Le théâtre du Beauvaisis se transforme
Monument structurant de la ville de Beauvais, le théâtre du Beauvaisis a été réhabilité à plusieurs reprises. En effet, après le bombardement de la ville par l’aviation allemande et les importants dégâts qui se sont suivis, le projet du théâtre a été rapidement abandonné. Il faudra attendre 1949, pour avoir un nouvel équipement culturel.
Ainsi, grâce aux indemnités de dommages de guerre, un théâtre provisoire a été installé dans deux hangars venus tout droit de l’aérodrome de Tillé. En 1970, la toiture s’effondre et une réhabilitation devient urgente, suivie dix ans plus tard par une autre. C’est ainsi que voient le jour un grand hall d’accueil et d’exposition ainsi que les gradins et un agrandissement de la scène.
En 2008, il a été décidé que l’ensemble comportant plusieurs entités n’était plus aux normes car les équipements techniques étaient dépassés et les espaces scéniques obsolètes. De même, les loges étaient devenues vétustes et l’accueil devenait de plus en plus difficile, à cause du plateau aux dimensions insuffisantes. Tous les éléments étaient réunis pour envisager la construction d’un nouveau théâtre à la place de l’ancien.
Ancrer la culture dans la ville
En 2012, l’année où la ville est labellisée Ville d’art et d’histoire, le projet « cœur de ville » qui devait s’échelonner sur huit années est lancé afin de transformer le centre de Beauvais en un dynamique cœur de ville. Porté par l’agglomération, le projet de restructuration du théâtre du Beauvaisis, prend forme.
Que ce soit par sa situation, par son accessibilité ou son rôle, le nouveau bâtiment participe à ancrer la culture dans la ville. Elaboré avec habileté par David Joulin et François Chochon, le nouvel édifice ambitionne à offrir un symbole architectural remarquable à toute la région.
Dans cette commune à l’histoire prospère, l’arrivée de cet équipement reflète l’appétence d’un projet architectural qui s’inscrit dans son quartier et s’intègre aux différents bâtis environnants et entame un joli dialogue avec les monuments existants.
« Généralement, l’architecture des théâtres est très marquée, très typique. Il s’agit d’un lieu aveugle, grand et haut, ayant peu d’interactions avec l’extérieur. Notre objectif a été de prendre le contrepied d’une structure traditionnelle, en ouvrant les espaces autour du théâtre et en faisant en sorte que toutes les faces du bâtiment soient perçues comme un « devant ». Nous avons osé tourner la salle de 90 degrés : cette modification spatiale a considérablement réduit l’ombre projetée sur les bâtiments adjacents. Et par un jeu de coursives et de terrasses, les formes du théâtre ont été adoucies, permettant une porosité nouvelle entre intérieur et extérieur. », déclare l’architecte David Joulin.
Un incontournable équipement culturel
Le choix du matériau de construction s’est porté sur un béton blanc fabriqué de façon traditionnelle. Ainsi, tantôt lisse, tantôt matricé, le béton travaillé en reliefs vibrants fait un joli clin d’œil à l’art de la tapisserie beauvaisienne. Il se dégage un certain dynamisme de la façade qui change d’aspect selon les différentes saisons.
« Le béton est intéressant du fait de sa plasticité, le rendant performant au plan sculptural : cela nous a permis de faire vivre la peau des volumes par un travail de haut relief, dont la structuration tramée n’est pas sans rapport avec celle des tapisseries. Les motifs sont organisés selon une progression ascensionnelle, ce qui contribue à adoucir la puissance de la cage de scène dans le ciel de Beauvais », souligne François Chochon.
Tandis que le plus haut voile de béton du chantier est celui du dôme, la grande salle dotée d’une capacité de 673 places est constituée de gradins incurvés en béton coulés sur place. Dans cet univers spécifique et dans le but de gagner le maximum de visibilité pour les spectateurs, il a été décidé de s’en tenir aux deux escaliers latéraux sans créer d’escalier central au milieu des gradins.
Par ailleurs un jeu de proximité avec le public s’opère grâce à la disposition de scène qui a été avancée jusqu’au pied du gradin. Entièrement modulable, disposant des gradins amovibles et acoustiquement performante, la petite salle est destinée à accueillir des répétitions ainsi que des artistes en résidence.
Le foyer comprend l’accueil/billetterie, une petite librairie destinée au public ainsi qu’une zone de convivialité autour d’un bar et donnant sur le jardin. Finalement rappelons que plusieurs bureaux situés au premier étage accueillent l’équipe du théâtre. Les architectes ont mis en place plusieurs procédés qui participent à l’optimisation énergétique du bâtiment. Des particularités techniques qui s’ajoutent à d’autres esthétiques faisant du théâtre de Beauvaisis un incontournable équipement culturel.
Sipane Hoh
Photo de une : Christophe Mazet