui en découle. Et je le dis dans un contexte où en un an de temps, les prix du gaz ont été multiplié sur le marché par cinq ou six, et le prix de l’électricité ont atteint des niveaux qu’ils n’avaient jamais connus, avec des phénomènes spéculatifs extrêmement importants », contextualisait le président de la République, à la suite l’entretien avec son homologue allemand, lors d’un point presse.

La solidarité européenne, en particulier franco-allemande, au premier plan 

 

En introduction de son discours, Emmanuel Macron a tenu à réaffirmer l’engagement du gouvernement pour la sortie des énergies fossiles et l’accélération du renouvelable et du nucléaire. Un mix énergétique soutenu par l’Europe mais aussi à l’échelle française par le président en février dernier

Le chef de l’Etat français en a profité également pour balayer les différents leviers exposés lors du conseil de défense contre la crise énergétique. D’un côté le stockage du gaz, de l’autre la sobriété énergétique. Mais le troisième élément sur lequel le président de la République a particulièrement insisté, c’est la « solidarité européenne ». En particulier sur la « coordination et la solidarité franco-allemandes », au coeur de l’échange entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz. 

« Si je devais simplifier les choses : l’Allemagne a besoin de notre gaz. Et nous, nous avons besoin de l’électricité produite dans le reste de l’Europe, en particulier l’Allemagne », exposait le président. Et d’ajouter que ce partenariat n’est pas tant lié à la guerre russo-ukrainienne qu’à un « phénomène conjoncturel qui est qu’aujourd’hui : le parc nucléaire installé en France est face à des défis techniques, qui a conduit le superviseur, l’Autorité de sûreté technique du nucléaire, à demander des travaux à EDF. Ce qui fait que nous avons plus de centrales que prévu qui sont en maintenance ». 

Concrètement, l’échange énergétique franco-allemand se traduit d’abord par la finalisation, dans les prochaines semaines, des connexions gazières, capables de fournir l’Allemagne, en cas de pic hivernal par exemple. « Pour la première fois depuis longtemps, la France sera exportatrice de gaz vers l’Est de l’Europe », se réjouissait Emmanuel Macron. En retour, l’Allemagne fournira la France en électricité.

Concernant d’autres pays de l’UE, Emmanuel Macron se dit favorable à l’intensification des connexions et interconnexions électriques entre la France et l’Espagne. Sur les échanges gaziers, notamment par le gazoduc MidCat, l’occupant de l’Elysée se montre plus sceptique. « La réalité c’est qu’aujourd’hui entre la France et l'Espagne, il y a deux gazoducs. La réalité c’est que si je prends l’utilisation de ces gazoducs, depuis la période de stress, c’est-à-dire février, ils sont utilisés à 53 % de leur capacité (...) quand je regarde les chiffres du mois d’août, le sens de la marche est que la France exporte du gaz vers l’Espagne », développait-t-il. 


Des mesures à renforcer au sein de l'UE sur l’envolée des prix


Au-delà du stockage des énergies, la volatilité des prix a été également abordée lors de la visioconférence entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz.

Le président français défend d’abord des mesures nationales, évoquant le bouclier tarifaire sur le gaz et l’essence déployé en automne 2021 en France. « Néanmoins, nous le savons, dans les prochains mois, il nous faudra encore mieux cibler et avoir une réponse plus structurelle, pour aider plutôt à la rénovation thermique et à l’électrification des pratiques et cibler nos réponses pour accompagner les ménages » , nuance-t-il. 

D’autant que l’annonce a été suivie le lendemain d’une enveloppe supplémentaire accordée par le gouvernement à la rénovation énergétique des bâtiments publics. Le gouvernement allemand, de son côté, a annoncé ce dimanche 4 septembre le déblocage de 65 milliards d'euros pour améliorer le pouvoir d’achat en cette crise énergétique, selon l’AFP.

En outre, Emmanuel Macron et Olaf Scholz encouragent le travail de la Commission européenne pour s’émanciper du gaz russe. A commencer par l’achat de gaz commun pour un coût moindre. 

« Nous défendons un mécanisme de contribution européenne qui serait demandé aux opérateurs énergétiques, pour ceux dont les coûts de production seront très inférieurs aux prix de vente sur le marché. Il y a en effet des bénéfices indus qui sont faits par des opérateurs de marché aujourd’hui. La bonne approche, qu’une contribution leur soit demandée au niveau européen. Cette contribution pourra ensuite être reversée aux Etats-membres pour financer leurs mesures nationales ciblées », ajoutait le chef d’Etat français. 

L'intéressé insiste également que si cette mesure n’est pas validée à l’échelle européenne, la France prendra le relai à l’échelle nationale, le gouvernement ayant déjà demandé des efforts à des géants de l’énergie comme TotalEnergies ou Engie. Le plafonnement et la lutte contre les pratiques spéculatives, sources de la flambées des prix, sera également mis sur la table. 

Il s’agit là de mesures à court-terme. « A moyen-terme, ça veut dire dans les prochains mois, il nous faut continuer à avancer à marche forcée, d’abord pour produire et produire davantage de sources alternatives, d’énergie et tout particulièrement d’électricité en France et en Europe. C’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement de parachever des textes législatifs, pour permettre d’accélérer nos projets de production d’énergies renouvelables et de nucléaire », abonde Emmanuel Macron, faisant référence à la lenteur de certains projets, comme le déploiement de l'éolien en mer, lancé sous le gouvernement Hollande. 

Accélérer et réguler le marché de l’électricité sont ainsi d’autres priorités. La reforme du marché fait d’ailleurs l’objet d’un accord franco-allemand sur le sujet, et d’une vraie convergence de vue avec l’Italie, selon le président.

L'ensemble de la stratégie énergétique européenne sera discutée par les ministres de l’Energie européens le 9 septembre.
 

Virginie Kroun
Photo de Une : Twitter @Elysee

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