Réalisation idéaliste mais réalisable, cette maison de luxe allie la forme d'un immeuble de grande hauteur en bois, à des équipements respectueux de l'environnement. Construite autour d'un mât central, elle comporte quatre niveaux de lieux de vie et permettrait de vivre en quasi-autonomie. Visite dans l'imaginaire de Benoît Patterlini, architecte français.
A la visite du blog et du site* de Benoît Patterlini, le parallèle avec l'univers de la science fiction est inévitable. Ça et là, une architecture idéaliste, humaniste qui dépasse parfois les frontières de notre monde. Mais au fond, un même but : celui de renouer avec les fondements même de l'architecture.
« Notre profession a perdu le sens premier du métier, qui est de créer autour de l'humain. Les logiciels 3D nous ont offert la possibilité de créer des formes complexes et délirantes, mais on ne se pose plus les bonnes questions. Or, le rôle de l'architecte est d'amener du bien-être et de permettre à l'humain de s'épanouir dans son milieu. Par ces propositions architecturales fictives, je souhaitais renouer avec cet enjeu en proposant des habitats hors du commun qui répondent aux grands enjeux de notre monde, mais qui restent techniquement réalisables », explique l'architecte français qui a travaillé pour des grands cabinets d'architecture comme les Ateliers Jean Nouvel, l’Atelier Elizabeth et Christian de Portzamparc, Jean Paul Viguier et associées ou encore Vincent Callebaut Architectures.
Après avoir réhabilité virtuellement une favela à Rio de Janeiro au Brésil et...conquis l'espace, l'architecte revient sur terre et à la nature avec son dernier projet en date, une cabane de luxe en bois. Posé au bord d'une rivière, dans les bois, le bel objet architectural s'intègre parfaitement à son environnement et se veut « une réponse alternative aux habitations classiques qui s’étendent sur de plus vastes surfaces et demandent énormément de ressources naturelles ».
Un mât central, colonne vertébrale du projet
Construite principalement en bois, la maison s'articule autour d'un mât central, véritable colonne vertébrale sur laquelle s'enroule un escalier en colimaçon. Le rez-de-chaussée fait office de réserve et de lieu de stockage, à la fois pour les ressources propres à la famille mais aussi pour les installations techniques. Trois mètres au dessus du sol, le premier niveau s'ouvre sur le hall d'entrée et se termine par une cuisine.
Le second plateau fait office d'espace de vie principal de la famille, une sorte de foyer pour se retrouver. Organisé autour d'une bibliothèque ou d'une vidéothèque, ce volume est agrémenté en façade de grandes baies circulaires pour faire pénétrer la lumière tout au long de la journée.
Le troisième et le quatrième espaces de vie sont constitués consécutivement des chambres des parents et des enfants.
« L'objectif de cette réalisation n'est pas seulement de proposer une maison secondaire pour une famille de quatre personnes (deux parents, deux enfants), au contact de la nature. C'est aussi une maison qui permet de vivre avec une certaine autonomie, et dont les plans sont parfaitement modulables », affirme l'architecte.
Une maison entièrement modulable
Le mât central est un élément constructif qui vient supporter les différents niveaux de planchers, « sur le même principe qu'une charpente classique », souligne Benoît Patterlini. Il pourrait accueillir un ascenseur, option toutefois coûteuse, ou servir de réceptacle pour la descente des eaux usées, les vannes d'eau potable ou encore de passage pour les gaines électriques.
Côté électricité, tous les éléments de façades vitrés ont la faculté de stocker l'énergie solaire nécessaire au bon fonctionnement de la cabane. Le tout dernier niveau permet la récupération des eaux de pluie et son stockage comme dans un château d'eau.
Enfin, la ventilation est assurée par la forme même de l'habitat, avec plusieurs volumes cylindriques tronqués qui s’emboîtent les uns aux autres, permettant ainsi de faire circuler l’air dans tout le volume habitable.
Ce projet, encore au stade virtuel, cherche des investisseurs pour devenir bien réel. « A la base, j'ai imaginé cet habitat pour un ami qui travaille le bois et qui avait envie de développer des modèles et de les vendre. Mais le concept de cette maison est aussi transposable en milieu urbain. Dans cet environnement cependant, je l'imagine plutôt comme un lieu d'accueil pour les réfugiés ou les personnes en difficultés, pour qu'en hauteur ils se sentent protégés », imagine Benoît Patterlini.
Selon l'architecte, un tel projet nécessiterait un investissement d'environ 200 000 euros. Une somme « abordable » sur le marché des constructions luxueuses.
Claire Thibault
* http://noart1999.blogspot.fr/
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