Reprise : quel bilan pour les agences d'architecture en ce mois de juin ?
Elle avait déjà envoyé ses propositions pour entamer la relancede l’activité au gouvernement via deux documents : « 36 propositions pour un plan de relance » et « 6 propositions pour la filière du bâtiment ». Le gouvernement revient à nouveau vers l’Union des Architectes pour lui demander quelles seraient les actions à mettre en place pouvant soutenir les entreprises d’architecture. Avant d’envoyer ses propositions, l’Unsfa publie le bilan d’activité de ces entreprises, lui permettant d’obtenir une vision globale de la situation. Elle a donc interrogé via un questionnaire, entre fin mai et début juin, tous les architectes sur l’impact de la crise sanitaire.
Il ressort de cette enquête quatre constats :
- les chantiers d’avant crise ont repris mais il n’y a presque pas de nouveaux démarrages,
- un volume d’activités nouvelles dégradé et des niveaux de facturation en baisse,
- le télétravail et l’activité partielle se poursuivent en juin et les perspectives de maintien d’activité sont en baisse tout comme les niveaux de rémunération,
- une baisse des effectifs attendus dans les agences.
Vers un retour à la normal
Les chantiers de l’hexagone ont en grande partie repris et permettent aux agences d’architecture d’affirmer qu’elles ont principalement retrouvées une activité normale au mois de juin sur le suivi des chantiers, même si certaines déclarent perdre entre 1 % et 25 % d’activité.
Si les chantiers en cours leur permettent d’avoir une activité globalement normale, le démarrage de nouveaux chantiers pâti sérieusement de la situation. La majorité des entreprises d’architecture déclarent que ces démarrages diminuent entre 75 % et 100 %. Une inactivité qui se ressentira certainement encore davantage l’année prochaine. Les chantiers ayant pris du retard, ces entreprises ont pour le moment du travail, mais si aucun nouveau chantier ne voit le jour, c’est l’activité sur le long terme de ces entreprises qui est mise en péril.
Les agences interrogées par l’Unsfa identifient les freins à la reprise, au mois de mai comme au mois de juin, ils restent identiques : une insécurité contractuelle ou financière, des difficultés à appliquer les mesures édictées dans le guide de l’OPPBTP et assurer l’organisation de la sécurité sanitaire sur le site. Même si elles sont moins nombreuses à citer ces difficultés au mois de juin, la disponibilité des matériaux et des engins de chantiers devient en revanche quant à elle de plus en plus inquiétante. Les entreprises d’architecture sont en effet plus nombreuses au mois de juin à signaler ce frein qu’au mois précédent. Cependant, elles sont aussi nombreuses à ne déclarer aucun problème, leurs chantiers ayant tous repris.
Au niveau des études, le bilan est sensiblement similaire à celui de la reprise des chantiers : le suivi des études en cours au mois de mai est quasi-normal par rapport à l’activité habituelle, alors que 80 % des entreprises déclarent que le démarrage de nouvelles études diminue de -25 %, et 30 % de ces sociétés déclarent que le démarrage de nouvelles études est inférieur à 75 % par rapport à une activité normale. La baisse de la facturation pour ces entreprises d’architecture est en moyenne de l’ordre de -50 %. Ces constations sont « inquiétante(s) à court terme », relève l’Unsfa.
Remodeler les équipes et la façon de travailler
Peu importe le secteur, les entreprises de l’hexagone ont massivement recours au télétravail, une tendance qui pourrait bien s’inscrire dans la durée pour certains corps de métiers. Pour les entreprises d’architecture, l’Unsfa estime que 85 % des employés ont réintégré les agences, mais le télétravail et le chômage partiel sont toujours présents (pour environ 30 % des collaborateurs, soit 10 % de moins que le mois de mai).
Si une grande partie des collaborateurs a repris le travail sur place, l’Unsfa prévoit « des niveaux de rémunération attendus à la baisse sur les opérations ». L’union en conclut que cette estimation « n’augure pas de bons chiffres sur le maintien des emplois ». Justement, selon ce sondage, 30 % des agences vont baisser leurs effectifs sur les mois à venir, et seules 10 % des agences souhaitent augmenter leurs effectifs. Cependant, plus de la moitié des entreprises veulent conserver un effectif stable (60 %).
Comment prévoir une relance ?
Avec cette vision d’ensemble, l’Unsfa préconise une relance, avec la mise en oeuvre de nouveaux projets publics et privés pour maintenir le niveau d’études. Le développement de ces nouveaux projets permettrait de pérenniser l’activité sur le long terme. L’Union conclut : « Pour que la relance soit effective et que la filière soit stabilisée, le montant des investissements à programmer immédiatement par la commande publique et privée représente donc près de 20 milliards d'euros ».
J.B
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