La cité du Vin de Bordeaux est arrivée à maturité
Le geste architectural est fort et symbolique, en plein cœur du futur éco-quartier des Bassins à flots. Visible depuis les quais, la Cité du Vin de Bordeaux se veut comme « un site de loisir culturel unique, dédié au vin comme patrimoine culturel, universel et vivant », aime rappeler Alain Juppé, maire de la Ville.
Présent à Paris ce jeudi pour présenter le projet, le maire n'a pas hésité à qualifier son ouverture au public, prévue le 1er juin, « d'événement majeur » pour la ville de Bordeaux, d'un point de vue économique, culturel et touristique.
Imaginée par les architectes Anouk Legendre et Nicolas Desmazières de l'Agence X-TU, la Cité du Vin présente une forme et des courbes audacieuses, qui ont parfois donné naissance à quelques quolibets.
« La Cité du Vin appartient au fleuve : ses courbes en sont inspirées. Sa couleur et ses reflets s’inspirent de la ville et de l’eau », rappellent les architectes. Voilà pour la véritable source d'inspiration de ce bâtiment.
L’architecture évoque aussi l'âme du vin, « un élément liquide en mouvement », « une rondeur sans couture, immatérielle et sensuelle » qui s’adresse à son environnement multiple, détaillent les architectes.
L' enveloppe du bâtiment est constituée de panneaux en verre sérigraphié plans et cintrés de teintes variables, et de panneaux d’aluminium laqué irisé de teinte unie. Les teintes du bâtiment varient en harmonie avec le ciel bordelais, grâce aux différentes valeurs de tons et les angles toujours différents des panneaux. « La Cité du Vin semble vibrer, dialoguer avec les reflets du ciel, de la ville et de l’eau », précisent les architectes.
Cette enveloppe mise à distance de la structure, crée aussi une « ombrière » et une protection thermique efficace. Pour mettre au point la géométrie et l’enveloppe complexe du bâtiment, l’agence XTU a fait usage de logiciels de conception BIM.
Une scénographie immersive
Cette rondeur est aussi retranscrite dans les volumes, espaces et matériaux intérieurs, dont la scénographie a été pensée par l’agence anglaise de scénographie Casson Mann Limited.
Les visiteurs, moyennant vingt euros à l'entrée, profiteront d'un parcours de découverte du vin, sorte « de voyage immersif et initiatique » pour capter l'importance culturel de ce breuvage à travers les âges, et dans les différentes régions du monde.
La scénographie fait même appel à des technologies numériques et interactives (images 3D, décors, diffusion d’odeurs…) et propose une palette d’expériences : parcours d’éveil des sens, dégustations insolites, animations, etc. pour attirer jeunes et moins jeunes.
Le parcours s’enroule autour d’un patio et offre une promenade toute en fluidité et en plénitude. Un ouvrage en bois, spectaculaire et immersif, charpente ce lieu. Il est constitué de 574 arches cintrées, toutes sur mesure, en lamellé collé. Ces arches de bois s’élèvent dans la tour jusqu’à l’étage du belvédère grâce à 128 épines culminant à 55 mètres dans une torsion, enlaçant les différents étages.
Elles accompagnent le visiteur au sein de chaque niveau de La Cité du Vin. Puis elles achèvent leur ascension dans la tour, où elles deviennent visibles de l’extérieur.
Chaque espace intérieur offre une identité spécifique : par exemple l’auditorium Thomas Jefferson avec son plafond en tubes de bois suspendus, le belvédère et son plafond miroitant en bouteilles ou encore la salle polysensorielle avec ses parois en verre cintré et sérigraphié de grands motifs évoquant le vin.
Outre les espaces du parcours permanent, le bâtiment comprend notamment un restaurant avec vue panoramique, et une cave à vins comportant plus de 14 000 bouteilles, dont 200 références françaises et 600 vins de 80 pays.
450 000 visiteurs attendus
La traduction, ainsi proposée par les deux agences, de ce patrimoine immatériel, à travers des technologies numériques et immersives, a remporté l’adhésion du jury lors du concours de maîtrise d’œuvre lancé par la Ville de Bordeaux en 2010, maître d'ouvrage et propriétaire du bâtiment.
Le maire compte accueillir, grâce à ce nouveau programme culturel de 13 000 m2 environ, quelques 450 000 visiteurs par an. D'autant que la ville, classée au patrimoine mondial de l'Unesco jouit d'une aura particulière auprès des touristes depuis quelques années. « Les visiteurs sont passés de 2 millions en 2000 à près de 6 millions l'année dernière », a indiqué Alain Juppé.
« Cet outil sera le moteur de l'oenotourisme à Bordeaux », a ajouté Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux et membre fondateur de la Fondation pour la culture et les civilisations du vin, qui exploite la Cité.
D'un coût de 81 millions d'euros, le projet est le fruit d'un partenariat avec la métropole, l'Union européenne, le monde du vin et les propriétaires de grands vignobles, le secteur privé représentant 19% du financement total.
L'inauguration aura lieu le 31 mai en présence de François Hollande, la veille de l'ouverture au public de ce bâtiment.
C.T
© XTU-Patrick Tourneboeuf