Eiffage: les actionnaires sont appelés mercredi à trancher le cas Sacyr
"Non à une fusion, oui à des coopérations", avait résumé le PDG d'Eiffage, Jean-François Roverato, alors focalisé sur le rachat en cours d'Autoroutes-Paris-Rhin-Rhône (APRR) avec le fond australien Macquarie. Mais Sacyr, cinquième groupe espagnol, a choisi une autre stratégie: la montée progressive à son capital, pour arriver aujourd'hui, avec 32% du capital et 33,3% des droits de vote, au seuil d'une OPA. Pour son PDG Luis del Rivero, sa prise de participation croissante n'a cependant "aucune connotation hostile".
"Le seul motif de notre investissement, c'est que le secteur de la construction en France va bien, et que les entreprises du secteur cotées en Bourse offrent des marges intéressantes", plaide M. del Rivero. Avant de remporter une compétition acharnée pour racheter APRR, Eiffage avait pris de l'envergure ces dernières années, grâce à une réussite boursière mais aussi en construisant le viaduc de Millau. Tout en affirmant que le groupe de BTP français peut se développer "tout seul", le PDG d'Eiffage considérait en mars que pour être "correcte" une OPA sur son groupe devrait atteindre 150 euros par actions, en cash.
Eiffage reproche à l'espagnol d'avoir "acquis, sans concertation près du tiers du capital d'Eiffage et d'exprimer (...) des intentions d'orientations stratégiques divergeant de celles menées avec succès par Eiffage depuis de nombreuses années", a-t-il dit dans un communiqué vendredi. Pour faire barrage à Sacyr, Eiffage a consolidé son capital. Le financier Albert Frère s'est invité au tour de table en prenant une participation de 6%. La Caisse des Dépôts, qui veut prendre une participation directe de 35% dans la compagnie Eiffage du viaduc de Millau, est montée de 3% à 5% au capital d'Eiffage.
De leur côté, les salariés, qui détenaient jusqu'à présent 20% d'Eiffage, ont souscrit plus de 100 millions d'euros à l'augmentation de capital annuelle qui leur était réservée. La nouvelle part du capital détenue par les salariés n'a pas été donnée par Eiffage. Selon un calcul basé sur la valorisation de la société, évaluée avec le cours jeudi soir en clôture à la Bourse de Paris à 5,4 milliards d'euros, leur part doit désormais se situer autour de 21,5%. Eiffage, qui emploie 48.000 salariés, a réalisé en 2005 un chiffre d'affaires en hausse de 9,6% à 8,433 milliards d'euros.