Composant avec l’eau et le vent endémiques du Plateau de Saclay, l’équipe de Francis Soler a conçu un imposant rouage d’horlogerie pour le futur centre de R&D d’EDF. Un colloque a permis lundi soir d’en aborder les détails à la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Fallait-il une architecture iconique pour le nouveau centre de R&D (recherche et développement) de EDF sur le plateau de Saclay ? C’est l’une des question soulevée lundi soir par Francis Rambert, directeur de l’Institut français d’architecture. La Cité Chaillot accueillait un colloque réunissant le lauréat du projet, l’architecte Francis Soler, et des membres du jury de ce concours.
Prévu pour recevoir 2000 personnes dès 2015, le
nouveau centre de R&D étendra ses 50.000 m2 de SHON (dont un tiers d’espaces techniques) sur un terrain de huit hectares.
Implanté sur le Plateau de Saclay, il vise à favoriser les rapprochements avec de grands acteurs du monde scientifique, académique et universitaire. Mais aussi avec le CEA qui ne situe qu’à quelques kilomètres.
Rouage
Le projet éclate en quatre unitésdistinctes les quatre fonctions figurant au programme : bâtiment d’accueil, centre de recherche, halle industrielle et restaurant. En forme de roues (de 161 mètres de diamètre pour la plus grande à 42 pour la plus petite) - « car le cercle représente, sur de telles échelles, la distance la plus courte pour aller d’un point à un autre, facilitant les échanges entre chercheurs », explique l’architecte - ces quatre silos à trois niveaux forme un immense rouage.
Mais avant de réaliser cet assemblage monumental, il a fallut appréhender deux éléments endémiques du Plateau : l’eau et le vent. La première a nécessité un traitement particulier orchestré par le paysagiste Pascal Cribier, qui s'inscrira à terme dans la
"géographie amplifiée" de Michel Desvigne.
« Il faut savoir qu’il y a environ 20 centimètres d’eau présente sur le Plateau de Saclay », explique celui qui préfère l’appellation de jardinier. Sera ainsi crée une
douve qui récupère et transporte les eaux en des bassins afin d’être réutilisée pour l’arrosage des plantations. Quant au vent, c’est lui qui a sculpté le projet, note Francis Soler, afin de se fondre dans
« cet espace paysager - et non urbain ».
Lumière
A l’intérieur des bâtiment, l’accent a été mis sur les apports de lumière, « matière première de toutes les architectures », selon M. Soler, avec des façades à 100% éclairées et une toiture en dalle active. Au lieu de faux plafonds, l’on a préféré de « faux planchers » où se trouvent les circulations techniques. Avec une salle polyvalente de 550 places, un parking de 900 places, un restaurant de 1.400 couverts, ainsi que des locaux d’activité (poterie, danse, etc.), EDF a voulu offrir le confort à ses employés-chercheurs « mais pas tous les équipements sinon on se retrouve dans un système fermé, ce qui n’est pas le but », note Nathalie Charles, directeur Immobilier Groupe chez EDF.
« En avance sur l’urbanisme du Plateau de Saclay », le futur centre de R&D ne l’est pas spécialement en terme d’énergies nouvelles. « Nous n’avons pas cherché à avoir 25 ans d’avance en terme d’économies d’énergies », juge Nathalie Charles, car la prise de risque sur un tel projet n'est pas vraiment permise. EstampilléBREAM le bâtiment devrait toutefois jouir d’une bonne inertie et « on pourra ouvrir les fenêtres ! », se délecte l’architecte. Budget de l'opération : 150 millions d'euros.
Une exposition présente les différents projets soumis au concours à la Cité de l'architecture jusqu'au 20 novembre
Laurent Perrin