Chaleur renouvelable : la filière présente son « Plan Marshall »
En juin prochain, le gouvernement présentera sa troisième Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). « La PPE de la dernière chance », pour la filière chaleur renouvelable qui regroupe plusieurs organisations : l’Association Française des Professionnels de la Géothermie (AFPG), l’Association technique énergie environnement (ATEE), le réseau nationale AMORCE, le Comité Interprofessionnel du Bois-Energie (CIBE), le Syndicat des énergies renouvelables (SER), l’association Via Sèva, la FEDENE ainsi que le syndicat Enerplan.
Ensemble, elles ont présenté ce vendredi 21 avril, à la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, un « Plan Marshall » pour, booster la part d’énergies renouvelables (EnR) et atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050, à l’échelle française.
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Augmenter la part d’EnR à 54 % en France d’ici 2030
Si la chaleur concentre la moitié de l’énergie consommée en France, elle demeure la « grande oubliée » des enjeux énergétiques discutés actuellement, selon ses représentants.
Pourtant, en témoignent les tensions d’approvisionnement sur fond de guerre en Ukraine, la production thermique française continue de dépendre des énergies fossiles importées, même si moins que ses voisins européens. En parallèle, la crise énergétique a poussé le déploiement des EnR, via la loi, et des projets de plus en plus nombreux, notamment dans le solaire.
« Les sources d’énergies renouvelables et de récupération sont en progression constante et représentent déjà 23 % de la consommation totale de chaleur en France », rapportent les auteurs du « Plan Marshall » consacrée à la chaleur renouvelable. Ce dernier entend aller plus loin et porter à 54 % la part de renouvelables dans la production thermique. Des objectifs au-dessus des 32 % de la consommation finale brute d’énergie, fixés dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte (TECV) en 2015.
Gaz renouvelables, solaire thermique, PAC aérothermiques, géothermie, chaleur de récupération et biomasse : toutes ces sources énergétiques devront constituer, ensemble, la moitié de la production de chaleur et doubler leur part, passant de 158 à 304 TWh.
« Ces 300 TWh de chaleur renouvelable et de récupération éviteront l’émission de 62 millions de tonnes de CO2 tous les ans, génèreront des économies pour les finances publiques et la balance commerciale du pays en effaçant plus de 15 milliards d’euros d’importations d’énergies fossiles et profiteront directement aux ménages et aux entreprises. Ils sont également source de souveraineté énergétique pour la France et l’Europe en permettant de valoriser des ressources disponibles sur nos territoires », expose la filière.
Vers une revalorisation du Fonds chaleur ?
Parmi les leviers d’accélération évoqués : la valorisation de la chaleur fatale des installations industrielles, l’élaboration de plans solaires par secteur (camping, industrie agro-alimentaire, piscines publiques…), ainsi que le lancement du Plan national Géothermie ou de Certificats de Production de Biogaz pour la méthanisation.
Les collectivités territoriales auront un rôle particulier à jouer, et pour lequel le plan encourage une stratégie territoriale de chauffage dans les documents d’urbanisme et d’habitat, des études de faisabilité publiques dans la création de réseaux de chaleurs au sein des communes de plus de 10 000 habitants ou bien l’établissement d’un plan « Etat et collectivités exemplaires ».
Une logique de planification qui doit s’accompagner d’une ingénierie territoriale. Et cela nécessite, selon le Plan Marshall de la chaleur renouvelable, des « formations diplômantes » et une « politique d’emplois dédiée ». Est ainsi préconisé le déploiement d’un réseau de « Générateurs Chaleur Renouvelable et Réseaux de chaleur Multi-Energies » et, pour les particuliers, par l’intermédiaire de France Rénov, un accompagnement, que ce soit en individuel ou en collectif.
Sans compter le levier rénovation des bâtiments, avec l’installation de boucles d’eau chaude secondaires dans les bâtiments résidentiels et tertiaires, ou encore l’inscription du dispositif MaPrimeRénov’ « dans une trajectoire budgétaire pluriannuelle ». D’ailleurs, la filière chaleur renouvelable recommande une augmentation pluriannuelle du Fonds chaleur, qui devrait s’élever selon eux à 750 millions en 2023, pour les projets déjà transmis à l’ADEME.
« L’Union européenne vient d’envoyer un signal très fort, en prévoyant de doubler la part des énergies renouvelables d’ici 2030. Cette accélération devra nécessairement passer par le déploiement massif de sources de chaleur renouvelable additionnelles si nous souhaitons tenir nos engagements climatiques et faire face à l’urgence énergétique », soulignent les organisations de la filière chaleur renouvelable.
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock