Grand débat national : les architectes dévoilent leur « Cahier de Propositions »
Du 8 février au 15 mars, le Conseil national de l’Ordre des architectes a invité architectes, professionnels du cadre de vie et citoyens à s’exprimer sur des sujets touchant le logement, l’aménagement et la rénovation.
Le débat a rencontré un important succès puisque plus de 1 500 contributions ont été reçues ! « Cette consultation d’une ampleur inédite dans la profession fait ressortir de nombreuses attentes et notamment une préoccupation très forte en matière de transition écologique », souligne l’Ordre.
Elle est « significative de l’engagement des architectes sur le terrain social, culturel et environnementale » et « témoigne également du regard porté par chacun d’entre nous sur son cadre de vie quotidien ».
Pour rappel, les contributions s’articulent autour de quatre thèmes : habiter, financer, aménager et participer. A ces quatre rubriques est venue s’ajouter une cinquième qui concerne plus directement l’exercice de la profession d’architecte.
Après recensement, analyse, classement et regroupement des propositions similaires, le Conseil national a établi un document contenant plus de cent cinquante entrées accompagnées de verbatim.
Ce « Cahier de propositions » a été adressé à la mission du grand débat national le 18 mars et sera remis, dans les prochains jours aux membres du gouvernement en charge de ce grand débat, ainsi qu’au ministre de la Culture.
Une vingtaine d’axes majeurs
Le Conseil national a également publié un document de synthèse où il revient sur les attentes de la profession. 20 axes y sont développés parmi lesquels un rôle accru pour l’architecte.
L’Ordre estime en effet qu’en matière de rénovation, de lutte contre l’habitat insalubre, de marchés publics, de gouvernance locale et d'aménagements, le recours à un architecte doit être privilégié : un architecte pour « mieux construire », un architecte-conseil, un « architecte de garde ».
L’axe « Faire du logement une priorité nationale » fait écho au mouvement lancé par la profession en 2018 alors que la loi Elan était votée. Il s’agit ici de soutenir la qualité de la production, en assurant l’adaptabilité, l’accessibilité et la mixité de l’habitat, et en faisant un effort particulier pour le logement social.
Il faut rénover « massivement » les logements en garantissant l’efficacité des travaux réalisés, souligne également la note de synthèse. Les participants préconisent la réalisation d’un diagnostic global par un architecte, l’intégration des exigences de santé et le financement de la rénovation dans les zones pavillonnaires par la densification.
L’économie circulaire et l’emploi de matériaux « sains et biosourcés » sont plébiscités tout comme la mise en place d’objectifs thermiques plus contraignants et d’une fiscalité « plus vertueuse ». Les architectes appellent à financer la transition écologique par des aides « plus importantes, pérennes et lisibles ».
Les autres axes concernent la simplification des règles d’urbanisme et des démarches administratives, une réglementation plus efficace du foncier public des collectivités et de l’Etat pour éviter la spéculation, la requalification des centres-villes et des zones périphériques et la solidarité entre les territoires « pour enrayer l’opposition entre métropoles et espaces périphériques et ruraux ».
Enfin, le Conseil national encourage l’expérimentation architecturale pour accélérer la transition écologique, appelle à associer les citoyens aux opérations d’aménagement, au déploiement de projets d’habitat participatif et surtout à la création d’un grand ministère de l’Architecture et du Cadre de vie.
R.C
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