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Sorti de l’enfer du feu, le Parlement rennais retrouve ses fastes

Publié le 10 février 2004

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Il aura fallu dix ans, 60 M€ et la mobilisation de tous les rennais pour que le Parlement de Bretagne, perle architecturale du XVIe siècle presque entièrement détruite par un incendie en 94, retrouve enfin tout sa majesté. Le résultat est tout simplement splendide…
Sorti de l’enfer du feu, le Parlement rennais retrouve ses fastes - Batiweb
Les touristes qui se promènent aujourd’hui dans les somptueuses salles du Parlement de Bretagne à Rennes ne peuvent se douter que les merveilleuses boiseries, teintures, dorures et peintures qu’ils observent ébahis, le nez en l’air, sont en réalité toutes neuves. Car le Parlement, fierté des rennais et perle architecturale incontestée, a brûlé presque dans sa totalité dans la nuit du 4 au 5 février 1994. Un désastre mis sur le compte d’une manifestation des marins pêcheurs qui aurait mal tourné mais dont l’origine est en fait restée ignorée.

Plus de dix ans et des moyens exceptionnels auront finalement été nécessaires pour restituer au bâtiment toute sa splendeur passée. En juillet prochain, date prévue pour la fin définitive de la rénovation, seul un élément de charpente calciné, gardé pour mémoire, témoignera du sinistre qui a totalement dévasté l'édifice. En 1994, des milliers de bretons stupéfaits avaient défilé devant les ruines fumantes pour constater de leurs yeux l’étendue des dégâts. Très vite, une association pour la Renaissance du palais du Parlement avait été créée par des collectivités et médias locaux afin de compléter les fonds mis à disposition par les ministères de la Justice et de la Culture. La mobilisation des rennais est alors si importante que les travaux de reconstruction débutent sur les chapeaux de roues.

Un gigantesque parapluie est tendu au-dessus du Parlement en guise de toit, des milliers d'objets d'art sont démontés et stockés dans un atelier de restauration spécialement créé à Rennes. Les plafonds peints, dont certains constituent les plus belles réalisations de grand décor à la française de la deuxième moitié du XVIIe siècle, sont de leur côté travaillés sur place. Une centaine de restaurateurs se sont occupés des salles, le même nombre de menuisiers des décors, et encore cent maçons pour le bâtiment, auxquels il faudra encore ajouter les artisans chargés de rénover les toiles, lustres, tapisseries et autres sculptures sur bois en atelier. Plus de 500 artisans (dont le savoir faire, pour certains, a presque entièrement disparu) sont ainsi intervenus sur l’énorme chantier. Grâce à cette formidable mobilisation les audiences de la cour d’appel de Rennes (logée dans le parlement) et les visites touristiques ont ou reprendre dès 1999. C’est entre donc entre les shorts des touristes et les robes des magistrats, que se sont poursuivis les travaux qui finalement seront achevés en juillet prochain.

Le responsable de cet énorme projet, Alain-Charles Perrot, architecte en chef aux Monuments historiques, estime qu’il s’agissait là d’un des plus grands chantiers de restauration des 30 dernières années. Son coût total s’élève à plus de 60 M€, dont près d’un tiers auront été rassemblés auprès des particuliers et des entreprises par l’association pour la Renaissance du Parlement. Le réveil de l’édifice marque pour les Rennais le retour d’une pièce maîtresse du patrimoine culturel et de l’histoire de la Bretagne. Certains ne pourront cependant pas s’empêcher de comparer la valeur du formidable effort collectif que cette renaissance symbolise, à la réalisation lourde et chaotique que leurs élus ont entrepris, à quelques centaines de mètres de là, dans la construction du NEC (nouvel équipement culturel). Un temple de la méga culture au solide profil aéroportuaire, dont les délais de construction et surtout les budgets (93 M€ aujourd’hui) ne cessent de dériver depuis de longs mois.

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