En dix ans, le BIM a révolutionné la modélisation de bâtiments et infrastructures. En offrant un outil transversal et collaboratif, ce concept permet de faire d’importantes économies et d’avoir une vision globale du projet, nous explique Nicolas Mangon, Senior Director, Building Business Line d’Autodesk, dans le cadre de Batimat.
En quoi Autodesk est-il l’inventeur du BIM ?
Nous avons racheté en avril 2002 la société Revit, une startup de Boston issue du monde de la mécanique. Etant assez riches, ils construisaient de grandes maisons pour eux et ont constaté que le monde de l’architecture était très fragmenté. Le CAD et la CAO existaient, il fallait trouver un nom à leur idée et ce fut le BIM : Building Information Modeling, un processus intégrant toutes les étapes, de la conception à la maintenance. C’est à dire le cycle de vie complet d’un bâtiment, dans un esprit collaboratif.
Où en est-on de l’adoption du BIM en Europe ?
Une étude a montré que la France avait une approche BIM depuis plus longtemps que d’autres pays. Mais cela reste élitiste, pas encore très démocratisé. La France est en effet très sophistiquée technologiquement, tout doit être parfait avant de se lancer. De plus, le rôle de l’architecte y est différent, plus artistique alors que dans les pays anglo-saxons, l’architecte a plus de responsabilités sur le projet. Et puis, le changement reste un problème… En Angleterre il a été décidé que dès 2016 il faudra faire du BIM. C’est déjà le cas à Singapour par exemple.
Quelle est la réponse d’Autodesk à ce concept ?
Nous proposons Revit dans trois versions : architecture, ingénierie et ingénierie structures. La tendance est de réunir les produits en suites, contenant AutoCAD afin de permettre la transition BIM à un rythme adapté. Enfin la dernière évolution majeure est le Cloud computing. C’est l’idée qu’on puisse louer des serveurs pour réaliser les tâches difficiles, donc longues. On loue ainsi du temps machine à des propriétaires de data center pour réaliser en quelques heures des calculs qui prendraient des jours entiers. Exemple : faire le calcul des consommations énergétiques d’un bâtiment heure par heure et jour par jour (donc 365 x 24). Avec un accès web à ces données, on va encore plus loin avec la possibilité d’utiliser un smartphone pour une prendre une photo d’un élément d’un bâtiment et obtenir, grâce au point GPS, toutes les informations à disposition sur cet élément précis.
Propos recueillis par Laurent Perrin