Cadeaux, enveloppes et corbeau: le procès Schuller a véritablement démarré
"Pour moi, c'était des commissions", a expliqué Françoise Monfort. Selon elle, leur montant représentait d'abord 3%, puis plus tard 5% du prix des marchés obtenus par son entreprise auprès de l'Office HLM du département, dont le directeur général n'était autre que le conseiller général RPR Schuller.
Le 1er février 1995 vers 14H00, Françoise Monfort et Jean-Paul Schimpf sont interpellés sur le parking d'un Novotel du Val-de-Marne, alors que la première remet au second une enveloppe contenant 46.500 francs en liquide.
La police agit alors sur commission rogatoire du juge d'instruction Eric Halphen, qui le matin même a reçu un coup de téléphone anonyme le prévenant de cette transaction. Jamais le corbeau ne sera identifié. Outre les enveloppes d'argent, l'enquête dévoile aussi que l'entreprise AVS a payé près de 30.000 francs un encart publicitaire dans le journal de campagne de Didier Schuller, Le Clichois. "On nous a demandé de payer cette publicité, on a dit oui...", explique Françoise Monfort, mal à l'aise.
Patrick Fresco, son ancien bras droit au sein d'AVS, est plus prolixe : "Les insertions dans les bulletins communaux, les journaux de campagne, d'associations, on en faisait un peu chez l'un, un peu chez l'autre", raconte-t-il avec un accent méridional et d'importants mouvements des bras.
Lui se souvient aussi avoir offert à Jean-Paul Schimpf un véhicule 4X4 Lada. "Il en avait besoin pour lui, en Alsace, pour se déplacer", dit-il. En Alsace, où justement Didier Schuller possédait une chasse, où il se rendait régulièrement avec Jean-Paul Schimpf.
Dans les comptes de Françoise Monfort, le président du tribunal Dominique Pauthe note aussi "un voyage" payé à une personne inconnue, pour "15.000 francs". Mais ni Patrick Fresco ni son ancienne patronne ne se souviennent du nom de l'intéressé. Reste à savoir à qui étaient destinées les commissions. "Je me doutais bien que ça n'allait pas pour les gardiens de l'Office HLM, mais de là à savoir à qui...", tente Patrick Fresco. Il poursuit : "Jean-Paul Schimpf m'a bien dit à un moment donné qu'il avait des contacts avec Didier Schuller", sans être plus explicite. "Ce n'est pas quelqu'un d'aussi bavard que moi vous comprenez".
L'audience reprendra mardi à 10H00 avec l'audition de Jean-Paul Schimpf. Le procès, dans lequel comparaissent 10 personnes dont Didier Schuller pour des faits de trafic d'influence et abus de biens sociaux, devrait s'achever le 22 juillet au lieu du 15 comme prévu initialement, en raison de la semaine d'interruption survenue pour des questions de procédure.