Village de tentes de protestataires à Moscou devant le siège du gouvernement
Plusieurs dizaines de milliers de Russes, notamment dans la région de Moscou, attendent depuis plusieurs années de prendre possession des logements qu'ils ont achetés sur plans, avant le début de leur construction, qui n'a jamais été menée à terme. Parmi les promoteurs immobiliers incriminés, le groupe Initiative sociale, qui insistait dans ses publicités sur le soutien dont elle bénéficiait des autorités, notamment de la mairie de Moscou. "Le pouvoir est coupable dans cette affaire parce qu'il ne contrôle pas les activités de ces promoteurs, leur donne des permis de construire", s'est 0énervée Lioudmila Melnikova, cadre de 39 ans d'une entreprise moscovite de produits chimiques.
"C'est un gouvernement antisocial!", ont crié les manifestants, faisant cercle autour de leur village de tentes afin d'empêcher sa destruction par les troupes des forces spéciales de la police stationnées à proximité de cette manifestation non-autorisée sous les fenêtres du gouvernement. Mais peu avant minuit, heure limite fixée par les autorités pour le départ des protestataires, des policiers ont dispersé le campement, abattant les tentes à coups de pied et capturant tous les participants malgré les cris et les tentatives de résistance.
Avant d'intervenir, la police avait proposé aux protestataires des autobus pour les conduire vers les gares de Moscou, mais ils avaient refusé, déclarant qu'ils n'avaient nulle part où aller. Dans la journée, les manifestants de cette protestation se présentant comme apolitique et émanant d'un collectif d'"investisseurs trompés" s'en étaient pris aux "promesses non tenues" du gouvernement en matière de logement social. Le président Vladimir "Poutine ne cesse de dire qu'il faut donner la priorité au social, notamment à la construction de logements. Mais où est cet argent?", s'interrogeait un des campeurs, Vassili Lobas, professeur de danse d'une cinquantaine d'années.
"Dans ce pays, on ne construit quasiment pas de logements sociaux, on ne fait que des promesses", ajoutait Lioudmila Melnikova, manifestante novice qui avait rejoint ce collectif d'"investisseurs trompés", phénomène rare en Russie où la société civile est très peu développée.