(Diaporama) Sept projets valorisant la tuile terre cuite récompensés
Halte aux idées reçues, la tuile terre cuite n'est pas démodée comme en témoignent les projets récompensés aux 24h d'architecture à la Friche Belle de Mai de Marseille, suite à un concours organisé par la Fédération française Tuiles et Briques. Sur les 27 dossiers retenus pour la grande qualité et l'originalité de leur projet, sept architectes ont été récompensés pour avoir mis en valeur de façon contemporaine et audacieuse la tuile terre cuite, soit en couverture, soit en façade.
Le palmarès
1er prix Catégorie Tertiaire : Atelier Poinville pour l'extension de la Mairie de Chevilly (45)
2nd prix Catégorie Tertiaire : Thierry Gheza pour le pôle éducatif de Vy-les-Lures (70)
1er prix Catégorie Collectif : Maison Edouard François pour 60 logements locatifs sociaux à Ris Orangis (91)
2nd prix Catégorie Collectif : Société Taillandier pour des logements et des locaux commerciaux à Plaisance-du-Touch (31)
1er prix Catégorie Maison individuelle : SKP Architecture pour une maison de vacances à l’Ile d’Yeu (85)
2nd prix Catégorie Maison individuelle : Bruno Rollet Architecte pour 23 logements individuels groupés à Montgeron (91)
Prix Spécial du Jury : Fresh Architectures pour 16 logements locatifs bd de la Villette, Paris 10ème (75)
Jeu avec les couleurs
Toutes les réalisations primées jouent avec les couleurs, que ce soit en multipliant les coloris, en jonglant avec le métissage du mat et du brillant ou en le déclinant en camaieu. « Si le type de tuile est souvent lié à la pente, parfois imposé par les PLU, la créativité peut s’exprimer sur le relief, la modernité des couleurs, et comme pour notre projet le choix le plus large possible de coloris », explique Thierry Gheza, 2ème prix, catégorie bâtiment tertiaire.
Sur les 7 projets récompensés, 5 lauréats ont utilisé les tuiles terre cuite en façade. « Cette disposition allège le volumes du bâtiment tout en évoquant une alcôve protectrice des espaces intérieurs », justifie Julien Rousseau qui a obtenu le grand prix Spécial du Jury.
« Elle assure une continuité visuelle très contemporaine, favorise une écriture architecturale contemporaine très simple et participe aussi à l'isolation», fait valoir Martin et Malou Lavaux, 1er Prix catégorie bâtiment tertiaire).
Pour découvrir en détails et en images les différentes réalisations, faites défiler notre diaporama.
C.T
1er prix Catégorie Tertiaire
« Notre projet est un clin d’œil aux formes des bâtiments agricoles anciens de la Beauce avec une écriture architecturale à la fois contemporaine, chaleureuse et sobre », résument Martin et Malou Lavaux, architectes associés de l’Atelier Poinville et auteurs de cette réalisation.
La tuile plate se décline selon trois teintes différentes, dans des proportions différentes également, allant du rouge orangé aux nuances de sablé. Cette harmonie crée une vibration sur la façade, instaurant un dialogue avec la brique du bâtiment ancien. Le résultat donne un aspect texturé et chaleureux.
Un grand soin a été apporté aux détails de mise en œuvre pour assurer la continuité entre la toiture et la façade : gouttières en retrait, descentes des eaux pluviales masquées derrière la vêture en tuiles etc.
© Atelier Poinville
2nd prix Catégorie Tertiaire
Le bâtiment a été conçu avec 2 échelles de lecture :
- Une vision proche, contemporaine par sa forme et ses grandes ouvertures, où « les tuiles, par leur calepinage de coloris aléatoire, posées verticalement en bardage font signe depuis le nouveau parvis », décrit Thierry Gheza.
- Une vision lointaine, où les différents coloris de tuiles reprennent les couleurs des toits avoisinants, et apportent une gaité propre à l’enfance. Le choix s’est porté sur une tuile à côte, afin de répondre à la pente très faible du toit, et surtout pour la multitude de coloris offerte par ce modèle. 5 teintes sont ici utilisées : ardoisé, rouge, brun, rouge flammé, sablé champagne.
© Nicolas Waltefaugle
1er prix Catégorie Collectif
Recouvert en totalité par cette tuile, comme une carapace, le bâtiment prend des allures de gros insecte qui renvoit à un grand hangar industriel. Il devient un signe positif, volontairement coloré et plein d’une matérialité attachante.Edouard François aime la confrontation. La matière est en l’air, élevée comme un étendard, sans rapport avec le sol. Elle repose sur un parking ouvert mais dessiné comme des salles de musée et éclairé d’une lumière orange par les mêmes luminaires que place de la Concorde à Paris. On y accède… par des glissières d’autoroute !
2nd Prix Catégorie Collectif
« Nous avons réinterprété les éléments vernaculaires de la région de manière contemporaine, pure et sobre » explique Pierre-Louis Taillandier. Et nous sommes allés jusqu’au bout de la démarche. Ainsi la toiture est totalement épurée, sans chéneaux (ils sont encastrés) ni gouttières visibles. C’est à la fois très contemporain et très traditionnel car à l’époque cela n’existait pas donc ne se voyait pas ».
Même démarche avec les façades, un bardage de briques qui fait référence à l’assemblage traditionnel du Moyen-Age avec ses colombages en bois et son remplissage en brique. Ici la tuile canal est déclinée dans un nuancier de 4 tuiles chamarrées autour du vieux rose de la région, et donnent l’impression qu’elle sont là depuis toujours.
© Société Taillandier
1er prix Catégorie Maison individuelle
Trois volumes se groupent autour du jardin et sont interrompus par un patio minéral qui se glisse entre les espaces communs et les chambres des invités. Deux des bâtiments sont blancs immaculés comme la plupart des maisons de l’Ile d’Yeu, tandis que le troisième, le bâtiment des invités, laisse croire à un bâtiment très ancien fait de vieilles pierres.
La continuité des 3 bâtiments se fait grâce à la tuile du pays (fabricant local) identique sur les 3 volumes, avec la même pente de toiture.
La façade principale reprend la hauteur et le dessin des ouvertures des maisons voisines. L’intérieur se divise en une grande partie loft au rez-de-chaussée et des chambres à l’étage.
© SKP Architectures
2nd prix Catégorie Maison individuelle
Chaque maison accueille un grand logement au rez-de-chaussée et des duplex aux étages. Toutes ont un jardin ou une terrasse orienté vers le soleil. Il n’y a ni hall ni circulations communes car les accès sont individualisés. L’architecte habille ensuite les maisons, murs et toitures, d’un manteau de tuiles noires : une protection à la fois phonique et thermique.
« Je voulais une couleur fonçée qui prenne la lumière et de la tuile ondulée pour créer une ondulation sur la façade, un peu comme une maison à meulière », explique Bruno Rollet. L’ensemble est conçu avec beaucoup de sobriété.
© Luc Boegly et Céline Langlois
Prix Spécial du Jury
Les contraintes environnementales exigent une isolation par l’extérieur. Le choix de l'architecte s'est donc porté sur la tuile terre cuite car elle n’est pas affectée par les dépôts de pollution qui se nettoient naturellement avec la pluie.
Une tuile plate vernissée, facetée, bizeautée, de couleur blanche a été choisie mais en réalité, 6 nuances de tuiles ont été utilisées : 3 dégradés de blanc/gris clair sur le toit et la majorité des murs, et 3 dégradés de noir et lie de vin sur le mur d’angle, mélangeant de manière aléatoire des tuiles mates et des tuiles brillantes. Le résultat offre une façade-écrin.
« Ce fut un travail long et particulièrement minutieux réalisé par notre couvreur, spécialiste de la toiture à l’origine. Nous avons par exemple la rencontre de tuiles verticales sur un angle qui n’est pas droit, il a donc fallu faire du sur-mesure. Et les tuiles ont été renforcées une à une », détaille Julien Rousseau, architecte associé chez Fresh Architectures.
© Fresh Architectures