Les architectes se mobilisent contre le projet de loi Elan
La journée, qui se déroulera le 17 mai prochain à l’initiative de l’Ordre des architectes, vise en effet à alerter « collectivement citoyens et élus du danger de créer aujourd’hui le mal logement de demain ».
Elle se traduira par de nombreuses rencontres sur tout le territoire et notamment par une conférence de presse nationale qui aura lieu à Paris. De nombreuses associations de la société civile ainsi que des organisations professionnelles ont rejoint le mouvement. Tous viendront défendre l'idée que « l’Architecture est un Droit pour tous ».
L’appel lancé par l’Unsfa
L’Unsfa compte parmi les syndicats qui seront en première ligne pendant cette journée de mobilisation. Dans un communiqué, l’union déclare : « La ville n’est pas à vendre et nous devons tout faire pour la défendre. Maintenant, car demain, il sera trop tard ».Le syndicat considère que certains articles vont totalement à l’encontre du « construire plus, mieux et moins cher ». « Les dispositions annoncées vont entrainer une dégradation de la qualité des constructions et du cadre de vie sans pour autant déboucher sur une réduction des coûts ».
L’Unsfa craint une « marchandisation du cadre de vie ». Si les objectifs affichés semblent « prometteurs, le résultat va s’avérer catastrophique ». Le syndicat souligne qu'en « échange d’une baisse des APL, le gouvernement s’apprête à donner aux bailleurs sociaux et aux majors du bâtiment des avantages considérables ». Il pointe la suppression de « toute obligation de concours d’architecture, même au-delà des seuils européens ».
Il dénonce la possibilité pour les bailleurs « de conclure des marchés de Conception-Réalisation, procédures dans lesquelles les architectes ne sont plus au service du maître d’ouvrage et des usagers mais au service exclusif des grands groupes du bâtiment ».
En exonérant les bailleurs d’appliquer la loi MOP, « les architectes auront au mieux une mission de permis de construire, voire une mission de dessin des façades d’un système constructif décidé par le bailleur et/ou par l’entreprise générale ».
Enfin, transformer les bailleurs en aménageurs aurait de nombreuses conséquences néfastes pour la profession : absences de concours, mainmise des grands groupes sur ces marchés, amputation des missions de maîtrise d’œuvre, décapitation de l’économie locale, etc.
A travers la mobilisation du 17 mai, l’Unsfa appelle les architectes à ne pas baisser les bras : « Faisons que l’ELAN gouvernementale ne soit pas le précipice abyssal du cadre de vie ».
L’Unsfa Ile-de-France invite les professionnels à un sitting Place du palais Royal à 17h30 et à proclamer le 17 mai « Journée morte de l’architecture » en ne répondant pas au téléphone et aux courriels. A la place, un message clair : « En métropole et DOM TOM, l’ensemble des professionnels se rassemblent pour défendre le logement comme grande cause nationale et continue à faire des propositions constructives pour la réécriture d’une loi véritablement ambitieuse pour le cadre de vie de tous les citoyens ».
Ainsi, l’Unsfa dit « non » à l’ubérisation de la maîtrise d’œuvre et de toutes les PME du bâtiment, et à la financiarisation à outrance du logement social. Et dit « oui » à la qualité de l’habiter pour les plus démunis et au « bien commun » que représente le logement social pour toute la société française.
R.C
Photo de une : ©Fotolia