Béton de chanvre : ses performances thermiques seraient sous-estimées (étude)
Développé depuis le début des années 1990, le béton de chanvre, composé d'un liant, d'eau et de fibres de chanvre, se révèle particulièrement intéressant pour la construction durable.
Utilisé comme matériau de remplissage dans une structure bois, il permet de stocker de nombreux kilos de CO2, avec plus de 35 kg de CO2 par m2 pour un mur de 26 cm d'épaisseur, sur plus de 50 ans.
Mais certaines de ses performances restent mal connues, et le béton de chanvre fait encore l'objet de nombreux tests et expérimentations, comme récemment avec des essais au feu dans le cadre d'un local expérimental pour incendie réel (Lepir) de niveau 2.
Le Cerema a de son côté mené une étude pour le compte de Construire en Chanvre Île-de-France, avec le soutien du Ministère de la Transition écologique, de Gatichanvre et de BioBuild. Il s'agissait d'étudier plus en détails les performances thermiques du béton de chanvre.
L'étude a été menée à partir d'un bâtiment fictif de 100 m2 en R+1, dont les parois étaient isolées par 30 cm de béton de chanvre. Les simulations ont quant à elles été réalisées avec le logiciel WUFI plus.
Un matériau qui réduirait considérablement les besoins en chauffage
Les résultats de cette étude révèlent que les échanges entre le béton de chanvre et la vapeur d'eau contenue dans l'air permettent de réduire les variations de températures et d'hygrométrie dans un bâtiment, permettant d'améliorer le confort thermique et hydrique, et de réduire les besoins en chauffage.
Ainsi, les transferts couplés de chaleur et d'humidité permettraient de réduire de 20 kWh par m2 par an les besoins en chauffage, et de réaliser jusqu'à 70 % d'économies de chauffage lorsque l'ensemble du bâtiment est bien isolé.
Or, selon le Cerema, les phénomènes de changement d'état de l'eau ne seraient pas suffisamment pris en compte dans le mode de calcul réglementaire actuel : « L’épaisseur de béton de chanvre mise en œuvre pour respecter la RT 2012 est supérieure à celle effectivement nécessaire pour viser une consommation énergétique donnée : cela conduit donc à des surcoûts de construction et, par conséquent, à une moindre compétitivité du béton de chanvre vis-à-vis d’autres matériaux », constate le centre d'études.
En conclusion, le Cerema estime que les économies d'énergie permises par le béton de chanvre mériteraient d'être étudiées de façon plus approfondie, de même que la question des besoins en refroidissement.
Claire Lemonnier
Photo de une : Cerema – Etienne Gourlay