Un grand « huit », symbole infini de la nouvelle église de Saint-Denis
Saint-Paul-de-la-Plaine est une sorte de syncrétisme. En mélangeant un cercle fédérateur et un rectangle de basilique, les architectes ont déduit un plan original en forme de goutte d’eau où le chœur triangulaire a été imaginé comme la principale source de lumière. Comme dans une basilique, l’autel est disposé au fond de l’église mais les fidèles sont réunis dans un espace enveloppant. « Nous avons construit le projet de l’intérieur, dit Patrick Berger. Dans toutes les églises, la liturgie détermine la forme de l’espace. Cette église traduit géométriquement une hésitation de la liturgie actuelle, entre communauté et tradition ».
Sobriété et lumière
Côté intérieur, Patrick Berger et Jacques Anziutti ont réglé l’ambiance sur un mode dépouillé et lumineux. Le dessin des bancs en bois suit des lignes concentriques. Sur le pourtour de la voûte inversée de l’édifice, douze baies zénithales, qui rappellent la cène avec les douze apôtres, projette sur les murs une lumière changeante en fonction de la course du soleil. « Avec l’autel et la croix, il s’agit de la seule introduction iconographique de l’église », se plait à rappeler l’architecte qui a lui-même dessiné une partie du mobilier.Côté extérieur, c’est l’étonnante charpente métallique qui frappe au premier coup d’œil. La structure de Saint-Paul-de-la-Plaine est en effet composée d’un grand « huit » tridimensionnel en acier qui porte l’ensemble de l’édifice. Constitué de deux boucles, ce grand « huit » repose en ses extrémités sur un sol à faible portance. Les deux boucles s’appuient l’une sur l’autre et se croisent à l’aplomb du chœur. Chaque boucle délimite un espace distinct. Le premier est celui de l’église proprement dite, bardée d’aluminium. Le second est un enclos à ciel ouvert qui accueillera un jardin agrémenté d’un arbre et de fleurs blanches. Ce jardin, que ses concepteurs qualifient de « féminin », constituera la toile de fond du chœur.
Amorcé il y a une dizaine d’année, le projet a coûté 2,7 millions d’euros. Les Chantiers du Cardinal, une œuvre d’église avec 33 000 donateurs annuel, en ont financé 1,7 millions. Ils soutiennent actuellement 26 projets de rénovation et 9 grands projets de lieux de culte en Île-de-France. Parmi eux, on trouve la maison Saint-François-de-Sales à Boulogne-Billancourt (architectes : Brenac et Gonzales), Notre-Dame à Créteuil (Architecture Studio) et le centre Teilhard-de-Chardin à Saclay (Arep architecture).
Tristan Cuisinier
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Diocèse de Saint-Denis
Maître d’ouvrage délégué : Chantiers du Cardinal
Architectes : Patrick Berger et Jacques Anziutti
Economiste : Bureau Michel Forgue
BET : Batiserf (structure) / Louis Choulet (fluides) / Ingelux (éclairage) / ACV (acoustique)
Mobilier liturgique : Patrick Berger (bancs, autel et croix de façade), Edouard et Antoine Ropars (croix du chœur et tabernacle)
Crédits photographiques : Franck Badaire