Eurotunnel suspendu à d'ultimes négociations pour éviter le dépôt de bilan
a jusqu'à mercredi soir pour renégocier sa dette colossale de 9 milliards
d'euros avec ses créanciers, faute de quoi il est condamné au dépôt de bilan.
La direction a convié ses créanciers minoritaires à d'ultimes négociations
mardi pour trouver un accord, alors que s'achève mercredi à minuit le délai
("waiver") qui autorise le groupe franco-britannique à renégocier sa dette
avec ses créanciers.
Après cette date, "je ne pourrai plus négocier" et "la situation sera définitivement figée", a-t-il ajouté, rejetant les responsabilités sur ceux qui empêcheraient une entente. "Je ne voudrais pas être celui qui envoie Eurotunnel entre les mains de la justice", a dit Jacques Gounon. Un accord a déjà été trouvé en mai entre la direction et les créanciers majoritaires mais les autres créanciers -dits subordonnés- s'opposent à ce plan de restructuration, s'estimant lésés. Or, l'approbation de 100% d'entre eux est nécessaire pour que le plan de refinancement soit validé puis éventuellement approuvé en assemblée générale d'actionnaires.
L'Arco, association qui dit représenter 68% des porteurs d'obligations, a répété vendredi que les obligataires qu'elle représentait avaient rejeté le plan soutenu par la direction "comme base de discussion et le considéraient comme inapplicable et caduque". Ce plan prévoit notamment la réduction de moitié de la dette du groupe. Certains obligataires de l'Arco se rendront néanmoins à la réunion de mardi, a précisé un porte parole de l'association. L'Arco propose un autre plan de financement, qui leur est plus favorable mais qu'Eurotunnel refuse de considérer comme une alternative. Les créanciers obligataires s'opposent en particulier au montant que propose de leur rembourser Eurotunnel. Selon les modalités prévues dans le plan concocté par les banques américaine Goldman Sachs, australienne Macquarie et britannique Barclays, le groupe leur propose 120 millions euros, alors qu'en valeur faciale, les obligations valent 2,7 milliards.
Du coup, Eurotunnel et les créanciers obligataires ne s'entendent pas sur
le poids représentés par ces derniers. L'Arco, association porte-parole de
porteurs d'obligations, dit représenter 30% de la dette du groupe.
Mais selon la valeur des obligations actuellement sur le marché, elles ne
valent que 5% de la dette, avance de son côté Eurotunnel.
Une étape a été franchie vendredi, lors d'une première réunion entre
obligataires et Eurotunnel, qui dit avoir proposé des "ouvertures" aux
créanciers présents, parmi lesquels des représentants des banques BNP-Paribas,
CIC, Goldman Sachs ou encore Close Brothers, selon Jacques Gounon.
Les actionnaires d'Eurotunnel doivent se réunir en assemblée générale le 27
juillet.
Le titre Eurotunnel est suspendu de la cotation à la Bourse de Paris depuis
le 15 mai.