« Malgré la loi Elan », les architectes restent « optimistes »
Le 17 janvier dernier, à l’occasion de la présentation de ses vœux, Denis Dessus, président du CNOA, s’est largement référé à cette loi qui a fait « régresser la France, tandis que l’Europe avance ». Il appelle malgré tout la profession à garder son optimisme.
Les agences d’architecture « sont 20 000 start-ups agiles » réparties sur tout le territoire, a-t-il souligné. « Les architectes ne sont pas des empêcheurs de bétonner tranquilles mais des poids lourds économiques qui conçoivent et prescrivent 60 milliards de travaux chaque année ».
Alors que la loi Elan traite la question du logement « sous une approche strictement quantitative, comptable, au mépris d’une réflexion qualitative sur les plans social, environnemental et architectural », selon le CNOA, Denis Dessus a indiqué : « il nous faut maintenant inventer ce que la loi ne dit plus, et imaginer, dans un nouveau cadre législatif, comment bien concevoir et construire un habitat adapté aux besoins ».
« Nous devons gérer l’après Elan et éviter que le démantèlement de la MOP et d’autres règles favorables à un aménagement raisonnée ne se traduisent par la production du mal logement de demain », a-t-il poursuivi. En ce sens, il a informé que le Conseil national travaillait à la refonte du contrat de maîtrise d’œuvre et à la définition des nouvelles missions des architectes.
Transition écologique et rénovation vont de pair
Parmi les évolutions envisagées, des projets plus respectueux de l’environnement. Denis Dessus a en effet appelé les architectes à s’engager « pour que nos projets amènent de la richesse écologique, impactent positivement l’environnement. Fixons-nous les plus hauts critères sociaux et environnementaux dans nos projets. Soyons des militants d’un monde meilleur ! ».Pour mobiliser la majeure quantité d’acteurs, le CNOA a annoncé la création d’une plateforme « de l’expérimentation et de l’innovation » visant à « sensibiliser, informer et former » les professionnels « sur une approche écologique et sociale de la construction et de la rénovation ». Le but, « mettre en avant les expérimentations reproductibles et les initiatives vertueuses, et de permettre à ceux qui veulent s’exprimer de participer à la réflexion collective ».
Concernant la rénovation des logements, Denis Dessus a fait le vœu « d’une vraie politique stable, intelligente, cohérente et bien ciblée. Si c’est le cas, nous nous engageons à entraîner la profession dans cette action en lui donnant les moyens de répondre à cet énorme enjeu ».
« Nous avons, a-t-il rappelé, des millions de m2 de logements construits il y a des décennies qu’il faut impérativement repenser, avec une analyse globale qui ne doit pas être uniquement énergétique mais holistique, intégrant des améliorations fonctionnelles, produisant un environnement sain et confortable, améliorant la valeur patrimoniale, densifiant le foncier disponible et adaptant l’aménagement urbain ».
Redonner toute son importance à l’architecture
Pour « relancer la Stratégie nationale pour l’architecture », Denis Dessus a proposé l’organisation d’Assises ou d’Etats généreux de l’architecture et du cadre de vie, « un moment pour se poser et réfléchir avec tous les acteurs des mondes politiques, associatifs et professionnels sur les modes de production de notre cadre de vie et la place donnée aux citoyens ».Enfin, il a souhaité que la profession, et l’Ordre en particulier, s’investisse dans des programmes tels que « Action Cœur de Ville ». Les architectes devraient également prendre part au Grand débat national. Un travail qui permettrait à la profession « d’arriver lors des élections municipales de 2020 comme porteuse de propositions, afin de participer aux réflexions des électeurs ».
R.C
Photo de une : ©CNOA