BMI Monier se lance dans les produits biosourcés
Dans un contexte d’entrée en vigueur de la nouvelle Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), les industriels du bâtiment vont devoir réduire l’empreinte carbone de leurs produits. Pour cela, le recours aux matériaux biosourcés fait partie des solutions. Issus du végétal et renouvelables à l’infini, ces matériaux permettent en effet de se substituer à des matières premières pétrosourcées.
Un écran de sous-toiture conçu à partir de canne à sucre
BMI Monier a pour sa part développé un nouvel écran de sous-toiture conçu à partir… de canne à sucre. Un travail important de R&D a été mené pour utiliser l’éthanol issu de la canne à sucre en bio-polyéthylène, et ainsi éviter de recourir à des matières premières issues du pétrole et du gaz. Une recherche d’autant plus utile dans le contexte actuel de flambée des prix de ces énergies, aggravée par la guerre russo-ukrainienne.
« Les premiers écrans de sous-toiture qui ont été lancés sur le marché il y a plus d’une trentaine d’années sont les écrans bitumé ou bitumineux, fabriqués à partir de pétrole », explique Anca Zanfir, responsable marketing composants chez BMI Monier. « Par la suite, il y a eu les écrans de sous-toiture synthétiques, fabriqués à partir de deux polymères : les polypropylènes, ou les polyéthylènes. Les deux matières sont également conçues en utilisant du pétrole ou du gaz naturel », ajoute-t-elle.
Après trois ans de recherche et d’essais industriels, l’écran de sous-toiture Biolaytec, composé à partir de bio-polyéthylène, a été mis sur le marché en février 2022. « D’un point de vue chimique et structure moléculaire, le bio-polyéthylène et le polyéthylène issu du pétrole sont identiques », précise Anca Zanfir. Les deux types de produits sont donc aussi résistants, mais Biolaytec est pour sa part composé à 87 % à partir de ressources renouvelables.
L'écran de sous-toiture Biolaytec de BMI Monier
« C’est vraiment le premier produit qui contient une ressource renouvelable, et je pense que ça ne sera pas le dernier vu les tendances actuelles. Je pense que nous n’arrêterons pas là, et que nous irons encore plus loin. Avec la RE2020, on voit qu’il y a une sensibilité au niveau de nos clients », note la responsable marketing.
Optimiser la fabrication pour réduire les émissions de CO2
Outre l’innovation éco-responsable Biolaytec, BMI Monier travaille plus globalement à réduire son empreinte carbone. Pour cela, Rémi Ogez, responsable marketing systèmes tuiles chez BMI Monier, explique qu’un travail a été mené ces dernières années pour réduire le poids et augmenter la taille des tuiles.
« C’est-à-dire qu’entre les tuiles qu’on fabriquait il y a 60 ans et les tuiles que l’on fabrique maintenant, il y a eu une réduction de poids. On a optimisé les masses, ce qui fait qu’on utilise moins de matière première, et du coup on consomme forcément moins d’énergie pour les fabriquer. Ce qui contribue aussi à économiser du CO2, c’est la taille. Il y a encore 30 ans on était capables de faire que des petites tuiles. Aujourd’hui on fabrique des tuiles qui ont une surface utile beaucoup plus importante et du coup, là aussi il y a un vrai gain », détaille-t-il.
« On travaille aussi sur les fours pour pouvoir recycler de la chaleur et la repasser dans les séchoirs et ainsi pouvoir sécher une partie des tuiles en mettant à contribution de l’énergie qui a déjà été produite. Et puis on travaille systématiquement sur les réglages des fours pour dépenser le moins d’énergie possible pour la partie tuiles en terre cuite », ajoute Rémi Ogez.
En dehors des tuiles en terre cuite, le responsable marketing rappelle également que les tuiles béton ont la particularité de pouvoir ré-emmagasiner du CO2 tout au long de leur vie, grâce au phénomène de carbonation.
Interrogé par Batiweb sur la conjoncture actuelle avec les pénuries et hausses de prix des énergies et des matières premières, Rémi Ogez estime que la tuile s’en sort plutôt bien : « En ce qui concerne les tuiles, cela reste relativement bas. On n’est pas au niveau de produits comme l’acier ou l’aluminium, pour lesquels on enregistre des augmentations de prix qui vont parfois au-delà des 100 % », souligne-t-il.
Autre aspect positif : le dynamisme du marché, en rénovation comme en construction : « Le marché de la rénovation tourne très bien depuis le premier confinement, mais le neuf aussi avec l’effet RE2020, qui fait que beaucoup de permis de construire ont été signés avant la mise en application de la loi, pour avoir moins de contraintes. Tout cela a boosté la rénovation et le neuf, donc la demande sur les tuiles et les composants est très forte actuellement. Le marché est très tendu en tuile terre cuite, et on a un marché croissant en tuiles béton », conclut-il.
Claire Lemonnier
Photo de une : V.K.