Insalubrité : la tour Guyenne évacuée à Sarcelles
Ce lundi 18 décembre, les 200 occupants de la tour Guyenne, à Sarcelles (Val d’Oise), ont été évacués. La raison : un « danger grave et imminent pour les occupants et les tiers », en cas de départ de feu, selon un rapport d’expertise.
Copropriété de 67 logements et 17 étages, il s’agit d’une des quatre tours d’habitation des Flanades, complexe urbain bâti durant les années 1970 au coeur du Grand Ensemble de Sarcelles.
Détenue par sept-propriétaires européens, la tour a été plusieurs fois signalée pour la présence de marchands de sommeil. À préciser que ladite opération fait suite à une série d'incendies mortels dans des bâtiments insalubres. On pense notamment aux incendies survenus à Vaulx-en-Velin, dans le Rhône (dix morts) et à Stains (trois morts), en Seine-Saint-Denis.
« Le chauffage central ne fonctionne plus »
La tour Guyenne est on ne peut plus dégradée, et d’autant plus endettée à hauteur d’un million d’euros. À tel point que l’immeuble présente un risque d’incendie et se trouve ces derniers mois sous la coupe d'un administrateur judiciaire.
« Les canalisations qui permettent de desservir cet immeuble sont dans un tel état de délabrement que le chauffage central ne fonctionne plus, il est coupé dans l'immeuble. Les gens se chauffent au radiateur électrique branché directement sur la prise », a exposé Patrick Haddad, maire PS de Sarcelles, ce vendredi 15 décembre.
Cette procédure judiciaire, nécessaire pour dessiner un plan de travaux, a abouti à l’évacuation de la tour Guyenne. « C’est une évacuation qui est nécessaire et courageuse. La puissance publique va se substituer à une copropriété, c'est-à-dire à la somme des propriétaires, qui est défaillante», a défendu à la presse Philippe Court, préfet du Val-d'Oise.
« L’écrasante majorité des gens est coopérative »
Ce lundi à 7h du matin, des équipes de fonctionnaires ont évacué les occupants de la copropriété, en commençant par le 17ème et dernier étage. Pour accueillir les évacués, des barnums ont été établis dans le centre commercial au pied de la tour.
« L’écrasante majorité des gens est coopérative. On a prévu un gros dispositif, à la fois de sécurité technique mais aussi d'accueil, d'accompagnement », a déclaré à l'AFP le maire de Sarcelles.
Même si l’évacuation a été réalisée dans le calme, dans un ballet de sacs et de valises, la sérénité n'occupait pas tout le monde. Lounes vivait par exemple, avec sa femme et ses deux enfants, dans un F3 divisé en deux par le propriétaire, l’autre moitié loué à une seconde famille de cinq personnes. Ce qui revient à 30 m2 pour le ménage, pour un loyer mensuel de 900 euros.
Malgré ces frais exhorbitants, « c’est très compliqué de trouver [un logement]. Si on n'a pas une fiche de paye qui fait trois fois le loyer, on a du mal avec les agences », a confié le chauffeur de taxi à l’AFP. Les occupants détenant un titre de propriété ou un bail à leur nom pourront bénéficier de six mois d'hébergement temporaire, dans l’attente d’un nouveau logement.
La tour Guyenne sera reprise par un bailleur social. Ce dernier bénéficiera d’une aide financière de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) pour sa réhabilitation.
Virginie Kroun (avec l’AFP)
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